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Société Vacances dangereuses en Afrique pour les fillettes menacées d’excision

La pratique de l’excision a diminué en France, mais le risque demeure pour les filles d’origine africaine, lors des vacances « au pays », selon les participants à un colloque organisé par le ministère français de la Santé, qui appelle « à ne pas baisser la garde ». Clôturant le colloque lundi, le ministre français de la Santé Xavier Bertrand a annoncé que des mesures contre l’excision seront intégrées dans le plan national « violence et santé », qu’il présentera prochainement. « Prévention, surveillance des moins de six ans par la protection maternelle et infantile (PMI), procès, ont conduit à une diminution, si ce n’est à la disparition des excisions en France. » Mais « le risque n’a pas disparu » car des familles font « exciser leurs filles au pays », a expliqué le directeur général de la Santé Didier Houssin. Fatou se souvient de ces « vacances ». « J’avais 11 ans, les parents m’ont amenée (...) en Guinée. On était sept, ils nous ont dit de nous coucher, la fille à côté de moi a hurlé, il y avait du sang partout. Son cri est toujours dans ma tête. Quatre femmes me tenaient, j’ai essayé de me débattre, je parlais en français, je ne savais pas leur langue. Ensuite mon père a donné de l’argent à celle qui avait la lame de rasoir. » Le témoignage de Fatou, extrait du documentaire Noire douleur, présenté sur la chaîne de télévision France 3 en janvier, illustre une situation que craignent les associations, mal armées pour y répondre. Le docteur Emmanuelle Piet a alerté sur la « déscolarisation des petites filles à la fin du CM2 », dans le département de Seine-Saint-Denis, dans la banlieue de Paris : « Elles disparaissent, sont mutilées, mariées de force au pays et reviennent avant 16 ans pour avoir la nationalité française. » Le législateur a pris en compte cette évolution, avec la loi contre les violences conjugales d’avril 2006, permettant de réprimer les excisions commises à l’étranger à l’encontre d’une victime résidant en France. Elle permet à une femme de porter plainte jusqu’à 20 ans après sa majorité. « On ne peut accepter qu’il y ait une parenthèse dans la protection de l’enfant », a déclaré David Aumonier, du ministère de la Justice, rappelant que la loi avait levé le secret médical. Les participants ont dénoncé le manque de formation des travailleurs sociaux, des médecins et d’une « méconnaissance du terrain », selon une animatrice du Havre (Nord-Ouest), qui souligne que nombre de « femmes d’Afrique veulent changer ces pratiques mais ne savent pas comment s’y prendre ». Linda Weil-Curiel, avocate à la CAMS (Commission pour l’abolition des mutilations sexuelles), s’inquiète d’une « certaine passivité des jeunes filles » qui font référence à la « coutume ». Un « repli identitaire » de filles qui « n’arrivent pas à se construire en tant que Françaises », selon Nicole Roussel, du planning familial. Les participants ont évoqué la douleur des filles qui, à 16 ou 17 ans, découvrent qu’elles ont été excisées petites, et des conséquences dramatiques pour leur santé physique, au moment de l’accouchement, mais aussi psychique. Le colloque a pour objectif de mettre fin, d’ici à 2010, à l’excision en France. Selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), 130 millions de fillettes et femmes sont excisées dans le monde, 3 millions risquent de l’être. En France, les chiffres avancés – 60 000 excisées ou menacées de l’être – sont des estimations. Martine VERON (AFP)

La pratique de l’excision a diminué en France, mais le risque demeure pour les filles d’origine africaine, lors des vacances « au pays », selon les participants à un colloque organisé par le ministère français de la Santé, qui appelle « à ne pas baisser la garde ».

Clôturant le colloque lundi, le ministre français de la Santé Xavier Bertrand a annoncé que des...