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Actualités - BIOGRAPHIES

PORTRAIT D’ARTISTE - Classée « contreréaliste », cette peintre libanaise expose, du 9 au 19 novembre, au Grand Palais à Paris L’«Hymne à la vie» de Mouna Rebeiz Chalhoub: une célébration picturale du désir...

Sa peinture est «une célébration du désir». Des nus féminins, surdimensionnés, sulfureux et en même temps hiératiques. Des tableaux qui renvoient une certaine image de leur auteur. Grande, l’allure altière, les traits sensuels, Mouna Rebeiz Chalhoub peint des femmes qui lui ressemblent. Narcissisme ou identification ? Plutôt une recherche de la psyché, à travers l’évocation picturale d’émotions et de sentiments universels. Car pour cette diplômée en psychologie, la peinture touche à ce qu’il y a de plus profond en elle. Elle s’y dévoile, en exprimant dans ses toiles ses «révoltes contre la société, l’hypocrisie, les conventions... En peignant, je me libère. Je crois que c’est ma seule façon de m’exprimer intégralement», dit-elle. Ses peintures le prouvent. Du très controversé Origines, inspiré du célèbre tableau de Courbet, L’origine du monde, et qui, comme son prédécesseur, fit scandale (il n’a pas été retenu dans le cadre de la première exposition individuelle de l’artiste, qui a eu lieu cet été à la maison d’Amérique latine à Monaco), à la Femme voilée, l’une de ses dernières œuvres et dans laquelle, dit-elle «j’ai voilé ce que je voulais dévoiler», Mouna Rebeiz Chalhoub n’a pas le pinceau tiède. Dans Origines, par exemple, en resserrant le cadrage du modèle, dont on ne voit ni le buste ni les jambes, mais juste un bassin, le ventre et le bas-ventre, elle avoue «avoir voulu aller plus loin que Courbet». «J’ai voulu symboliser la procréation mais aussi le désir», dit-elle. Il ne s’agissait pas de provocation, mais juste d’une conviction qu’«il n’y a pas de limites en art». «Moi qui suis quelqu’un de très pudique, je n’ai jamais pensé pouvoir peindre des nus pareils», soutient d’ailleurs cette dame qui est «entrée en peinture» un peu par hasard. Sous l’érotisme, la réflexion «Pour moi, il n’était jamais question de peindre, raconte-t-elle. Je voulais juste décorer quelques meubles et m’étais inscrite à l’atelier Cépiade quand, par le plus pur des hasards, je tombe sur Alix de La Source, conférencière au Louvre et spécialiste de la technique des peintures du XVIIIe siècle. Elle me fait une démonstration de rose à l’ancienne. Et ça a été la révélation.» Elle s’attelle immédiatement à la peinture, sous la férule d’Alix de La Source qui l’initiera pendant plus de dix ans à tous les secrets de cette technique parmi les plus difficiles. Une difficulté accrue par les dimensions géantes (2 x 1,30 ou 1,50) des toiles auxquelles cette artiste – elle-même très grande – aime s’attaquer. Des proportions irréelles – «contreréalistes», suivant le concept d’Elsa Godart, philosophe et psychanalyste – qui donnent à ses nus, sur fond sombre, un aspect extrêmement dramatique, s’accordant parfaitement avec les thèmes souvent métaphysiques, philosophiques, existentialistes, qui sous-tendent, chez elle, la représentation érotique et charnelle du corps humain. La Danaïde, par exemple, qui représente une femme nue repliée de dos en position fœtale, figure le cycle fermé de la vie, qui fait se rejoindre la vie et la mort. «Ce compte à rebours, cette désintégration pernicieuse» sont traduits, dans ce tableau, par le léger flétrissement, le creux, l’affaissement du dos de la femme encore jeune. Dans Caïn, c’est «le premier sentiment de culpabilité» qu’elle a voulu figurer, tandis que dans La rose ligne, ou La rose du mâle, c’est le mystère de la femme, fleur vénéneuse, ou son pouvoir érotique qu’elle cherche à capter. Quand on lui fait remarquer sa prédilection pour les nus féminins, Mouna Rebeiz rétorque que c’est sa manière d’éloigner les évocations de mort qui accompagnent le quotidien des Libanais, même installés à Paris, comme elle. «Je parle donc de la femme, parce que la femme donne la vie», conclut cette artiste, qui affirme d’ailleurs que l’élaboration de chacune de ses toiles est de l’ordre de l’«accouchement». Zéna ZALZAL * Mouna Rebeiz participera au Salon des Indépendants qui se tient, du 9 au 19 novembre, au Grand Palais à Paris. Elle y présentera – chose tout à fait inhabituelle au vu des règles établies de ce Salon – de grandes toiles.

Sa peinture est «une célébration du désir». Des nus féminins, surdimensionnés, sulfureux et en même temps hiératiques. Des tableaux qui renvoient une certaine image de leur auteur. Grande, l’allure altière, les traits sensuels, Mouna Rebeiz Chalhoub peint des femmes qui lui ressemblent. Narcissisme ou identification ? Plutôt une recherche de la psyché, à travers l’évocation...