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SOCIÉTÉ – Le pays est très attaché à « Jezisek », l’Enfant Jésus qui distribue les cadeaux depuis des siècles Mouvement de révolte tchèque contre Santa Claus

Face à l’invasion massive d’un certain Santa Claus en période de Noël, des créateurs tchèques ont lancé un mouvement de révolte pour défendre le personnage traditionnel de « Jezisek », l’Enfant Jésus qui distribue les cadeaux dans leur pays depuis des siècles. «Je n’ai pas envie de voir à Noël un gros lard traînant un sac. Je veux garder ma propre vision de l’Enfant Jésus », souligne Petr Vlasak, responsable d’une agence de publicité pragoise. Avec une vingtaine de confrères publicistes, il a lancé une campagne « Anti-Santa » destinée à rappeler aux Tchèques que leurs cantiques séculaires n’ont jamais évoqué un homme à l’imposante barbe blanche affublé d’un manteau rouge bordé d’hermine. Le groupe a créé un site Internet qui cloue au pilori les pires exemples de « mauvais goût », s’est offert une page de publicité dans une revue spécialisée et compte couronner d’un « antiprix » l’usage publicitaire le plus absurde de Santa Claus. Ils distribuent aussi des autocollants avec un bonnet rouge barré aux commerçants qui refusent de laisser entrer Santa Claus dans leurs magasins. « Mais attention, il n’y a rien d’antiaméricain... Nous voulons seulement dire que notre tradition, c’est “Jezisek”, rien de plus, rien de moins », assure M. Vlasak. Beaucoup de ses concitoyens, selon lui, acceptent mal de voir les pères Noël proliférer dans les spots publicitaires et dans les vitrines, ou, pire, s’incruster dans les chansons et les contes tchèques : « Il y a des enquêtes, Santa Claus gêne quelque 80 % des Tchèques », assure-t-il. Le pays, très attaché à ses traditions, a déjà résisté par le passé à un autre vieillard barbu étranger, le « Dieda Mraz » (« Bonhomme Hiver ») d’origine soviétique. Cet intrus était arrivé après la prise de pouvoir des communistes : à l’époque, les enfants tchèques avaient appris avec surprise que les poupées, trains électriques et autres petites voitures n’étaient pas déposés sous leur sapin par un enfant né dans une crèche à Bethléem, mais par un vieil homme venu de l’Est. Son introduction avait été des plus officielles : c’est le président Antonin Zapotocky qui l’avait présenté dans un discours pour Noël 1952. « Sous le capitalisme, l’Enfant Jésus rappelait aux pauvres qu’ils appartenaient aux étables. Mais une révolution s’est produite, l’Enfant Jésus a grandi, il a laissé pousser sa barbe et est devenu “Dieda Mraz” », avait-il expliqué. Peu convaincus par ce « Bonhomme Hiver », les Tchèques ont continué de préférer Jezisek jusqu’à la « révolution de velours » de 1989, qui a permis à Santa Claus de franchir leurs frontières désormais ouvertes. C’est un publiciste pragois, David König, qui a eu le premier l’idée de la campagne « Anti-Santa ». « Ma fille de trois ans a reçu un jour comme cadeau de Noël un livre d’images où l’on présentait un vieux mec habillé en manteau rouge comme l’Enfant Jésus », se souvient-il, indigné. « Si l’on ne fait rien, ce genre de choses sera courant d’ici à cinq ans », s’enflamme M. Vlasak. Son seul regret : la campagne « Anti-Santa » a commencé un peu tard cette année, alors que la production des spots publicitaires de Noël était déjà lancée. Des actions plus énergiques sont prévues pour Noël 2007, avec pour objectif de limiter le champ d’action de Santa Claus, parce que « pour une publicité de Coca, ça va, mais pas pour une boisson tchèque ».
Face à l’invasion massive d’un certain Santa Claus en période de Noël, des créateurs tchèques ont lancé un mouvement de révolte pour défendre le personnage traditionnel de « Jezisek », l’Enfant Jésus qui distribue les cadeaux dans leur pays depuis des siècles.
«Je n’ai pas envie de voir à Noël un gros lard traînant un sac. Je veux garder ma propre vision de...