Carlos Eddé qualifie Aoun et Frangié d’« irresponsables » Bkerké : « Le conflit fratricide dort. Ne le réveillez pas ! »

À la veille de la journée de grève générale décrétée par l’opposition, et dans le but de contrer par anticipation toute action susceptible de provoquer des troubles, notamment dans les régions chrétiennes, le secrétariat du patriarcat maronite a publié hier le communiqué suivant : « Selon certaines informations qui circulent, des fauteurs de troubles mettront à profit la grève annoncée pour demain dans le but de provoquer un conflit fratricide, en particulier dans les régions chrétiennes. « Le secrétariat du patriarcat maronite rappelle que le droit de grève est légitime et que le droit de ne pas observer la grève l’est tout aussi bien. De sorte que les grévistes ne doivent pas agresser les non-grévistes et vice-versa, car la liberté des uns finit là où commence celle des autres. « Le secrétariat du patriarcat maronite invite les diverses forces de l’ordre à veiller de près à maintenir la sécurité et exhorte le peuple libanais à faire preuve d’éveil et de calme. « Le conflit fratricide dort. Ne le réveillez pas ! » Par ailleurs, le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, a reçu à Bkerké le Amid du Bloc national, Carlos Eddé. À l’issue de l’entretien, ce dernier a fait une déclaration à la presse dans laquelle il a tiré à boulets rouges sur le général Michel Aoun et l’ancien ministre Sleimane Frangié. « Il faut s’arrêter sur les propos dangereux tenus par le général Aoun et par l’ex-ministre Frangié », a dit M. Eddé. « Si les objectifs de l’opposition à court terme visant à faire chuter le gouvernement ont échoué, son action continue à long terme et a pour but de provoquer la faillite du pays et l’appauvrissement des gens, dans la mesure où ils croient que c’est la voie par laquelle ils réussiront à prendre le pouvoir », a-t-il ajouté. « Les propos autocratiques du général Aoun nous montrent comment il se comporterait s’il accédait à la présidence, surtout sur le plan des libertés », a poursuivi le Amid du BN, mettant l’accent sur « la différence » entre les positions du Hezbollah et d’Amal d’une part et celles du général Aoun et de M. Frangié de l’autre. « Ces deux derniers semblent vouloir transposer le problème en un problème christiano-chrétien », a-t-il dit. « Il faut rappeler que face au droit de grève, il y a aussi la liberté de ne pas observer la grève. Nous ne pouvons pas accepter les propos irresponsables de la part d’individus qui se considèrent comme des dirigeants nationaux », a-t-il conclu. N. Lahoud : La grève contraire à l’intérêt du pays Le patriarche maronite a aussi reçu une délégation du Mouvement du renouveau démocratique conduite par son président, Nassib Lahoud, et comprenant les anciens députés Camille Ziadé et Nadim Salem. « Pour le RD, la grève est contraire à l’intérêt du pays », a déclaré M. Lahoud par la suite. « Cette grève décrétée à la veille de la conférence Paris III est un signe en direction de la communauté internationale pour lui dire que nous n’avons pas besoin d’aides et de dons, alors que la réalité est que nous sommes dans le plus grand besoin » de cette assistance, a ajouté M. Lahoud. L’ancien député a exhorté tous les Libanais à faire en sorte que « le jour de grève soit un jour de travail sérieux et ordinaire, loin de la grève ». « Nous sommes contre la grève mais il s’agit d’un droit démocratique. Mais brûler des pneus, couper des routes et attenter au droit des autres de ne pas observer la grève sont des actes contraires à la Constitution et aux droits de l’homme », a-t-il dit.