Le Hezbollah inspire les activistes palestiniens, estime le Shin Beth Olmert accusé d’occulter les ratés de la guerre au Liban

La création d’une commission d’enquête publique dénuée de pouvoirs juridiques sur les ratés de la guerre au Liban suscite un vent de critiques tous azimuts en Israël, alors que le chef du Shin Beth, les services israéliens de contre-espionnage, a estimé hier que la résistance opposée par le Hezbollah à l’armée israélienne a renforcé le moral des activistes palestiniens. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a annoncé lundi la création d’une commission d’enquête publique, se refusant à constituer une commission d’État aux pouvoirs plus larges. Des parlementaires, de droite comme de gauche, l’accusent de chercher à minimiser ses erreurs en créant une commission impuissante à les dévoiler. « Une telle commission n’a aucune chance d’aboutir à la vérité vu qu’elle ne dispose d’aucun pouvoir », a déclaré aux journalistes le député et ancien ministre Danny Naveh, du parti Likoud (droite). « La création d’une telle commission est une erreur politique car elle ne dispose d’aucun moyen légal pour enquêter : elle ne peut obliger personne à témoigner ni obliger les autorités à lui remettre des documents », a renchéri le député travailliste Ami Ayalon, ancien chef du service de sécurité intérieure. Le ton de la presse est aussi critique. « C’est un moyen par excellence de tromper son monde », écrit le commentateur militaire du Yediot Aharonot. Un autre journaliste s’interroge sur la capacité de M. Olmert à diriger le pays tout en jugeant que la création de la commission est « un moindre mal ». De leur côté, des réservistes de retour du Liban ont continué à réclamer hier la démission de M. Olmert, du ministre de la Défense, Amir Peretz, et du chef d’état-major, le général Dan Haloutz, à qui ils reprochent le « fiasco » de la guerre. Mais leur mouvement ne parvient pas à réunir les foules. M. Olmert a chargé Nahoum Admoni, l’ancien chef du Mossad (service de renseignements) entre 1982 et 1989, de diriger la commission qui devra examiner « la conduite du gouvernement pendant la guerre ». Il a par ailleurs annoncé que le contrôleur de l’État serait chargé d’examiner le comportement de la défense civile pendant le conflit. En outre, M. Olmert a confirmé que l’armée mènerait sa propre enquête sur le déroulement de l’offensive contre le Hezbollah. C’est dans ce contexte tendu que le chef du Shin Beth a estimé hier que la résistance opposée par le Hezbollah à l’armée israélienne a renforcé le moral des activistes palestiniens, tentés de s’inspirer des techniques de combat de la milice libanaise. « En général, les organisations terroristes veulent adopter le modèle libanais, ce qui se traduit par leur volonté de se doter de capacités dissuasives contre Israël », a déclaré Yuval Diskin, qui s’exprimait devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Parlement israélien. Selon le patron du Shin Beth, des activistes palestiniens tiendraient pour un succès stratégique les milliers de roquettes tirées par le Hezbollah contre le nord d’Israël en dépit des vagues de bombardement menées par l’aviation et l’artillerie israéliennes. Ils examineraient également de très près les réseaux de bunkers édifiés par le parti de Dieu dans le sud du Liban, qui ont compliqué la progression des forces terrestres israéliennes, et l’engagement d’unités très mobiles dans une lutte de harcèlement contre les blindés. Dans la bande de Gaza, les services de Yuval Diskin ont noté une recrudescence des trafics d’armes à la frontière avec l’Égypte, l’objectif étant de doter en roquettes de type militaire l’arsenal palestinien pour l’heure composé de roquettes artisanales de courte portée. De même, des réseaux fortifiés seraient en cours de construction.