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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE - « L’Est est l’Est et l’Ouest est l’Ouest… » Ils se sont rencontrés dans les installations de Simryn Gill WASHINGTON, d’Irène MOSALLI

«Transnational» est le mot en vogue aux USA pour désigner des activités culturelles à caractère mondialiste. Et l’exposition intitulée «Perspective», qui se tient actuellement à la Sackler Gallery à Washington, en est une. Son auteur, Simryn Gill, est une véritable «transnationale». D’origine indienne, elle est née à Singapour, elle a la nationalité malaisienne et elle vit à Sydney, en Australie. Idem pour la nature métissée de ses créations. Pour cela, elle procède de l’art conceptuel en élaborant davantage une idée que des normes esthétiques. L’idée qu’elle privilégie ici se rapporte à la migration des cultures à travers les frontières géographiques et temporelles. Ainsi, les matériaux utilisés par Gill sont des objets chinés çà et là, qui ont transité de latitudes en latitudes et qu’elle transforme poétiquement, en établissant la relation existant entre la nature et les diverses cultures, et entre les individus et leur environnement. Elle a spécialement visualisé cette perspective de mutation par une spectaculaire installation en spirale de cinq mètres de diamètre. Intitulée Forking Tongues (Bifurcation des langues), elle est faite d’un assemblage de coutelleries anglaises en argent et de piments rouges desséchés, spécialité de l’Amérique du Sud. Deux éléments types de produits alimentaires et d’us et coutumes que les routes commerçantes et les conflits coloniaux ont souvent véhiculés et qui, tout en traversant les océans, ont changé la vie des colons et des colonisés. Le chili a voyagé jusqu’au Sud-Est asiatique où il a donné une nouvelle saveur à la cuisine locale et, en sens inverse, le curry est entré dans les menus londoniens. Chez elle, La forêt est un ensemble de seize photos reproduisant des installations qu’elle a réalisées sous ce thème et qu’elle a placées en plein air. Elle a créé des feuillages et des troncs d’arbre découpés dans les pages de livres de son enfance, Robinson Crusoé, Le cœur de l’obscurité de Joseph Conrad, un ouvrage indien, Ramayana, et un livre de cuisine chinoise, puis elle les a disséminés dans des jardins, le long des routes de Singapour (où elle est née) et en Malaisie (où elle a passé son enfance); un hôtel désaffecté en Chine, des marécages, un champ de tapioca. Ces écrits semblent avoir germé et grandi là. Pour l’artiste, les idées font partie du paysage, elles se sont intégrées aux feuillages, se sont épanouies et ont pris racine dans le sol. Ailleurs, Simryn Gill façonne des Perles qui ne se mesurent pas à l’or, au jade et autres pierres précieuses, mais dont la grande valeur est qu’elles sont faites à partir de bandes de papiers découpées dans des textes choisis par des amis. Ce que Simryn Gill doit à son héritage asiatique est une immense patience. Les petits gestes, purificateurs de l’esprit, sont des mantras répétés qui représentent l’essence de son art. D’autre part, en donnant la priorité à l’idée même, elle s’intègre au conceptualisme occidental. «L’Est est l’Est et l’Ouest est l’Ouest, et jamais ils ne se rencontreront» en avait conclu Rudyard Kipling… Aujourd’hui, leurs chemins se sont croisés dans les œuvres de cette artiste.
«Transnational» est le mot en vogue aux USA pour désigner des activités culturelles à caractère mondialiste. Et l’exposition intitulée «Perspective», qui se tient actuellement à la Sackler Gallery à Washington, en est une. Son auteur, Simryn Gill, est une véritable «transnationale». D’origine indienne, elle est née à Singapour, elle a la nationalité malaisienne et...