LITTÉRATURE 58e Foire du livre de Francfort Plus de 7000 maisons d’édition venant de 111 pays

L’Inde d’aujourd’hui, avec ses 24 langues et son milliard d’habitants, est l’invitée d’honneur de la 58e Foire du livre de Francfort, le plus grand événement mondial du secteur de l’édition inauguré hier soir avant son ouverture aujourd’hui aux professionnels. Accueillie pour la seconde fois, après 1986, l’Inde va présenter pendant cinq jours les multiples visages de sa société: «Le pays est si diversifié que cela a été un défi de rassembler toutes ses saveurs et ses couleurs», explique le directeur de la foire, Jürgen Boos, refusant de réduire la culture indienne à Bollywood, l’industrie du cinéma de Bombay. Plus de 70 auteurs indiens, dont les écrivains vedettes Amitav Gosh et Amit Chaudhuri, ont fait le voyage en Allemagne. Puissance économique, la plus grande démocratie du monde est également un géant culturel avec ses 16000 maisons d’éditions, qui ont publié plus de 80000 œuvres l’année dernière et réalisé un chiffre d’affaires de plus d’un milliard d’euros. Mais le sous-continent pâtit de sa multitude et les 24 langues officielles, qui côtoient plus de 120 dialectes régionaux, rendent difficiles les traductions de nombreux écrivains. L’Inde sera également présente à travers les autres arts, comme la sculpture, la musique, la chanson traditionnelle, la cuisine et même l’artisanat. Des expositions et événements seront organisés dans toute la ville de Francfort. Outre l’Inde, plus de 7000 maisons d’édition venant de 111 pays participeront à la foire où elles présenteront près de 400000 ouvrages, un nouveau record qui montre que «la branche va bien», selon Jürgen Boos. Plus de 180000 professionnels sont attendus ainsi que 100000 visiteurs lors de l’ouverture au public, samedi et dimanche. L’avenir du livre-papier face aux nouvelles technologies et au poids croissant de l’Internet, notamment le projet de numérisation des livres par le moteur de recherche Google, sera encore cette année au centre des débats: «C’est un gros problème», concède Jürgen Boos, alors que Google permet désormais de télécharger et d’imprimer dans leur intégralité certains livres dont les droits d’auteur ont expiré. La foire a toutefois fait une place aux médias électroniques comme les livres à écouter, qui ont connu une croissance à deux chiffres cette année. L’attraction de la foire sera la venue de Günter Grass pour son autobiographie-confession Beim Häuten der Zwiebel (En épluchant les oignons). Le prix Nobel de littérature 1999, pourfendeur des compromissions de certains hommes politiques allemands d’après-guerre avec le régime nazi, y avoue – bien tardivement, selon ses critiques – son enrôlement dans les Waffen-SS à l’âge de 17 ans. Reconnaissant le succès des bandes dessinées et des mangas, la foire poursuit son exposition «Fascination Comics», avec cette année l’introduction d’un prix. L’industrie du cinéma, et ses relations avec l’édition, sera également au programme à travers un Jour de la Berlinale. Les organisateurs du Festival du film de Berlin, qui aura lieu en février 2007, veulent ainsi soutenir et renforcer le dialogue entre les mondes du cinéma et du livre, alors que les foires du livre sont appelées à devenir les principaux centres de vente des droits cinématographiques. La foire proposera aussi pour la première fois son programme «Avenir éducation» de soutien au développement du secteur de l’édition et des aides à l’alphabétisation dans le monde. «Nous voulons amener les gens à lire plus qu’un article dans un journal», affirme Jürgen Boos, qui voit de nouveaux marchés en Asie et en Europe de l’Est. Francfort veut ainsi tenir dans les années à venir son cap d’ouverture sur le monde avec, après la Catalogne en 2007, la Turquie comme invitée d’honneur en 2008 et la Chine l’année suivante.