Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

éclairage L’opposition, en exil depuis des années, ne se fait guère d’illusions sur une possibilité de changement Vers un maintien du régime autoritaire au Turkménistan

Le Turkménistan, en faisant du président par intérim Gourbangouly Berdymoukhammedov le favori à la succession de Saparmourat Niazov, semble s’apprêter à maintenir le régime autoritaire mis en place depuis deux décennies dans cette ex-République soviétique d’Asie centrale. Le vote mardi à l’unanimité au Conseil populaire en faveur du candidat du pouvoir à la présidentielle du 11 février 2007 rappelait les spectacles politiques soviétiques. Une salle rouge, un grand portrait du défunt Niazov, le chef du seul parti politique autorisé en larmes, suppliant le président par intérim de se présenter. M. Berdymoukhammedov, qui ressemble à celui qu’il est appelé à remplacer, a souligné qu’il ne comptait pas changer la nature du régime répressif établi par l’ancien « président à vie », décédé jeudi. Il a promis que le prochain chef de l’État serait le « continuateur des idées » de Niazov, notamment en matière de « démocratie » et souhaité « longue vie au saint Roukhnama », ouvrage politico-spirituel du défunt, objet central du culte de la personnalité en vigueur dans le pays. Et la population adhère. « Les chocs et les virages à 90°, ça ne nous sert à rien », se réjouit Amanniyaz-aga, un paysan turkmène âgé de 70 ans. L’opposition, en exil depuis des années, ne se fait guère d’illusions sur une possibilité de changement. « Si je revenais à Achkhabad, on me mettrait les menottes à ma descente d’avion et je serais emprisonné », reconnaît Nourmoukhammed Khanamov, du Parti républicain, interrogé depuis son exil autrichien. La nomination de M. Berdymoukhammedov à la présidence provisoire par le Conseil de sécurité, composé en majorité des chefs des forces de sécurité, laisse penser qu’il a le soutien des puissants services secrets, au cœur de la politique répressive turkmène. Mais « est-il un acteur indépendant soutenu par les forces de sécurité ? Ou est-il une marionnette ? », s’interroge l’analyste Dosym Satapaïev, du Groupe d’évaluation des risques, basé au Kazakhstan. Il devra décider s’il veut tenter de maintenir le régime en l’état ou supprimer discrètement ses dérives totalitaires, comme Nikita Khrouchtchev l’avait fait en succédant à Staline, souligne l’analyste. Aucun changement ne devrait avoir lieu avant le scrutin et Achkhabad a ignoré les appels à l’ouverture de l’opposition en exil. Mais la nature du régime totalitaire fondé en 21 ans de pouvoir par Niazov et la personnalisation extrême de son système pourraient être difficiles à maintenir, d’autant que les revenus générés par les gigantesques réserves de gaz du pays ne manqueront pas de susciter les convoitises, relève M. Satapaïev. Les forces de sécurité « vont vouloir contrôler deux éléments-clés : les contrats de gaz et les comptes en banque à l’étranger de Niazov », juge-t-il. Et les puissances étrangères ont commencé à faire passer leur message. Les États-Unis ont appelé à « un nouveau départ », conseillant au régime de saisir les nombreuses « opportunités » dans la région, dans l’espoir que le Turkménistan devienne un partenaire pour contourner la Russie et sécuriser les approvisionnements énergétiques occidentaux. Moscou veut le statu quo et souhaite continuer de recevoir ses 50 milliards de mètres cubes de gaz annuel, qui sont ensuite, majoritairement, exportés vers l’Europe. Anton LOMOV (AFP)
Le Turkménistan, en faisant du président par intérim Gourbangouly Berdymoukhammedov le favori à la succession de Saparmourat Niazov, semble s’apprêter à maintenir le régime autoritaire mis en place depuis deux décennies dans cette ex-République soviétique d’Asie centrale. Le vote mardi à l’unanimité au Conseil populaire en faveur du candidat du pouvoir à la...