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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - « Mon histoire, c’est l’histoire », 13 téléfilms inspirés d’histoires réelles et diffusées sur la LBCI tous les lundis soir après le journal de 20 heures Élie Adabachi dépoussière la télévision

Il lui aura fallu deux années, de nombreuses discussions avec la censure, beaucoup de patience et quelques compromis pour arriver au bout de l’aventure de « Mon histoire, c’est l’histoire ». 13 téléfilms dont le premier épisode fut diffusé le 30 novembre, avec un style nouveau, des sujets plus contemporains et un ton plus vrai. Élie Adabachi a tenu à s ’approcher des thèmes tabous, sans toutefois se brûler. Il l’a fait à partir de témoignages recueillis, d’histoires vécues, mais, comme il le dit, «réécrites et retravaillées». Il fait partie, dans la sensibilité et les souvenirs, des Samir Nasri, Maroun Baghdadi et autres intellectuels qui ont rêvé d’un Mai 68 libanais. Aujourd’hui, il rêve d’une télévision qui ose plus, tant dans la forme que dans le fond. C’est en hommage à son amie Dalida qu’il a choisi ce titre. Élie Adabachi est fidèle à ses amis, à son passé et à ses émotions. Il rêve aussi du cinéma, sa grande passion, avouant avoir attendu la maturité nécessaire pour franchir le pas. «J’ai beaucoup de projets en attente. J’ai fait de la télévision pour pouvoir faire du cinéma, poursuit-il. J’ai traîné devant le rêve des autres. C’est parce que j’ai connu le métier comme il le fallait que j’ai eu si peur de le faire avant d’en être totalement prêt. Je n’ai plus cette peur...» Du cinéma, il en a fait en tant qu’assistant de Maroun Baghdadi, Volker Schlondorff, René Elliot, Jacques Rosier ou encore Bernard Giraudeau. «Ma vraie école, ce sont ces personnes qui m’ont appris le métier comme il le fallait. J’ai écrit des scénarios qui n’ont pas abouti. Je n’étais pas prêt... En attendant cette maturité professionnelle et personnelle, j’ai fait de la télévision pour me venger et me lancer de nouveaux défis!» Débuts à la Compagnie libanaise de télévision en 1974, puis un long exil parisien, où, de 1984 à 1996, il apprend le septième art, avant de retrouver la mère patrie et de réaliser pour Télé-Liban al-Raghif, en 1997, tiré du roman de Toufic Awad, qui a décroché le Tanit d’argent au Festival de Carthage, et De Barsoumi, en 1999, pour la LBCI. Histoires vraies C’est suite à une idée lancée par l’actrice Darina al-Jundi, qui a joué dans deux téléfilms de la série, de s’inspirer d’histoires vécues, qu’Élie Adabachi s’est attelé à la tâche. «J’ai voulu m’approcher d’une télévision plus vraie et moins édulcorée, tout en m’éloignant de toute polémique.» Treize histoires vraies et autant de sujets passionnants, encore enveloppés de non-dits: le viol, le suicide, l’infidélité, la frigidité, la jalousie, l’inceste, la guerre libanaise, la cohabitation, la maltraitance des travailleurs étrangers, la transsexualité, le sexe ou la drogue. «Chaque histoire est devenue mienne.» Difficile, pourtant, d’illustrer ces sujets sans une image suffisamment forte, dans un climat de censure où les interdits sont nombreux: interdit de montrer une scène d’amour, de sexe, de viol, de suicide. Mais le résultat demeure satisfaisant pour tous. Le réalisateur, qui a relevé le défi, confirme: «J’ai encore certaines frustrations. À la fin de chaque tournage, je sentais que j’aurais pu tourner encore plus de choses, mais je n’avais pas suffisamment de moyens. Et puis il fallait suggérer là où j’aurais préféré dire. Mais dans mes limites, j’ai bien travaillé et apprécié ma collaboration avec les écrivains Ali Matar, Samer Hijazi, Abboudi al-Mallah et Samir Saad Mrad, avec les comédiens, mon ingénieur photo Nidal Abdel Khalek et Hassan Naamani, et la musique de Ziad Rahbani.» Julia Kassar, Carole el-Hage, Fadi Reaïdy, Carole Abboud, Darina al-Jundi, Rafic Ali Ahmad et Nada Abou Farhat font partie du casting. «Certains acteurs sont connus, d’autres ne sont pas des professionnels», ajoute le réalisateur. Les tons des téléfilms ont suivi le souffle et la plume des écrivains. De la poésie à la dérision, en passant par le thriller et le réalisme, «il s’agit, dans tous les cas, d’êtres vivants qui nous ressemblent. Nous avons fait beaucoup de recherches sur la psychologie des personnages et des situations». Diffusés tous à 20h30, à l’exception de deux téléfilms, Pourquoi Dieu t’a créé ainsi ? et Dania qui passeront en deuxième partie de soirée pour cause de frileuse censure. «Il a fallu faire avec ces contraintes, La dureté de la cendre a été censuré de 13 minutes... Mais je suis satisfait.» «On écrit avec ce que l’on vit et ce que l’on sent», conclut le réalisateur. Un choix de sincérité qui a été le fil conducteur de ces 13 téléfilms. Une sincérité nouvelle pour celui que l’on surnomme sur les tournages «le dictateur». Un dictateur au grand cœur qui partage, en toute sincérité, «beaucoup d’amour» avec chacun de ses collaborateurs. Carla HENOUD
Il lui aura fallu deux années, de nombreuses discussions avec la censure, beaucoup de patience et quelques compromis pour arriver au bout de l’aventure de « Mon histoire, c’est l’histoire ». 13 téléfilms dont le premier épisode fut diffusé le 30 novembre, avec un style nouveau, des sujets plus contemporains et un ton plus vrai. Élie Adabachi a tenu à s ’approcher des thèmes...