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Le couturier russe Denis Simachev, provocateur dans l’air du temps

Ses tee-shirts imprimés d’un portrait de Vladimir Poutine se vendent comme des petits pains. Sa prochaine collection sera consacrée aux « bandits » des années post-soviétiques: le couturier russe Denis Simachev s’inspire de l’air du temps. «J’essaie de comprendre ce qui intéresse la société. Quand je le saisis, je crée des vêtements qui deviennent des affiches vivantes», raconte l’ambitieux créateur, qui emploie 300 personnes et est vendu dans 40 pays. Souriant et décontracté, Denis Simachev, 32 ans, reçoit dans la boutique qu’il vient d’ouvrir dans le centre de Moscou, entre celles d’Hermès et de Louis Vuitton. En baskets à motif léopard et tee-shirt noir imprimé de son nom découvrant ses bras aux tatouages de femme nue. Ici, les clients sont prêts à dépenser des sommes considérables pour une chemise barrée de l’inscription «Le pétrole c’est tout pour nous», des boutons de manchettes à tête de loup inspirés de dessins animés soviétiques ou encore une grosse bague en forme de pièce de cinq kopecks. «J’ai fait des survêtements avec le sigle URSS il y a cinq ans, à une époque où les gens voulaient se débarrasser des symboles soviétiques comme d’un cauchemar et s’occidentaliser», raconte ce fils d’un militaire et d’une institutrice, qui dit avoir gardé «les meilleurs souvenirs» d’une enfance soviétique «heureuse». «Ce thème ne m’intéresse plus aujourd’hui en tant que créateur, mais les vêtements de cette collection sont toujours en tête de vente», poursuit-il. Vint ensuite le tee-shirt avec un portrait de Poutine encadré de petites roses, «conçu quand il était président par intérim, on ne le connaissait pas bien mais on parlait beaucoup de lui». «On m’a déconseillé de le commercialiser. Poutine au milieu des roses, cela veut dire quoi? Tu le vénères ou tu te moques de lui? Tu vas avoir des ennuis, me disait-on », se souvient Simachev. «Aujourd’hui, c’est mon produit le mieux vendu, un cadeau idéal pour les étrangers», se félicite-t-il. La collection hiver 2006 abonde en énormes moufles et bottes en fourrure. Denis Simachev l’a intitulée «Le chef de la Tchoukotka», dans une claire allusion au milliardaire Roman Abramovitch, gouverneur de cette région de l’Extrême-Orient russe. La presse affirme que M. Abramovitch, propriétaire du club de football britannique de Chelsea, a financé le couturier. Ce dernier refuse d’en parler, tout en reconnaissant que l’homme le plus riche de la Russie porte «quelques-unes» de ses créations. Sa prochaine collection, présentée à Milan le 17 janvier 2007, sera consacrée aux « bandits » post-soviétiques. «Ils sont toujours là, rien n’a changé dans ce pays où la moitié de la population a été en taule et l’autre moitié a peur d’être emprisonnée. La société est imprégnée de la peur et de l’esthétique des prisons», assure M. Simachev. Formé à l’École des beaux-arts, le créateur affirme s’être lancé dans la mode «par hasard». Et se démarque, dans cette industrie balbutiante en Russie. «Bien sûr que je suis provocateur, sans cela personne ne porterait mes vêtements», sourit-il. Il prend le métro pour «éviter les bouchons monstres de Moscou » et puiser ses idées... chez les SDF : « Ils trouvent les combinaisons les plus justes, celles qui ne viendraient pas à l’esprit.» «J’ai des racines russes, mais je m’associe à la mode mondiale», lance celui qui n’a jamais participé aux Semaines du prêt-à-porter à Moscou et n’a organisé dans la capitale russe qu’un défilé devant le Tout-Moscou, dans une usine désaffectée, à l’occasion de l’ouverture de sa boutique la semaine dernière. «Cela ne sert à rien de dépenser à Moscou autant d’argent que pour des défilés à Paris ou à Milan, sans presse et acheteurs en retour. Les amis qui s’habillent chez moi n’ont pas besoin de spectacles.» Olga NEDBAEVA (AFP)
Ses tee-shirts imprimés d’un portrait de Vladimir Poutine se vendent comme des petits pains. Sa prochaine collection sera consacrée aux « bandits » des années post-soviétiques: le couturier russe Denis Simachev s’inspire de l’air du temps.
«J’essaie de comprendre ce qui intéresse la société. Quand je le saisis, je crée des vêtements qui deviennent des affiches...