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Actualités - CHRONOLOGIE

RENCONTRE - Diplomate et écrivain, directeur de Culturesfrance, il est à l’origine de l’opération « Rond-Point Paris-Beyrouth » Olivier Poivre d’Arvor: «J’aime les gens qui sortent de leur culture...»

Chez les Poivre d’Arvor, la passion la mieux partagée est celle de l’écriture. Deux frères, deux carrières, deux styles différents, mais une «complicité étonnante» qui s’exprime notamment à travers plusieurs livres signés en commun. L’un est l’ultraconnu PPDA, le célèbre présentateur du journal de TF1. Le second, Olivier, est diplomate, directeur de Culturesfrance (l’opérateur délégué du ministère des Affaires étrangères et du ministère de la Culture et de la Communication pour les échanges culturels internationaux et l’aide au développement). C’est lui qui est à l’origine de l’opération «Rond-Point Paris-Beyrouth», qui se déroule en ce moment dans quatre théâtres de la ville. Un projet qui est né voilà presque trois ans, en même temps que l’idée du dernier roman écrit en duo par Olivier et Patrick Poivre d’Arvor, Disparaître (édité il y a quelques mois chez Gallimard). Rencontre, à Beyrouth, à l’occasion de l’inauguration des soirées marathoniennes de théâtre, avec... OPDA. Un livre né à Beyrouth Physiquement, ils n’ont rien en commun. Il est aussi brun que «l’autre» est châtain. La boule à zéro, les traits plus anguleux, les yeux verts... Rien ne rappelle chez Olivier Poivre d’Arvor son frère aîné, à part ce même petit rire saccadé, qui a gardé des tonalités de l’enfance. Un physique plus acéré donc, qui correspond bien à ses écrits en solitaire. Car si les deux frères aiment écrire ensemble, chacun pratique aussi de son côté l’écriture en solo. Des sujets de romans plus noirs, plus sombres, «plus cruels» pour OPDA et des histoires plus «romanesques» côté PPDA. Quand ils s’y mettent à deux, ce sont les héros qui ont bercé leur jeunesse, les aventuriers ou les grands explorateurs qu’ils choisissent de faire revivre. On peut citer entre autres: Le monde selon Jules Vernes, Pirates et corsaires, ou encore leur dernier roman Disparaître consacré à T.E. Lawrence, alias Lawrence d’Arabie. Un choix guidé par leur passion commune pour «la mer, les océans, les gens qui racontent des histoires. Et, particulièrement, ceux qui sortent de leur culture pour aller vers d’autres horizons». Justement c’est à Beyrouth, lors d’un précédent séjour, qu’Olivier Poivre d’Arvor a eu l’envie de s’attaquer à Lawrence d’Arabie, la quintessence du héros romantique contemporain. Correspondances «J’avais apporté avec moi Les sept piliers de la sagesse, le livre de T. E. Lawrence. Il y disait du mal de Beyrouth qu’il avait visité très jeune, vers l’âge de 17 ans. Il avait une idée très pure de l’Orient et il trouvait que cette ville était très mélangée, très cosmopolite. Alors que moi, c’est justement ce mélange qui me plaît.» Quelques recherches préliminaires feront émerger des correspondances secrètes entre les frères-auteurs et leur sujet. Le rapport à la célébrité, ce jeu d’ombre et de lumière et son corollaire, la traque permanente des paparazzis, va interpeller l’aîné, la star cathodique. Alors que c’est dans la fascination qu’éprouve Lawrence d’Arabie pour l’Orient que se retrouve Olivier Poivre d’Arvor, le cadet, qui signale «11 ans de différence entre Patrick et moi, exactement comme entre T. E. Lawrence et son frère Arnold.» «J’ai vécu en Égypte et l’envie d’écrire un livre “oriental” me travaillait, d’ailleurs j’en ai toujours envie, Disparaître est finalement plus anglais qu’oriental, explique OPDA. En fait, je suis plutôt impressionné par le monde arabe et particulièrement celui que je retrouve ici, au Liban, cette synthèse de ce que le monde devrait être, c’est-à-dire un dialogue qui parfois s’exprime avec agressivités certes, mais un dialogue de cultures, de religions, de civilisations...» Et, miracle génétique dans ce roman, comme dans les précédents, leurs styles très opposés – «Je suis plus lyrique, plus sophistiqué, Patrick est plus direct, plus informatif» – se sont fondus jusqu’à en devenir indécelables. «Nous écrivons, chapitre par chapitre, chacun dans son coin. Et nous nous retrouvons une ou deux fois par semaine, sans compter nos longues conversations téléphoniques quotidiennes d’une heure en moyenne, pour échanger nos idées et corriger ensemble ce que chacun a fait. En fait, chacun écrit un chapitre que l’autre relit et réécrit», indique-t-il. De gros projets franco-libanais en perspective Doctorat en philosophie, formation théâtrale, une carrière dans l’édition... Pour Olivier Poivre d’Arvor, aujourd’hui diplomate et écrivain, la culture se nourrit d’échanges. À ce titre et en tant que directeur de Culturesfrance, il estime qu’«il manque de très gros projets entre la France et le Liban. Il faudrait qu’il y ait plus d’opérations spectaculaires, à l’image de celle du Théâtre du Rond-Point. J’ai beaucoup d’idées d’échanges culturels. Je pense par exemple montrer à Paris, au Jeux de Paume, une exposition tirée du fonds de la collection de la Fondation arabe pour l’image. Je réfléchis également à un autre projet franco-libanais autour du thème du bonheur de vivre. Des expositions, des échanges de savoir-faire et des manifestations autour de l’art de vivre: le design, la mode, l’art, l’architecture, l’image, etc.» Olivier Poivre d’Arvor, que la situation instable du pays ne semble pas freiner, a de nombreux projets en perspective pour le Liban qui, «plus que le nombril de la Méditerranée, comme on dit parfois, me semble être le baromètre assez juste de l’état du monde», dit-il. Des projets qui, aussi nombreux et prenants soient-ils, lui laisseront toujours assez de temps pour l’écriture avec son aîné de leur prochain roman: «Un sujet assez dur. Celui d’une jeune femme qui s’apprête à tuer son père.» Zéna ZALZAL
Chez les Poivre d’Arvor, la passion la mieux partagée est celle de l’écriture. Deux frères, deux carrières, deux styles différents, mais une «complicité étonnante» qui s’exprime notamment à travers plusieurs livres signés en commun. L’un est l’ultraconnu PPDA, le célèbre présentateur du journal de TF1. Le second, Olivier, est diplomate, directeur de Culturesfrance...