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Actualités - OPINION

ÉCLAIRAGE - Une réunion d’évaluation se tiendra cet après-midi La grève d’aujourd’hui, le début d’une vaste escalade, selon l’opposition Scarlett HADDAD

«Nous avons été trop patients, misant sur un minimum d’intérêt de la majorité pour les problèmes de la population. Maintenant, c’est fini. Ceux qui tiennent les rênes du pays ne semblent vouloir comprendre qu’un seul langage, celui des démonstrations de force. » C’est en ces termes qu’un responsable du Hezbollah explique le mouvement de grève d’aujourd’hui. Et si on ajoute à ces propos ceux du chef du courant des Marada, Sleimane Frangié, dimanche, lorsqu’il a déclaré : « Mardi (aujourd’hui), ils verront quelque chose qu’ils n’ont encore jamais vu », on devine très vite que l’opposition veut que cette journée soit un tournant dans la vie politique libanaise. Apparemment, le pays se dirige vers une épreuve de force entre la majorité et l’opposition et chacun des deux camps a mis le paquet, à coups de communiqués et de vibrants appels pour pousser la population à agir selon sa volonté. D’un côté donc, une opposition impatiente de montrer l’étendue de sa popularité sur le terrain et une majorité qui veut à tout prix montrer qu’elle mérite réellement son nom. C’est d’ailleurs à ce niveau que la journée d’aujourd’hui devrait faire office de test. Depuis plus de dix jours, les différentes factions de l’opposition multiplient les réunions pour mettre au point un plan d’action qui lui permette de faire bouger les choses et de sortir ainsi du statu quo actuel. L’un des atouts de l’opposition, c’est qu’en dépit de sa diversité, elle a réussi à garder relativement secrets les détails de son action. Tout ce qu’il a été possible de savoir, c’est que dans toutes les régions du Liban des mesures ont été prises pour bloquer, ou, au moins, ralentir la circulation sur les principaux axes routiers de façon pacifique, en garant des voitures ou des camions au beau milieu de la chaussée ou en roulant très lentement de manière à entraver la circulation. Depuis le début de son mouvement de protestation, l’opposition affirme qu’elle s’est refusée à recourir à la violence et à provoquer des incidents sécuritaires et, selon ses sources, elle poursuit sur la même lancée. Si elle utilisera probablement des pneus pour bloquer les rues dans certaines régions, il ne s’agit nullement, selon les mêmes sources, d’une volonté de passer à une étape moins pacifique, mais d’agir efficacement, lorsque les conditions l’exigent. Le véritable test Les sources de l’opposition considèrent que le véritable test de la journée d’aujourd’hui sera essentiellement dans les régions à dominante chrétienne. Car, il n’y a aucun suspense sur la fermeture prévue dans les régions à majorité chiite comme le Sud et le caza de Baalbeck. Tout comme il n’y a pas de suspense non plus sur l’ouverture des magasins et des écoles au Chouf et dans la majorité des quartiers sunnites. Par contre, les régions mixtes et les grands axes routiers font l’objet des spéculations. Et c’est là que les grands moyens, le cas échéant, seront utilisés. Tout devrait se jouer, affirment les mêmes sources, dans les heures de la matinée, à l’heure où les gens vaquent normalement à leurs occupations habituelles. Et la tension actuelle, due, selon les sources de l’opposition, aux discours enflammés des piliers du 14 Mars, poussera probablement les citoyens à la prudence. Ils devraient ainsi suivre de facto l’ordre de grève. Les forces de l’opposition ont d’ailleurs décidé de tenir une réunion cet après-midi pour évaluer la situation et décider des nouvelles mesures. Mais de l’avis général, dans les rangs de l’opposition, la grève d’aujourd’hui est le début d’un mouvement, qui va grandir jusqu’à pousser la majorité et ceux qui l’appuient à réagir. Et les décisions seront prises au jour le jour en fonction des développements et des réactions. Ce qui est sûr, c’est que l’opposition, assurent ses sources, est enfin sortie de la hantise d’une discorde interne, notamment entre sunnites et chiites, qui la paralysait jusque-là. Les récents contacts entre des responsables saoudiens et iraniens, ainsi que la visite d’une délégation du Hezbollah à Djeddah, ont été concluants, ajoutent ces sources, pour effacer tout risque de dérapage confessionnel entre les deux communautés musulmanes. Les sources de l’opposition expliquent également que l’objectif de cette escalade est d’abord de montrer à la majorité, mais aussi à travers elle à la communauté internationale qui l’appuie, qu’au moment où se tient la conférence Paris III, la crise politique au Liban s’amplifie. De plus, il s’agit d’adresser un message fort à toutes les parties concernées pour les pousser à ouvrir un dialogue sérieux sur les questions qui divisent actuellement le pays. Comme l’a clairement expliqué le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, l’opposition sait qu’en définitive un compromis devra être trouvé entre toutes les parties. C’est l’esprit même du Liban, avait d’ailleurs affirmé le chef du Hezbollah dans son intervention télévisée vendredi dernier ; mais les sources ajoutent que compromis signifie que la majorité doit céder sur certains points. Or, jusqu’à présent, précisent les sources, celle-ci continue de faire la sourde oreille et la grève ainsi que les mesures qui la suivront sont destinées, non pas à renverser le régime, mais à se faire entendre de manière efficace. Pour l’opposition, la grève d’aujourd’hui est donc la préparation du dialogue à venir. Reste à savoir si elle n’entraînera pas le pays dans un nouveau cercle vicieux...
«Nous avons été trop patients, misant sur un minimum d’intérêt de la majorité pour les problèmes de la population. Maintenant, c’est fini. Ceux qui tiennent les rênes du pays ne semblent vouloir comprendre qu’un seul langage, celui des démonstrations de force. » C’est en ces termes qu’un responsable du Hezbollah explique le mouvement de grève d’aujourd’hui. Et...