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« La déontologie est en tête de nos préoccupations », souligne Élie Assaf L’ENA lance son nouveau programme de formation après le renouvellement de la convention avec la France

L’exacerbation de la tension sur la scène politique interne a pratiquement occulté les requis de la vie publique et institutionnelle, et à leur tête, les questions de réformes administratives, une exigence devenue incontournable à l’approche de la conférence d’aide pour le Liban. Car si la volonté internationale est certaine pour le soutien à ce pays éreinté par un mois de guerre mais aussi par un laxisme endémique pour ce qui est de la réhabilitation de ses institutions, il n’en est pas moins certain que les donateurs ne feront pas nécessairement preuve d’une générosité débordante « si le Liban ne commence pas par s’aider lui-même », et à entamer des réformes attendues depuis des décennies, comme l’ont souligné à plusieurs reprises les décideurs occidentaux. Si les responsables semblent, à ce jour, faire l’impasse sur ce volet vital, préoccupés par la politique politicienne, certaines institutions par contre ne chôment pas et tentent, avec les moyens de bord, de prévoir et prévenir. C’est le cas en l’occurrence de l’École nationale d’administration (ENA) qui vient de lancer son nouveau programme de formation pour l’année 2006-2007, après avoir renouvelé son accord avec son partenaire français qui soutient cette école depuis 2003, dans les domaines du recrutement, de la formation de la haute fonction publique, de l’échange d’expertise et du financement. Signée il y a trois semaines par les directeurs des deux écoles française et libanaise, MM. Antoine Durreleman et Élie Assaf, la convention donne le coup d’envoi à une série de formations qui seront prodiguées cette année par l’ENA, pour pallier notamment aux lacunes au niveau de l’expertise de certains fonctionnaires publics. Ces derniers peuvent en effet bénéficier d’une remise à niveau parrainée par la France qui s’engage à cette fin à envoyer ses experts issus de l’administration, de l’université et du secteur privé. Après avoir tablé les années précédentes sur la formation des fonctionnaires de la douane et du ministère des Finances, l’ENA projette pour 2006-2007 deux grandes formations pour tous les fonctionnaires de la troisième catégorie, aspirant à une promotion à la 2e catégorie. Un moyen de motivation certain pour les employés du secteur public qui commencent à déchanter après tant de promesses non tenues sur la refonte de l’administration. Cette formation permettra également de jeter les fondements d’une nouvelle culture institutionnelle qui tablera cette année en particulier sur les questions de déontologie et d’éthique professionnelle, « des principes qui sont malheureusement en perte de vitesse », comme l’explique le directeur de l’ENA, Élie Assaf. D’où le contenu du nouveau curriculum adopté « qui mettra en valeur les questions de probité, d’impartialité, d’efficacité, de discrétion et de respect de l’usager et des collègues, bref une déontologie que tous les fonctionnaires doivent connaître et intérioriser afin d’éviter les dérives et les conflits d’intérêt », insiste M. Assaf. Les cours, dit-il, ne portent « ni sur la morale personnelle ni le statut des fonctionnaires, mais sur un ensemble de principes fonctionnels d’action et de comportement qui valorisent et protègent à la fois l’usager et le fonctionnaire lui-même ». Prévue pour une période de quatre mois, cette formation intensive touchera près de 400 fonctionnaires choisis au sein de toute l’administration centrale. Plusieurs sessions seront organisées au cours de l’année pour bénéficier à un maximum de postulants. La première session commence en novembre 2006 et se terminera en avril 2007. La seconde débutera fin avril 2007 et s’achèvera au mois de juillet. Parmi les nouveaux programmes également inaugurés cette année, une formation initiale pour les Affaires étrangères que l’Ena assure pour les 22 jeunes diplomates recrutés à l’issue du concours d’entrée. La formation, qui commence en janvier, c’est-à-dire dès la parution du décret des nominations, sera assurée en partenariat avec l’Ena-France. « C’est une première au Liban », souligne M. Assaf. Son ambition est de révolutionner l’enseignement au sein de la fonction publique afin de l’adapter aux nouvelles exigences du siècle et d’introduire un nouvel esprit au sein de l’administration. « Il n’est plus permis de dispenser l’enseignement traditionnel des années 60. Il faut désormais introduire au Liban les nouvelles méthodes appliquées dans le monde et propager une culture institutionnelle contemporaine qui nous permette de revivifier l’administration afin de la préparer aux défis qui nous attendent », conclut le directeur qui n’espère plus que la collaboration des grands commis de l’État et des responsables politiques pour l’accompagner dans sa démarche. Je. J.
L’exacerbation de la tension sur la scène politique interne a pratiquement occulté les requis de la vie publique et institutionnelle, et à leur tête, les questions de réformes administratives, une exigence devenue incontournable à l’approche de la conférence d’aide pour le Liban. Car si la volonté internationale est certaine pour le soutien à ce pays éreinté par un mois de guerre...