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Actualités - OPINION

Indépendance et responsabilité

Un mensonge répété mille fois ne devient pas vérité. Je ne me rappelle pas d’avoir étudié l’histoire du Liban au XXe siècle, de manière détaillée et intégrale, dans un manuel scolaire. Ce qu’on nous inculquait à l’école consistait en une liste de grands titres, vaguement abordés, de façon à ne pas érafler la susceptibilité d’une communauté donnée ou d’un groupe politique quelconque. Les mots ambigus choisis avec soin prêtaient à de multiples interprétations. Je crains vivement que mon trou de mémoire concernant l’histoire de mon pays ne soit pas exceptionnel et qu’il ne reflète une lacune similaire dans la mémoire collective des Libanais. Celui qui méconnaît son histoire est condamné à répéter les erreurs passées. Certains de nos problèmes proviennent du fait que nous ne sommes pas capables de confronter notre passé, d’où le danger de rater notre avenir. En 1922, 1941, 1946, 1958, 1961, 1969, et de 1975 à 1990, qu’est-ce qui est réellement arrivé ? Aura-t-on un jour une seule version objective, complète, honnête et transparente des faits qui ont marqué le passé de notre pays, qui ont forgé sa réalité d’aujourd’hui et qui affectent son avenir ? Mûrir, c’est assumer ses responsabilités et affronter la réalité. Il est temps de se débarrasser des tabous concernant l’enseignement de notre histoire contemporaine. Tout le monde est appelé à participer au développement d’une nouvelle approche de notre passé, mais aussi de notre réalité présente. Apprendre l’objectivité, apprendre à rechercher et exiger la vérité, apprendre à appeler les choses par leur nom, apprendre à agir au lieu de réagir, apprendre à contrôler son impulsivité, tout cela est indispensable pour sauvegarder notre indépendance et la paix précaire au Liban. Tant que nous avons une vision restreinte, biaisée et incomplète de notre histoire, nous aurons une perception erronée de notre présent et donc de malheureuses influences sur notre avenir. Certains prétendent que le fait d’en parler pourrait exacerber les divergences et les tensions entre les différentes communautés. Je ne suis pas d’accord. N’ayant pas de modèles objectifs et impartiaux pour comparer, analyser et juger, les jeunes n’auront d’autres versions que celles propres à leurs milieux respectifs, augmentant le risque de perpétuer les erreurs de leurs aînés. On a beaucoup misé sur les tables rondes des chefs politiques. Le peuple, lui, est marginalisé. Au lieu de confirmer la réconciliation nationale, la population est utilisée et manipulée pour alimenter le public d’un tel ou tel autre politicien. Qu’est-ce qu’un gouvernement d’union nationale quand les divisions au sein du peuple n’ont jamais été autant aiguillonnées ? Encourageons l’instauration d’une culture nationale permettant à nos enfants de développer de leur pays des représentations mentales rapprochées pour qu’adultes, ils n’aient pas besoin de recourir à des guerres civiles suivies de tables rondes (ou inversement...) pour décider du sort du Liban. Une éducation civique s’avère donc obligatoire et indispensable, une éducation qui favorise l’apprentissage de la communication, de l’acceptation de l’autre et qui édifie les bases d’une culture de la paix. La reconstruction du Liban doit être accompagnée de la guérison du souffle national et du rétablissement des sentiments intercommunautaires chez les Libanais, en vue de l’édification d’une culture nationale qui protégerait le pays du spectre de la guerre civile. Le déni de certaines réalités nous empêche de faire des changements et de progresser. Il étouffe le rêve libanais et nous pousse vers un suicide collectif. Bonne fête de l’indépendance à tous, en espérant réaliser une vraie indépendance des préjugés, de l’hypocrisie et de l’immaturité civique. Roula DOUGLAS
Un mensonge répété mille fois ne devient pas vérité.
Je ne me rappelle pas d’avoir étudié l’histoire du Liban au XXe siècle, de manière détaillée et intégrale, dans un manuel scolaire. Ce qu’on nous inculquait à l’école consistait en une liste de grands titres, vaguement abordés, de façon à ne pas érafler la susceptibilité d’une communauté donnée ou...