BD Courrier des bulles

– Le retour du chat, Le chat du rabbin est de retour. Bonne nouvelle, il a retrouvé la parole et sait à nouveau se faire entendre de son maître. Dans le cinquième tome de cette série totalement atypique, Jérusalem d’Afrique, Joann Sfar promène ses personnages à travers le désert à bord d’une autochenille Citroën modèle «croisière jaune». Un peintre russe débarque clandestinement dans la petite communauté juive d’Alger. Il visait l’Éthiopie et s’embarque avec une petite troupe dans un périple plein de suspenses, de bagarres et de rigolades. Sfar confirme son talent de conteur et ajoute une trentaine de pages à sa mesure habituelle pour livrer un bon gros récit de 84 pages. À 38 ans, il a déjà signé plus de 150 albums et son Chat du rabbin, une bestiole grise aux immenses oreilles, roublarde et raisonneuse, donne l’une des séries les plus originales du moment. (Le chat du rabbin t.5, Jérusalem d’Afrique – Dargaud, Poisson pilote – 84 p., 12,50 euros) – Petits riens - Le prolifique Lewis Trondheim, dont la folle imagination exulte dans les grandes sagas comme Donjon, sait aussi tout en finesse raconter les minuscules aventures du quotidien. Se mettant en scène, comme de coutume, sous la forme d’un oiseau monosourcil très ressemblant, Trondheim joue successivement avec ses clefs de voiture et le supersabre laser de Dark Vador (la lame est rouge), se dispute avec sa femme pour un tee-shirt sous une chemise ou pour un string, et explore le vaste monde de festival en festival: la Réunion, Édimbourg, Angoulême, bien sûr, où il a reçu le Grand Prix en 2005, la Coupe d’Europe du 9e art. Publiés dans la collection Shampooing (Delcourt), dirigée par Trondheim depuis un an, ses petits dessins libres sur des pages sans cadre, égayés par ses aquarelles vives, rendent par leur simplicité la bise épique qui anime ces saynètes. (La malédiction du parapluie, Les petits riens de Lewis Trondheim – Delcourt, coll. Shampooing – 128 p., 11,50 euros) – Capricorne et Patrick - Capricorne, l’astrologue et héros protecteur du New York des années 1930, fait une pause dans ses aventures. Passé tout près de la mort, fâché avec ses amis, il se prépare à une longue introspection où il se reproche son incapacité à comprendre les gens. Il est sauvé par Patrick, un inconnu qui lui ressemble. Lui aussi paraît garder un lourd secret. Il parle d’une dette à payer. Andreas s’éloigne un peu du cours majeur de sa saga, mais signe un album très original, découpé en cases horizontales qui lui donnent du cachet. Cette lecture inhabituelle aide le lecteur à se plonger dans la relation entre les deux seuls personnages du livre : Capricorne épisodiquement muet et Patrick qui ne veut plus rien entendre. (Capricorne, t.11, Patrick, d’Andreas – Dupuis, coll. Troisième vague – 48 p., 9,80 euros).