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SOCIETE - L’idéal, c’est l’autostop, exercice auquel se livrent par centaines jeunes ou vieux, hommes ou femmes, sur les bords des routes « Chameaux » et « guaguas » : le cauchemar des moyens de transport à Cuba

En sueur, la foule pousse, s’insulte, certains ont la main baladeuse, d’autres en profitent pour voler, bienvenus à bord du « chameau », assemblage d’autobus tirés par une cabine de camion et moyen de transport typique à Cuba, où sévit une cauchemardesque crise des transports. Ces engins, à l’aspect insolite en raison d’une bosse au milieu formée par la jonction entre les portions d’autocars, furent créés dans les années 90 de la « période spéciale », après la chute de l’Union soviétique, le grand allié économique de Cuba à l’époque. « Tu montes à bord du chameau par une porte et quand tu sors par une autre, tu es déjà enceinte de trois mois », lance un Cubain de 50 ans en guise d’avertissement à la journaliste de l’AFP. « Les Cubains les surnomment “films du samedi soir” parce qu’ils contiennent un langage pour adulte, des scènes de sexe et violence », ajoute-t-il, au milieu de 300 autres personnes coincées comme dans une boîte de sardines. Yusleidy, jeune étudiante de 17 ans qui s’est échappée de son lycée pour se promener dans La Havane, dresse un constat identique. « Le pire, c’est qu’on est superserrés. Il y a ceux qui se collent à toi sans pouvoir faire autrement mais d’autres le font par goût », dénonce-t-elle, en esquivant le crachat d’un autre passager venant de l’avant. L’odyssée commence bien avant de monter à bord du « chameau » : les passagers doivent affronter de longues files d’attente aux heures de pointe, le matin tôt et l’après-midi après 17h00. Arriver à l’heure à son travail relève de l’exploit, mais le prix du billet pour un « chameau » est imbattable : 20 centimes de peso cubain, soit 0,007 dollars, pour un salaire moyen évalué à 10/15 dollars. Voyager en « guagua » comme sont surnommés les autobus standards – souvent de vieux cars de transport scolaire québécois – coûte cinq fois plus : un peso cubain (0,05 dollar). Les « boteros » ou taxis particuliers – des Lada déglinguées transportant plusieurs passagers – sont un vrai luxe pour le Cubain moyen au tarif de 25 pesos cubains (0,5 à 1 dollar), même s’il existe des « clandestins » moins chers. L’idéal c’est l’autostop y compris pour aller d’une province à l’autre. Et c’est l’exercice auquel se livrent des centaines de Cubains, jeunes ou vieux, hommes ou femmes, sur les bords des routes. Ils espèrent que s’arrêteront des touristes de passage ou les quelques compatriotes ayant conservé et rafistolé avec dévotion les énormes Chevrolet, Chrysler ou Ford de leurs grand-parents. Sur le Malecon, l’avenue du front de mer, une jeune femme médecin de 40 ans attend depuis une heure un « guagua » pour se rendre à Matanzas, à 100 km à l’ouest, et retrouver sa fille malade. Une autre habitante de La Havane de 30 ans explique qu’elle a cessé de travailler parce qu’elle consacrait les deux tiers de son salaire à payer un taxi particulier. Le gouvernement reconnaît la grave situation dans les transports qu’il met sur le compte de l’embargo américain et des obstacles dressés pour l’achat de véhicules et de pièces de rechange. « Après tant d’années de détérioration, nous avons été sur le point de voir tout le système des transports s’effondrer. Il faut beaucoup de ressources, de temps, d’infrastructures et une discipline rigoureuse », a estimé en décembre Raul Castro, qui remplace depuis cinq mois à la tête de Cuba son frère Fidel, opéré aux intestins fin juillet. Un nouveau ministre des Transports, Jorge Sierra, a été désigné pour redresser un secteur qualifié de « prioritaire » : il a annoncé l’achat de 200 autobus chinois, 50 cars Mercedes d’occasion et 344 autobus scolaires.

En sueur, la foule pousse, s’insulte, certains ont la main baladeuse, d’autres en profitent pour voler, bienvenus à bord du « chameau », assemblage d’autobus tirés par une cabine de camion et moyen de transport typique à Cuba, où sévit une cauchemardesque crise des transports.

Ces engins, à l’aspect insolite en raison d’une bosse au milieu formée par la jonction...