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Actualités - OPINION

L’indispensable modus vivendi, pour parer au plus pressé Salim F. DAHDAH

À la lumière des événements qui secouent la scène intérieure après le départ de l’occupant syrien en 2005, et plus particulièrement depuis le 12 juillet 2006 à ce jour, comment lire et interpréter le déroulement des actions entreprises par les hommes politiques et leurs conséquences sur l’avenir de la nation et de ses citoyens ? Le Liban doit-il continuer à payer du sang de ses enfants son attachement à la cohabitation des différentes religions et cultures qui composent son tissu sociopolitique ? Doit-il, pour protéger son indépendance, sa souveraineté, sa démocratie et ses libertés, devenir l’otage de sa formule constitutionnelle et de ses détracteurs étrangers ? À l’aube de ce XXIe siècle, la lutte qui s’engage entre les religions sonnera-t-elle le glas de la vocation historique de ce pays à perpétuer ses traditions de tolérance, de convivialité et de respect de l’autre, et à rester une nation message, comme l’avait si bien défini le pape Jean-Paul II dans son Exhortation apostolique ? Une rétrospective succincte des étapes qui se sont succédé depuis plus de trente ans pourrait aider à mieux cerner aujourd’hui les changements profonds intervenus dans le contexte sociopolitique et peut-être géopolitique national et régional. Au moment où la guerre de 1975 a éclaté, sous le régime de la Constitution de 1943, deux grandes religions assumaient, à égalité, la gestion politique de l’État, avec des avantages acceptés et reconnus, au niveau des pouvoirs constitutionnels du président de la République. Mais cette situation a évolué et les frictions se sont multipliées, dues à une multitude de facteurs internes et régionaux, dont essentiellement, à l’époque, la présence armée palestinienne sur le territoire national et la recrudescence de ses actions contre Israël. Ainsi fragilisées, les relations entre les partenaires allaient encourager les puissances étrangères à profiter de ces désaccords, pour mettre à exécution leurs objectifs stratégiques dans la région, en utilisant le territoire libanais comme scène pour la réalisation de leurs desseins. C’est sur cette toile de fond que la guerre du Liban commença. Les chrétiens, souverainistes par tradition républicaine, la perdirent à l’intérieur, face à un islam national, allié à la cause palestinienne, et ce malgré le fait qu’ils avaient quand même réussi, aidés par la Syrie, à affaiblir l’infrastructure militaire de l’OLP, dont les combattants devaient quitter le pays à la suite de l’invasion israélienne de 1982. Les pays arabes devaient intervenir pour mettre fin à l’état de belligérance et faire adopter et entériner le document constitutionnel de Taëf, qui a rééquilibré les pouvoirs entre toutes les communautés nationales. Un consensus international allait offrir à la Syrie la tutelle d’un Liban miné et détruit, avec pour tâche officielle de veiller à sa sécurité intérieure et à sa stabilité sociopolitique et de faciliter sa reconstruction économique et administrative. Mais ce « cadeau » devait comporter, selon toute probabilité, une contrepartie : la sécurisation des frontières du nord d’Israël. Une longue traversée du désert allait débuter au Liban pour les souverainistes d’antan, car l’occupation qui était censée prendre fin deux ans après l’entrée en vigueur du susdit document s’est prolongée jusqu’en 2005.Trois grandes minorités et une moins importante forment, depuis 1990, le nouveau cadre constitutionnel et politique national. Elles sont directement issues des résultats de cette « guerre des autres » et des nouvelles donnes démographiques, que chacune d’elles représente dans les derniers recensements publiés au travers d’enquêtes entreprises par des experts privés. Durant donc cette longue période, les tuteurs géreront un État qu’ils s’évertueront à garder moribond, avec des alliés politiques qui feront passer leurs intérêts personnels et communautaires avant ceux de la nation, à charge pour ces alliés, le moment venu, de leur rendre leur bienveillance et leur complicité, en protégeant leurs arrières, lorsqu’ils seront appelés à quitter le territoire libanais. Cette échéance est donc arrivée en 2005 quand la Syrie fut renvoyée chez elle, une partie de ses anciens alliés s’étant déjà progressivement détachée d’elle, depuis la reconduction présidentielle, qu’elle considérait alors anticonstitutionnelle. Cette partie avait ensuite rejoint l’opposition intérieure au régime syrien et participé, aux côtés des nationalistes libanais, à son éviction, d’autant plus que son chef, le Premier ministre Rafic Hariri, venait d’être assassiné et elle soupçonnait la Syrie d’être l’instigatrice de ce meurtre. Quant aux autres alliés, ils furent écartés, après les dernières élections parlementaires, par la nouvelle majorité ; ils forment aujourd’hui, avec le président Lahoud, le Hezbollah et le général Aoun, un bloc de soutien à la politique syrienne et bloquent systématiquement toutes les initiatives de réhabilitation de l’infrastructure nationale, sous des prétextes fallacieux. D’où la crise profonde qui divise en ce moment les différents mouvements politiques autour de plusieurs sujets ayant trait à la souveraineté et à l’indépendance nationales. D’où aussi les risques grandissants de dérapages conséquents à la situation qui prévaut sur le terrain, augurant d’une possible explosion qui entraînerait des dégâts substantiels, au niveau des composantes de la formule libanaise. Le gouvernement essaie tant bien que mal de parer toutes les attaques dont il est l’objet et de continuer à gérer les affaires de l’État, face à une opposition bruyante et disparate dont les objectifs sont juridiquement, constitutionnellement et même politiquement mal posés et mal défendus. Il faut donc souhaiter que toutes les parties en présence prennent conscience de l’obligation de faire certaines concessions mutuelles et réciproques, dans le strict respect de la loi, afin de parvenir à un modus vivendi, où le principe de « ni vainqueurs ni vaincus » prévaudra, afin de pouvoir sauver l’essentiel, en attendant une meilleure conjoncture permettant de s’attaquer à tous les sujets de fond latents et encore non résolus. Article paru le Mardi 09 Janvier 2007
À la lumière des événements qui secouent la scène intérieure après le départ de l’occupant syrien en 2005, et plus particulièrement depuis le 12 juillet 2006 à ce jour, comment lire et interpréter le déroulement des actions entreprises par les hommes politiques et leurs conséquences sur l’avenir de la nation et de ses citoyens ?
Le Liban doit-il continuer à payer du sang de ses...