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Actualités - CHRONOLOGIE

UNE TOILE, UNE HISTOIRE Rembrandt, maître et élèves

1606-2006. Quatre cents ans depuis la naissance du grand peintre hollandais. Et ses portraits, son clair-obscur, sa lumière, lumineuse, et ses détails minutieux à la manière d’une broderie sont toujours d’actualité. Admirées, reprises, voire copiées par ses disciples, les toiles du maître devront attendre 1982 pour qu’un recensement de l’œuvre authentique de Rembrandt ait lieu. «Ce n’est pas l’honneur que je cherche, c’est la liberté», disait ce grand artiste, ivre d’indépendance. Toute sa vie, Rembrandt revendiquera une liberté totale, tant dans le traitement des sujets, choisis généralement pour leur étrangeté et pour la problématique qu’ils suscitent que dans son rapport avec l’argent, en refusant le système de mécénat traditionnel et le statut de courtisan. Ou encore à l’égard de lui-même, tant sa manière de peindre et de dessiner est mouvante et évolutive. Dans son œuvre, ce peintre ne cessera d’aller à la recherche de techniques nouvelles et de capter différemment la lumière. Pendant les dix ans qui suivent l’installation de Rembrandt à Amsterdam, le style de l’artiste est en grande partie inspiré du travail de Rubens dont le sens des compositions grandioses, les couleurs chaudes inondées de lumière ainsi que la dynamique de son imaginaire font autorité dans la peinture hollandaise du XVIIe siècle. Des années plus tard (1640 à 1645), lorsqu’une série d’événements douloureux affecteront sa vie, cette manière de peindre s’écartera du langage brillant et exubérant qu’il avait jusqu’alors. Sa peinture devient plus marquée à cette période par Mantegna et Léonard de Vinci et devient de surcroît plus méditative, plus recueillie et intimiste. Malgré cela, la structure de ses œuvres continue à refléter un sens de la théâtralité. Même ses autoportraits sont des mises en scène de lui-même dans des rôles et des déguisements les plus divers. L’atelier de l’artiste est comme une sorte de scène théâtrale où il veille au moindre détail du spectacle. Des toiles, des histoires Rembrandt n’est pas un artiste solitaire. On a estimé qu’il a eu au moins cinquante élèves, sans compter les assistants. Il était souvent, dit-on, penché sur le travail de ces derniers à le retoucher à la plume ou au pinceau. Si la gravure apparaît comme son domaine réservé (il semble qu’il n’ait pas cherché à former de disciples dans cet art), ses dessins, par contre, ont suscité un tas de difficultés d’attribution. En effet, rarement signées, ces toiles ont semé le doute, d’autant plus que les élèves susceptibles d’imiter son style ne manquaient pas. C’est pourquoi les critiques ont réussi à réduire d’année en année le groupe d’œuvres qui étaient attribuées auparavant à Rembrandt. Govert Flink, plus collaborateur qu’élève Lorsqu’il arrive à Amsterdam en 1632-1633, Flink entre immédiatement dans l’atelier du maître. Ses premiers tableaux identifiés datent de 1636. C’est le cas de La Bergère, pendant probable du Rembrandt en berger. Dans ce dernier, le clair-obscur de la chevelure, les blancs des manches et du col de la chemise où s’exprime le goût pour une peinture grasse, empâtée, témoignent déjà de l’influence exercée par Rembrandt. L’annonce aux bergers est elle aussi à rapprocher de la gravure du maître, L’Ange apparaissant aux bergers. Et si le disciple en modifie la composition qui, de verticale devient horizontale, les tons brunâtres et la note exotique du palmier portent la marque si célèbre de Rembrandt. De même, certains des portraits de Flink sont éclairés par un coup de projecteur et affichent ces sillons dans la pâte fraîche représentant la barbe ou les mèches de cheveux. L’œuvre de Govert Flink n’est pas la seule à être confondue avec celle du maître. On peut citer également, dans l’entourage de Rembrandt, Willem Drost, l’élève venu d’Allemagne, Nicolas Maes, dont les premières œuvres ont été plus tard affublées de la signature du maître pour des raisons commerciales, ou encore Jan Victors et Carel Fabritius, jeune peintre au génie éphémère car décédé trop tôt. Aert de Gelder, lui, est considéré comme celui qui a perpétué l’œuvre de Rembrandt et l’auteur du registre classique du peintre. En effet, à part les œuvres directement inspirées de celles du maître, le répertoire de De Gelder est essentiellement composé d’anecdotes de l’Ancien et du Nouveau Testament. Une occasion pour lui de s’adonner aux empâtements de peinture dans les parties claires des vêtements, si chers aux rembranesques. Après la mort de ce dernier, en 1727, on ne trouve plus de traces de l’enseignement de Rembrandt qui a été pourtant un des plus grands maîtres de la peinture de tous les temps. Bien plus tard, d’innombrables peintres qui ne l’ont pas rencontré de leur vie ont été influencés par son art. Mais c’est sans doute seulement au XIXe siècle qu’ils se mettront à l’apprécier. Colette KHALAF
1606-2006. Quatre cents ans depuis la naissance du grand peintre hollandais. Et ses portraits, son clair-obscur, sa lumière, lumineuse, et ses détails minutieux à la manière d’une broderie sont toujours d’actualité. Admirées, reprises, voire copiées par ses disciples, les toiles du maître devront attendre 1982 pour qu’un recensement de l’œuvre authentique de Rembrandt...