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Le rêve interdit d’une étudiante palestinienne

Sawsan Salameh est à deux doigts de réaliser ses rêves en décrochant son doctorat en chimie, et en devenant une enseignante et un modèle pour les femmes palestiniennes. Pour y parvenir, il lui faut toutefois impérativement une autorisation pour aller de son village de Cisjordanie en Israël où se trouve, à une demi-heure en voiture, l’Université hébraïque de Jérusalem qui lui a accordé une bourse. Mais les autorités israéliennes refusent de lui accorder ce précieux document sous prétexte qu’elle est célibataire, sans enfant et âgée de moins de 35 ans, ce qui en fait une kamikaze potentielle pour un attentat-suicide. « J’ai parfois l’impression que quelqu’un me tue à petit feu », affirme cette jeune femme de 29 ans, la tête recouverte d’un voile. « Mon avenir va s’arrêter ici. Je suis inquiète. Je dois attendre. C’est ma seule chance », ajoute-t-elle. Depuis qu’elle a obtenu une bourse pour étudier il y a dix mois, elle a présenté huit demandes pour entrer à Jérusalem. Toutes ont été rejetées. Un groupe israélien de défense des droits de l’homme, Gisha, a présenté un recours devant la Cour suprême contre l’interdiction faite aux Palestiniens d’étudier en violation du droit international et israélien. « La cour a exprimé sa profonde inquiétude et recommandé aux responsables militaires de trouver un moyen de permettre à Sawsan Salameh de venir étudier à l’Université hébraïque de Jérusalem », explique le directeur de Gisha, Sari Bashi, après la première audience mercredi. « La cour a accordé sept jours pour voir si l’État peut trouver un arrangement pour Sawsan (...). Si aucune décision n’est prise, la cour tranchera », ajoute-t-il. Des membres de l’université ont pour leur part signé une pétition en sa faveur adressée au ministre de la Défense, Amir Peretz, pour mettre fin à l’interdiction faite aux Palestiniens qui ne sont pas soupçonnés d’activités mettant en danger la sécurité d’Israël d’y venir pour leurs études. Les responsables israéliens justifient, de leur côté, l’interdiction d’entrée en territoire israélien imposée depuis quelques mois à l’encontre de jeunes Palestiniens célibataires, en affirmant que cette mesure est nécessaire pour empêcher des attentats. « Il ne s’agit pas d’une décision la visant personnellement. C’est une mesure de sécurité », affirme Shlomo Dror, porte-parole du coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires palestiniens. « Chaque Palestinien qui veut venir en Israël représente un danger potentiel, en tant que terroriste ou comme quelqu’un susceptible d’être manipulé par des groupes radicaux pour commettre un attentat ou fournir des renseignements », poursuit Shlomo Dror. « Je sais qu’il y a beaucoup de gens très bien qui sont touchés, mais d’un autre côté, cela permet en fait d’empêcher le terrorisme », assure ce responsable, sans exclure que cette politique soit modifiée à la suite d’un jugement de la Cour suprême. La liberté de mouvement pour les 2,4 millions de Palestiniens vivant en Cisjordanie est sévèrement limitée non seulement en Israël, mais aussi en Cisjordanie avec une multitude de barrages routiers de l’armée et la construction d’une « barrière » très controversée dans cette région. Ces restrictions ont été renforcées depuis que le Hamas, principal mouvement islamiste palestinien, a pris le contrôle du gouvernement après sa victoire aux élections en janvier. Mais pour Sawsan Salameh, l’Université hébraïque, dont un des professeurs associés a remporté cette année le prix Nobel de chimie, constitue sa seule chance. Les universités de Cisjordanie n’offrent pas de telle filière, et elle ne peut pas étudier à l’étranger en raison, dit-elle, de sa « situation financière ». Jennie MATTHEW/AFP
Sawsan Salameh est à deux doigts de réaliser ses rêves en décrochant son doctorat en chimie, et en devenant une enseignante et un modèle pour les femmes palestiniennes.
Pour y parvenir, il lui faut toutefois impérativement une autorisation pour aller de son village de Cisjordanie en Israël où se trouve, à une demi-heure en voiture, l’Université hébraïque de Jérusalem...