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La statue colossale du pharaon retrouve le quartier des Pyramides Le Caire fait ses adieux à Ramsès II

Des centaines de milliers de Cairotes ont assisté au voyage, depuis le centre de la capitale égyptienne, d’une statue colossale de Ramsès II sur un énorme convoi motorisé pour un déménagement controversé vers le quartier des Pyramides. « Ramsès doit être heureux. Il nous aurait maudits dans sa tombe si nous n’avions pas sorti sa statue de cet inimaginable chaos de pollution et de laideur », a déclaré à l’AFP Zahi Hawass, le chef des antiquités égyptiennes. Une foule immense s’est pressée tout au long des 30 kilomètres du trajet, de la gare centrale, où la statue était dressée depuis un demi-siècle, aux abords du désert, après avoir longé le Nil et le musée archéologique où repose la momie de l’illustre pharaon. Installée dans le centre-ville par Nasser dans une grande célébration nationaliste, la statue était devenue grise de crasse, étouffée par les gaz d’échappement. « Ramsès, Ramsès » : acclamations et applaudissements, sifflets et youyous de femmes, et même les cloches d’une église ont retenti dès l’apparition du convoi de 30 mètres de long, acheminant à 5 km/h le colosse de granit rouge de 11 mètres. Après 10 ans de controverses et d’expertises, c’est hier à 01h00, à l’heure dite, que le convoi s’est ébranlé. « Tu vas me manquer, Ramsès », a crié un garçon de 12 ans, Issam Abu Zaid. Suivie en permanence par les caméras de la télévision nationale, la statue est arrivée à 11h00 heure locale sur le plateau de Giza, accueillie par Zahi Hawass et le ministre de la Culture, Farouk Hosni. « Ramsès, notre grand pharaon, va pouvoir reposer au cœur du grand musée égyptien qui verra le jour en 2010 », a indiqué M. Hawass. Enserrée dans une structure d’acier et juchée sur une large plate-forme roulante, la statue était ceinte de mousse au niveau du front et des hanches. Des capteurs de mesures de choc avaient été disposés à son pied. « Elle n’a subi au maximum qu’une inclinaison de 1,5 degré, causant des microfissures d’à peine un micron », a indiqué à l’AFP le professeur Ayman Hamed, chargé de suivre en permanence « l’état de santé » du colosse trois fois millénaire. Le chauffeur du camion Volvo qui tractait le convoi a confié son soulagement. « Inch’allah, tout s’est bien passé », a lancé Ahmad el-Gharabaoui. Des versets du Coran avaient été gravés sur la plate-forme. Aucun incident n’a été déploré en dépit de la confusion qui parfois entravait la progression, alors que les cordons de milliers de policiers étaient transformés en passoire sous la pression de la foule. Sur la place Talaat Harb, dans le centre-ville, une demi-douzaine de militants communistes ont salué, rose rouge à la main, le « roi Ramsès » « Et dire qu’on a aujourd’hui le raïs Hosni Moubarak », a dit l’un d’eux, Ahmad Mansour. Pour Zahi Hawass, la réussite du convoyage signifie qu’« aujourd’hui, nous, les Égyptiens, avons réussi à transporter par nos propres moyens la statue, alors que c’étaient les étrangers qui jadis s’occupaient de nos antiquités ». Le patron des antiquités n’avait pas été épargné auparavant par les critiques, s’étant même fait accuser par un de ses prédécesseurs, Abdel Halim Noureddine, d’avoir organisé ce transfert pour plaire à Israël. « N’y a-t-il pas un lien entre le transfert de la statue et la haine que vouent à Ramsès ceux qui croient à tort qu’il est le pharaon de l’exode » des Hébreux d’Égypte, avait lancé Noureddine, par référence au récit biblique. « Démagogie minable », a commenté M. Hawass. D’autres ont fustigé le coût de l’opération, 6,2 millions de livres (près d’un million d’euros), ou encore une atteinte à l’identité du centre-ville. Grand conquérant, Ramsès II, qui régna de 1279 à 1213 avant J.-C., est le plus connu des pharaons. La statue a été découverte en 1882 à Mit Rahina, dans l’enceinte du grand temple de Ptah de Memphis, première capitale pharaonique.

Des centaines de milliers de Cairotes ont assisté au voyage, depuis le centre de la capitale égyptienne, d’une statue colossale de Ramsès II sur un énorme convoi motorisé pour un déménagement controversé vers le quartier des Pyramides.
« Ramsès doit être heureux. Il nous aurait maudits dans sa tombe si nous n’avions pas sorti sa statue de cet inimaginable chaos de pollution et...