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Actualités - OPINION

Ce qui nous sépare, ce qui nous unit

Ces temps-ci, un air de Ziad Rahbany revient à ma mémoire: «L’un prie le dimanche, l’autre le vendredi...» L’un préside son assemblée d’adhérents le dimanche, l’autre le vendredi. L’un commémore ses martyrs de guerre le dimanche, l’autre le vendredi. Chacun son jour, chacun son public, chacun son histoire, chacun son parti. Tout les sépare. Cependant, ils ont pas mal d’analogies. Le point sur lequel ils sont tous d’accord, c’est que durant toute la semaine, voire toute l’année, même toute une vie, ils hypnotisent leurs moutons de Panurge et leur font avaler leurs opinions. Encore un point commun, ils possèdent argent et pouvoir, un garde-fou de gardes du corps et entendent à longueur de journée un chapelet d’amen égrené par la petite constellation censée former leur cour. Sans oublier quand même un point de convergence majeur: ils sont libanais. Je me demande quand le peuple libanais ouvrira les yeux, quand cessera-t-il de suivre ces chefs qui se prennent pour des dieux sur terre? Qu’ont-ils fait d’extraordinaire? Défendre leur pays ? Tout vrai Libanais est censé le faire, sans pour autant passer sa vie à le rappeler. Le fils d’une terre défend sa terre sans le crier sur tous les toits, sans accepter l’ombre d’une main étrangère pour labourer son sol avec lui. Un vrai fils d’une terre n’accepterait pas de remplir son escarcelle avec de l’argent étranger, de se battre chez lui pour défendre d’autres rivages, de brandir n’importe quelle banderole au lieu du drapeau de son pays, de faire une guerre civile et de tuer ses frères et, par-dessus tout, se draper de lin blanc alors qu’à cause de lui, l’honneur de sa terre a été souillé. Je m’adresse à toute personne qui plaide pour je ne sais quel mortel plaidant lui-même pour je ne sais quel pays et surtout pour ses comptes dans les banques suisses ou américaines et, se cachant derrière son amour pour son pays et pour son peuple, plante une dague dans le cœur de ce pauvre Liban. Jean Giraudoux disait: «Les pays sont comme les fruits, les vers sont toujours à l’intérieur.» Je ne veux accuser ni la Syrie, ni l’Iran, ni Israël, ni les États-Unis, ni l’Europe, ni les pays arabes. Ils ne sont pas blâmables, eux. Lorsqu’on vient présenter un gâteau à quelqu’un, il ne va pas le refuser. Ceux à qui des reproches doivent être adressés, ce sont les Libanais détenteurs du pouvoir politique. Je préfère clore par cet appel qui vient du cœur à tout vrai Libanais. Je t’appelle, cher frère, chère sœur, fils et fille de ma terre, à aimer avant tout ton pays, à rejeter tous les manipulateurs et à œuvrer tous ensemble à dépasser cette période de dégradation pour renaître de nos cendres, au lieu de perdre notre temps à nous consumer sur les braises de 1975 qu’on n’arrête pas d’attiser. Défions tous ces pyromanes qui s’amusent à voir notre pays dévoré par les flammes; levons bien haut l’étendard d’un pays aux mille couleurs réunies pour former la plus belle des toiles de par ses nuances diverses qui se côtoient. Marie-Josée RIZKALLAH
Ces temps-ci, un air de Ziad Rahbany revient à ma mémoire: «L’un prie le dimanche, l’autre le vendredi...» L’un préside son assemblée d’adhérents le dimanche, l’autre le vendredi. L’un commémore ses martyrs de guerre le dimanche, l’autre le vendredi.
Chacun son jour, chacun son public, chacun son histoire, chacun son parti.
Tout les sépare. Cependant, ils ont pas mal...