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Actualités - REPORTAGE

CORRESPONDANCE - Sa Majesté Helen Mirren sur grand écran «La reine» Élisabeth II dans toute sa «britannité»

WASHINGTON – Irène MOSALLI Elles se ressemblent presque comme deux gouttes d’eau. La vraie et celle qui l’incarne à l’écran. Elles ont la même physionomie, la même démarche, le même titre, The Queen (La reine). C’est aussi le titre d’un film britannique qui vient de débuter avec succès sa carrière aux États-Unis. Le metteur en scène, Stephen Frears (auteur des Lisaions dangereuses et de My Beautiful Laudrette), qui a le don de mettre face-à-face les contraires, place cette fois sur son échiquier les forces de la modernité menées par le nouveau Premier ministre, Tony Blair, et la tradition royale impérieusement défendue par la reine Élisabeth II. La partie se joue en août 1997, au moment où il faut organiser les funérailles de la princesse Diana. Au premier tour, c’est échec et mat pour le Premier ministre lorsque Élizabeht II lui assène : « Ce sont là des funérailles de famille et non pas une attraction de foire. » Renvoi d’ascenseur au second tour lorsque M. Blair fait un discours passionné à la télévision et exalte Diana « princesse du peuple ». Puis la partie continue, révélant une femme complexe, aux prises avec un monde en tumulte et la sympathie croissante pour le chef des travaillistes. Tradition vs modernité Dans cette Reine, le spectateur découvre quelque peu ce que devrait être la personne qui n’est pas en représentation, celle qui est hors de son moule protocolaire. Et celle qui l’incarne sur le grand écran, qui est une très grande actrice shakespearienne, Helen Mirren, a expliqué, lors d’une interview télévisée, qu’elle a longtemps observé et étudié le comportement physique et le comportement tout court d’Élisabeth en public, souvent révélateur d’états intérieurs. Elle a emprunté sa manière de se déplacer à petits pas, les jambes toujours raides : l’actrice y voit un sens du contrôle et de la distanciation. Elle relève aussi que lorsque la reine est assise, toute droite, rien en elle ne bouge à part ses doigts qui font tourner son alliance : signe d’une petite tension. Mirren a également travaillé sa voix pour acquérir l’intonation et l’accent de sa Gracieuse Majesté, un accent propre à la crème de la crème britannique. La coiffure et le maquillage n’étaient que la touche finale pour produire une impressionnante ressemblance. Si Helen Mirren a une allure altière, c’est parce que les reines sont sa spécialité. Elle a été Élisabeth I dans une série télévisée (qui lui a valu un Emmy Award) et, au théâtre, elle a été plus d’une reine shakespearienne. Dans un tout autre registre, on se plaît tout autant dans la prestation de l’acteur Michael Sheen en Tony Blair, criant de vérité. Idem pour l’actrice Helen McCroy, qui campe son épouse Chérie. On n’a également pas de peine à reconnaître le prince Philip (James Cromwell), la reine mère (Sylvia Syms) et le prince Charles (Alex Jennings). Tout ce monde, dont l’univers en principe réglé comme un papier musique a été chamboulé par la vie et la mort d’une princesse vivant son temps et ses turbulences. Et, dans cette crise, c’est le jeu de la gouvernance britannique – Sa Majesté règne mais ne gouverne pas – qui était l’enjeu premier de Stephen Frears, metteur en scène de La reine qui, du même coup, a réussi un très beau jeu de ressemblance et de mimétisme.

WASHINGTON – Irène MOSALLI

Elles se ressemblent presque comme deux gouttes d’eau. La vraie et celle qui l’incarne à l’écran. Elles ont la même physionomie, la même démarche, le même titre, The Queen (La reine). C’est aussi le titre d’un film britannique qui vient de débuter avec succès sa carrière aux États-Unis. Le metteur en scène, Stephen Frears (auteur des...