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Actualités - CHRONOLOGIE

RENCONTRE - Un passionné de la musique folklorique et de ses instruments Nasser Makhoul, infatigable troubadour

Depuis près de quarante ans, époque à laquelle il avait fondé sa troupe folklorique, Nasser Makhoul, infatigable troubadour, continue d’occuper la scène artistique, de créer de nouveaux instruments et de faire voyager la musique. Cet homme à la franche bonhommie qui a accompagné des générations d’artistes, signé de nombreuses réalisations d’ordre musical et accompli des défis en tout genre, dans le seul et unique but de porter très haut le nom du Liban, ne dépose pas les armes. Aujourd’hui, alors qu’il suffit de balancer de gauche à droite le drapeau libanais pour revendiquer des sentiments nationalistes, il serait difficile de mesurer et de comprendre l’œuvre de Makhoul qui n’a d’effets que dans le temps et pour l’histoire de la créativité artistique libanaise. Son aventure débute en 1961, lorsqu’en compagnie de Raymond Haddad il lance son mouvement folklorique avec une troupe qui allait se produire à Beiteddine au cours des festivals d’été. La MEA l’engage alors comme soliste et c’est avec cette compagnie d’aviation qu’il effectuera des tournées mondiales pour animer des semaines libanaises. De l’Égypte jusqu’en Afrique, en passant par plusieurs capitales européennes, il sillonne le monde en faisant connaître le patrimoine musical libanais. En 1968, la troupe folklorique touristique est créée avec le Conseil national du tourisme et l’ODS (Office du développement social). Celui-ci se chargera d’animer les soirées du BTJ, dirigé alors par Lionel Ghorra, d’accueillir les bateaux de plaisance qui accostaient au port de Beyrouth et de transmettre le message du folklore libanais partout dans le monde. Plus de 150 tournées mondiales seront effectuées afin de représenter le pays du Cèdre à plus d’une occasion. Parallèlement, le musicologue, tombé à l’instar d’Obélix dans la marmite de la musique, cumule d’autres disciplines. Ayant achevé son brevet de dessinateur pour l’ODS, il assumait une présence sur les chantiers ruraux dans chaque village. De ses multiples randonnées à travers le pays, il va constituer un véritable répertoire d’instruments propres à chaque région : du tanboura au bouzouk, en passant par le mejwaz et le nay, sans oublier le annayzé. Ce sont plus de quatorze instruments musicaux que Makhoul saura maîtriser avec aisance et qu’il présentera lors de la visite de Nadia Tueni au siège de l’ONU. C’est dans son atelier à Ajaltoun qu’il passe la majeure partie de son temps à fabriquer ces instruments qui représentent la richesse du patrimoine musical libanais. Artisan, instrumentiste et musicologue… Les circonstances étant ce qu’elles sont et le tourisme ayant décliné, Nasser Makhoul ne baisse pas les bras. Des projets, il en a plein la tête et il compte les mettre en œuvre. C’est ainsi qu’il prend un jour la décision d’élargir la fabrication des instruments de musique. Fort d’une sérieuse connaissance de l’histoire ancienne des instruments, ayant beaucoup voyagé, vu et écouté, l’artiste et animateur polyvalent se sent prêt à se lancer dans une aventure plus grande. Remonter le cours du temps, aller à l’origine de la musique et connaître les secrets de fabrication de tout ce qui pouvait produire un son, un bruit ou une mélodie. Voilà ce à quoi Nasser Makhoul allait s’attaquer. C’est avec le soutien financier d’amis fidèles, comme Issam Pharès, qu’il parvient au bout de ce répertoriage fastidieux. «Il me fallait une autre ouverture vers le monde,dit-il. Si celui-ci n’allait plus venir vers le Liban, il fallait aller vers lui.» En bon phénicien aventurier, Makhoul porte de nouveau le flambeau de son pays. Des études approfondies, des recherches ainsi qu’un travail minutieux lui permettent de fabriquer une famille d’instruments anciens et contemporains. Plus d’une cinquantaine de reproductions, allant des membraphones aux aérophones, idiophones jusqu’aux cordaphones et des exécutions de travaux les plus fous, les plus novateurs installent le musicologue dans la cour des grands. À Bahreïn, où a eu lieu la plus pretigieuse des expositions, il aura la fierté de jouer de la plus ancienne lyre sumérienne, instrument précurseur de la musique, dont il a su percer le secret de fabrication et qui fait partie dorénavant de sa collection. Mais il y a également Sara, Bouzorg et Anis, fruits de son imagination fertile et qu’il a lui-même façonnés. Il y a aussi toutes ces idées qui attendent d’être réalisées, toujours novatrices, avant-gardistes et créatrices. Un projet de DVD avec l’aide de l’Unesco montrant un survol de toutes ses œuvres, un CD qui serait une compilation de toutes les chansons des villageois représentant le patrimoine musical libanais et, bien sûr, des expositions dans les pays arabes où il prouverait que la flamme est encore très vive. «Montrer au monde entier le visage du Liban uni, non sectaire et prônant la diversité», tel est le principal objectif de Nasser Makhoul qui, malgré les différentes décorations accumulées avec le temps, ne s’attarde qu’à une seule trouvant grâce à ses yeux: la reconnaissance d’un pays qu’il continue de servir loyalement et en musique. Colette KHALAF
Depuis près de quarante ans, époque à laquelle il avait fondé sa troupe folklorique, Nasser Makhoul, infatigable troubadour, continue d’occuper la scène artistique, de créer de nouveaux instruments et de faire voyager la musique. Cet homme à la franche bonhommie qui a accompagné des générations d’artistes, signé de nombreuses réalisations d’ordre musical et accompli des défis...