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Actualités - CHRONOLOGIE

PORTRAIT D’ARTISTE Karin Komati ou la sculpture engagée...

La sculpture est pour elle un exutoire. «J’y déverse tout ce qui est négatif en moi», dit Karin Komati, silhouette gracile, voix douce, mais une exigence intérieure qui transparaît dans le moindre de ses propos. Ce désir de savoir, de comprendre, cette soif de spiritualité, cette intransigeance qui la taraudent, elle les transcrit en bronzes, traités en masses compactes et angles arrondis. Des pièces, éloignées de tout naturalisme, épurées et à forte influence cubique. Et qui représentent la femme, encore la femme, toujours la femme, seule ou en couple, mais aussi parfois l’homme ou... le néant. Cette Hollandaise, mariée à un Libanais et installée depuis dix ans au Liban, a fait un long parcours initiatique avant de pouvoir se consacrer à sa passion de toujours: la sculpture, à laquelle elle s’adonne tranquillement aujourd’hui dans son atelier de Ajaltoun. «Depuis ma tendre enfance, j’étais attirée par la création manuelle. Je me suis donc dirigée tout naturellement vers les beaux-arts. Mais recalée au concours, je me suis tournée, par dépit, vers des études de secrétariat. Puis j’ai intégré différentes sociétés, j’ai travaillé dans les relations publiques et notamment dans une filiale de la société Heineken au Soudan, à Khartoum, où j’ai rencontré mon mari. J’ai aussi beaucoup voyagé: le Portugal, la France...». C’est justement au cours d’un long séjour dans le Sud de la France qu’elle renoue avec ses premières amours: l’art et la sculpture. Elle suit les cours de l’École municipale d’art plastique de Nice, puis ceux de l’École internationale des beaux-arts. Quatre ans d’initiation à la peinture, au dessin et à la sculpture, qui lui donneront le bagage nécessaire pour se lancer. Elle choisit le travail tridimensionnel, par affinité, laissant la peinture et le dessin pour plus tard, quand elle aura perdu de sa vigueur. Femme crucifiée Car en dépit de sa fragilité apparente, Karin Komati privilégie la puissance, la force dans son expression artistique. La robustesse de ses personnages, de ses nus féminins ou même des masques, thèmes leitmotivs de sa sculpture, est extrêmement marquée. Ses femmes ont des allures guerrières. Les pieds bien enracinés dans le sol, elles s’avancent droites comme un if vers leur destin, traçant la voie aux hommes vers l’élévation, vers la divinité. Voilà résumée toute la philosophie de l’artiste. Laquelle puise dans des cours de philosophie et de théologie (à l’USEK) de quoi nourrir son inspiration. Sa première œuvre, réalisée il y a dix ans, et qui représentait une femme crucifiée, résume toute sa démarche artistique: féminisme et spiritualité. «C’est vrai que cette sculpture a été mal acceptée, mais elle résume ma vision de la féminité», dit Karin Komati, amusée. Certes, depuis ce temps, la sculpture aidant, les questionnements, les révoltes, les emportements, les indignations de cette artiste, qui «n’arrête pas de réfléchir», se sont quelque peu apaisés. Et, comme si en modelant elle maîtrisait mieux l’impact de ses pensées, de ses sentiments, de ses états d’âme, elle est passée progressivement vers la représentation aussi de ces fugaces moments de paix, de plénitude, de sérénité, de détente... D’où une nouvelle série de pièces baptisées Symbiose ou Harmonie. Des instants volés qu’elle tente de reproduire, de fixer, dans des bronzes aux volumes plus arrondis, aux lignes plus sinueuses et au minimalisme épuré prêtant à méditation. Zéna ZALZAL
La sculpture est pour elle un exutoire. «J’y déverse tout ce qui est négatif en moi», dit Karin Komati, silhouette gracile, voix douce, mais une exigence intérieure qui transparaît dans le moindre de ses propos. Ce désir de savoir, de comprendre, cette soif de spiritualité, cette intransigeance qui la taraudent, elle les transcrit en bronzes, traités en masses compactes et angles...