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Actualités - OPINION

Comment tenter de résoudre la crise avec l’accord de toutes les parties Concertations, loin des feux de la rampe, autour de quatre formules de dégagement

Il y a les propos de défi que l’on tient en public. Et il y a les tractations que l’on mène en coulisses. C’est ainsi, d’ailleurs, que la politique se fait un peu partout dans le monde. Localement, ces concertations, qui se déroulent loin des feux de la rampe, portent sur quatre formules principales de solution à la crise. Elles se déclinent dans l’ordre suivant : Un accord sur un nouveau président de consensus. Suivi d’une entente sur un nouveau gouvernement. Qui mettrait au point une loi électorale équitable autant qu’équilibrée. Pour des législatives anticipées. Produisant une Chambre vraiment représentative. L’obstacle existe dès le premier niveau. Il y a le choix du successeur, qui fait le litige. Chacun entend le terme de consensus à sa guise et tente de tirer la couverture à lui. Il y a ensuite la question : comment l’élu cohabiterait-il avec le président Lahoud, si ce dernier devait aller au bout de son mandat ? Des forces politiques rejettent donc le projet. Parce qu’il signifierait à leur sens, à cause de la condition de cohabitation, que le président Lahoud devrait avoir son mot à dire sur son successeur. Ces forces répètent dès lors qu’il reste indispensable, avant toute élection, d’abréger le mandat de M. Lahoud, en amendant à cet effet la Constitution. Mais on rejoindrait de la sorte un cercle vicieux. Car M. Lahoud ferait opposition à l’amendement si le nom avancé pour sa succession ne lui convenait pas. Il a en effet la possibilité pratique d’atermoyer, sans signer le décret voulu, jusqu’à la fin de son mandat. Cependant, l’idée de procéder à une élection présidentielle rapprochée sans pour autant effectuer une passation des pouvoirs est soutenue par le président Nabih Berry. Qui mise sur l’assistance diplomatique, pour atteindre cet objectif, de l’Arabie saoudite, de l’Égypte et de la France. Dont l’influence conjuguée pourrait porter le 14 Mars, et plus précisément le Courant du futur, à lever leurs (fortes) réticences. Du côté du Hezbollah, on jouerait le jeu si l’Iran et Damas le souhaitaient. Le deuxième plan avancé se fonde sur une démission du gouvernement après accord sur la composition d’un cabinet d’union nationale. Accord qui, à son tour, pourrait être torpillé par le président Lahoud si le montage ministériel ne lui convenait pas. Il faut compter également avec le refus de plusieurs parties. L’équipe en place peut fort bien refuser de partir et on ne peut l’y forcer. Il semble difficile en effet, et en réalité, de réunir le tiers de ministres démissionnaires requis par la Constitution, pour entraîner avec eux le cabinet tout entier. Quant à un éventuel recours à la rue pour faire sauter le gouvernement, il se trouve prohibé. À cause de ses conséquences virtuellement désastreuses sur tous les plans, le socio-économique comme le sécuritaire ou le politique. Nombre de députés, dont des berryistes, qui souhaitent le changement, précisent qu’ils ne sont pas du tout pour des manifestations. Autre ordre de marche Il y a ensuite la proposition de procéder d’abord à des législatives anticipées, sur base d’une loi électorale juste. Proposition soutenue par le Hezbollah et par les aounistes. Ils pensent que ce scrutin tournerait à leur avantage et déboucherait sur un changement de majorité. Permettant d’élire un nouveau président qui leur serait favorable. Le délai qu’ils prévoient en gros se situe pendant l’été de l’an prochain. Car il faut quand même du temps pour mettre au point, et approuver, la nouvelle loi électorale. Cette suggestion est avancée comme substitut au changement de gouvernement, s’il se confirme qu’il est impossible à obtenir. L’argument de base est qu’il faut recourir à l’arbitrage du peuple, en cas d’impasse politique. Mais, on le sait, la majorité en place refuse de souscrire à la réduction du mandat de la Chambre actuelle. Or les conditions, du reste exceptionnelles et difficiles, exigées constitutionnellement pour une dissolution du Parlement sont loin d’être réunies. En effet, l’Exécutif ne peut renvoyer les députés que s’ils s’abstiennent d’assurer le quorum pendant toute une session ordinaire, ou pendant deux sessions extraordinaires successives. Ou en cas de rejet du projet de budget étatique en bloc dans l’intention de paralyser le gouvernement. Ce qui, en pratique, ne s’est jamais vu. Il y a, enfin, l’appel à une trêve, à une suspension des hostilités politiques, jusqu’à la fin de l’année en cours. Dans l’attente de l’acte d’accusation dans l’assassinat du président Rafic Hariri et de ses compagnons et de la formation du tribunal à caractère international. Les parties principales définiraient alors leurs positions à la lumière des conclusions de Brammertz. Si son rapport final comportait, comme le prévoient certains, de grands noms, l’avantage irait sans doute au 14 Mars. Qui se retrouverait en mesure, peut-être, d’imposer ses vues par rapport à la présidentielle. Mais si le rapport Brammertz, comme l’espèrent d’autres, n’incluait pas les grands noms en question, le jeu politique local n’en serait pas affecté et resterait en l’état. Et l’on se pencherait alors sur les diverses propositions de solution à la crise. Mais les parties qui semblent avoir des appréhensions au sujet des résultats de l’enquête internationale veulent obtenir des assurances, voire des garanties à ce propos. Pour accepter de faciliter ensuite l’entente sur une solution au Liban. Garanties sans lesquelles ce pays risquerait de connaître des troubles… Or les assurances requises, il n’appartient pas aux fractions locales de les donner. Seules les puissances extérieures peuvent le faire. Et encore : Brammertz est indépendant, et le tribunal le serait également, à coup sûr. Émile KHOURY
Il y a les propos de défi que l’on tient en public. Et il y a les tractations que l’on mène en coulisses. C’est ainsi, d’ailleurs, que la politique se fait un peu partout dans le monde. Localement, ces concertations, qui se déroulent loin des feux de la rampe, portent sur quatre formules principales de solution à la crise. Elles se déclinent dans l’ordre suivant :
Un accord sur un...