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Actualités - CHRONOLOGIE

SPECTACLE - Une « Comedy Night » endiablée avec de joyeux lurons au « Grand Hill Hotel » (Broummana) Plutôt en rire qu’en pleurer…

Quoi de mieux que de rire. À satiété, à gorge déployée, en petites saccades nerveuses, dans son mouchoir, au nez du voisin, sous cape, en public, sans vergogne, en toute spontanéité, sans retenue ni chichis, en toute simplicité, souvent jusqu’aux larmes… Rire vengeur et libérateur. Pour une désolante situation qui traîne dans son marasme et son cortège de mauvaises nouvelles, de mésentente, de chaos, d’inadmissible désorganisation. Rire pour exprimer un ras-le-bol général du pays du Cèdre. Rire pour mieux comprendre un pays qui n’en finit plus de panser ses blessures. Rire, le meilleur remède contre l’incurable des tristes événements incontrôlables et l’incurie des autres… Rire pour enterrer une année qui s’est écoulée et une autre qui ouvre ses fenêtres sur des lendemains qui, depuis longtemps, ne chantent plus. Rire, c’est ce que proposent, sans compter et en toute générosité, toute folichonne et débridée, de joyeux lurons dans Comedy Night au Grand Hill Hotel (Broummana). Sur une petite scène, sorte de tremplin entre deux colonnes, dans une salle relativement grande qui affiche complet, trois comédiens et une comédienne brûlent littéralement les planches depuis un bon bout de temps. Pas de ce théâtre savant, intellectuel, souvent prétentieux et ennuyeux, mais une atmosphère de chansonniers décontractés, menant, tambour battant, presque sans fléchir, humour corrosif, parodie de tous azimuts, imitation sans concessions et un torrent de blagues qui ne ménagent rien ni personne. Sans jamais de parti pris! Sous les feux de la rampe donc, sans accessoires ni décors précis, sauf quelques bricoles et des chaises de temps en temps, quatre comédiens (Fady Raïdy, Mario Bassil, Chadi Maroun, Patricia Dagher) qui se partagent la vedette de moments hilarants, où cravate, monocle et collet monté sont franchement laissés au vestiaire. Quatre comédiens qui, sans avoir froid aux yeux (et encore moins aux gestes ou aux mots) font la roue de paon, les zouaves, les gugusses, les saltimbanques, les transformistes, les funambules, les zèbres, les drôles… En toute drôlerie ! Scanner la société avec un humour corrosif De quoi s’agit-il? Des sketchs cousus de fil blanc où s’impose la réalité libanaise dans son anarchie, ses revers, ses aberrations, sa singulière et particulière «spécificité». La réalité d’une société scannée par ces jeunes qui épinglent en toute délicieuse impunité des travers qui frisent le surréalisme banalisé… Crûment, sans porter des gants, dans une sorte de candide férocité, avec une insolence native, sans édulcorer situation ou verbe, sont dressés en un tableau insolite, hirsute, cocasse, drôle, tous les ingrédients explosifs (vu de loin et avec détachement, bien comique!) de ce qui fait notre quotidien…Cela va des comportements (et déclarations incendiaires) des prétendus politiciens (quelle panoplie) aux présentatrices des TV gaulées sur mesure d’un catalogue de «fashion» (quelle brochette lippue au regard de poissons), en passant par les inénarrables accents de certains personnages avec, en prime, la caricature (on n’a pas besoin d’accentuer pour en arriver là) de ces soi-disant stars de la chansonnette arabe (qui descend, hélas, de plus en plus bas)… À cet époustouflant tableau de chasse, harnaché de toutes les couleurs qui, durant deux bonnes heures, est l’occasion d’un vrai défoulement collectif, trois morceaux d’anthologie du rire. Tout d’abord l’impayable monologue de Fadi Raïdy sur la conjugalité (pas de misogynie, mais un portrait émergent de la femme contemporaine), ensuite le numéro du même acteur dans son personnage ultracourtisé de Fadia el-Charraka, toutes voiles et vapeurs dehors, s’adonnant à un jeu télévisé avec un ténor du petit écran et, pour conclure, le travestissement hilarant de Mario Bassil en lectrice «sosotte» et «pupute», trébuchant maladroitement devant un texte pourtant d’un prosaïsme désarmant... À mourir de rire et ce n’est pas une figure de style! Ici, dans ce temple du rire, on laisse ses soucis et ses préoccupations sérieuses de côté et dehors. Il n’y a de place que pour la bonne humeur et pour le pied de nez aux jours sombres qui nous empoisonnent la vie. Quatre orfèvres du rire s’appliquent à botter ces nuages noirs menaçants qui n’en finissent pas de s’amonceler. Quatre braves cavaliers du rire conjurent la tristesse et offrent au public un grand bol d’oxygène, tonique et vitaminé. Goûtez-y, cela vous fera un grand bien! C’est comme la potion magique chez Astérix, on en sort renforcé, métamorphosé. Et ce n’est pas un mince cadeau par les temps qui courent… Eh quoi, c’est bon d’aimer la vie! Edgar DAVIDIAN

Quoi de mieux que de rire. À satiété, à gorge déployée, en petites saccades nerveuses, dans son mouchoir, au nez du voisin, sous cape, en public, sans vergogne, en toute spontanéité, sans retenue ni chichis, en toute simplicité, souvent jusqu’aux larmes… Rire vengeur et libérateur. Pour une désolante situation qui traîne dans son marasme et son cortège de mauvaises...