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Actualités - OPINIONS

L’agression israélienne et ses retombées

Contradictions israéliennes La défaite d’Israël dans cette folie meurtrière est multiple. C’est une défaite sur le plan militaire puisque, non seulement il n’a pas pu libérer les deux soldats (le prétexte affiché), mais il n’a pas pu désarmer les combattants du Hezbollah comme promis (c’était le but). Et de plus, ses armées ont été humiliées sur le terrain. En plus de la défaite militaire, il y a les destructions causées par les missiles de la Résistance, ainsi qu’un nombre important de morts et de blessés civils. À tout ce gâchis physique, matériel et moral, il convient d’ajouter l’effondrement moral des Israéliens : un million de personnes se sont terrées dans les abris pendant 32 jours, plusieurs centaines de milliers de citoyens ont quitté leurs villes et villages, sans parler de l’effondrement économique, des manifestations hostiles au gouvernement et de la discorde que la folie du gouvernement a provoquée au sein de la classe politique. Olmert, son ministre de la Guerre et Shimon Peres ont multiplié les déclarations contradictoires, estimant que le pays a gagné sur le plan diplomatique, et qu’il allait continuer la chasse contre « les terroristes du Hezbollah, n’importe où et à n’importe quel moment ». Par ailleurs, le même Olmert avoue sa défaite en demandant officiellement, mardi 15 août, au secrétaire général de l’ONU d’ordonner aux Casques bleus de « désarmer le Hezbollah ». Olmert et Bush considèrent que la destruction des infrastructures libanaises et le massacre des populations civiles est une victoire pour Israël et une défaite pour la Résistance libanaise. Pour tous les observateurs et les experts politiques ou militaires, cette rage de tuer des innocents et de détruire les infrastructures du Liban, par haine et par vengeance, est elle-même une défaite. Elle exprime la faiblesse du gouvernement israélien. Chérif BOUDELA Pas d’exclusivité Nous avons tous résisté. Certes, les combattants du Hezb ont livré une rude bataille au Sud, dans la Békaa, mais tous les Libanais ont résisté. Envoyer des mails aux amis, à l’étranger, à la diaspora, avec des photos, des articles dénonçant l’agression israélienne, c’est résister. Signer des pétitions, c’est résister. Monter une association d’aide humanitaire, c’est aussi résister. Envoyer des dons, c’est résister. Accueillir des réfugiés et se solidariser, c’est toujours résister. Manifester, c’est résister. Travailler un minimum de 12 heures par jour pour obtenir un cessez-le-feu dans les plus brefs délais, c’est encore et toujours résister. La résistance n’est pas l’apanage d’un seul groupe. Tous les Libanais ont résisté. Nada HADDAD Scénarios de paix et de... guerre Les jours qui viennent constitueront sans doute un test pour le Liban et dessineront l’avenir du pays pour les années à venir. Le déploiement de l’armée au Liban-Sud est en soit un développement positif, pour ne pas dire historique. Les protagonistes locaux semblent d’accord pour donner enfin à la troupe le rôle qui lui est normalement imparti. Mais cela doit absolument s’accompagner d’une entente politique durable sur les mécanismes de la pacification de la zone du sud du Litani. En effet, le désarmement du Hezbollah, qui a le mérite d’avoir résisté aux assauts de l’armée israélienne en ébranlant sérieusement son image, est l’étape à venir la plus importante. Ce désarmement peut éviter au Liban deux catastrophes majeures, la première étant une autre agression israélienne pour laver son échec à mettre un terme au danger à sa frontière nord, et la deuxième une guerre civile interlibanaise où d’autres factions, se sentant en danger, seraient tentées, au cas où les armes du Hezb n’auraient plus leur raison d’être nationale, de porter les armes. Le dossier du nucléaire iranien va se répercuter lui aussi sur le Liban. Au cas où la communauté internationale déciderait d’opérer des frappes chirurgicales sur l’Iran (une option qui a reculé depuis l’échec d’Israël à venir à bout du Hezbollah), le Hezb serait tenté à son tour de rallumer la frontière en signe de solidarité avec son puissant parrain et pourvoyeur de fonds et s’attirer une riposte israélienne d’envergure inégalée à ce jour. Mais revenons au vrai danger qui guette le Liban à l’heure actuelle et qui est un retour de la Syrie, par l’entremise de tentatives de déstabiliser le Liban, comme cela a eu lieu en 2005. Le discours du président syrien ne laisse planer aucun doute quant à ses intentions vindicatives de se venger de la majorité au pouvoir. Le plus important à cet égard est de ne pas se laisser entraîner dans les pièges et de travailler à instaurer une culture de la paix. Paul SAWAYA La faim du tigre Pendant les 33 jours de guerre, j’ai reçu des centaines de mails appelant aux manifestations, à faire pression sur les gouvernements occidentaux, à dénoncer Israël et ses crimes. Pendant trente-trois jours, je n’ai rien pu dire, rien pu faire, rien pu écrire. J’appelais ma famille, mes amis au Liban tous les jours. J’avais mal, j’aurais voulu être là-bas, mon mari ne comprenait pas. Il ne pouvait pas savoir. C’était la première guerre que je ratais. Les roquettes et les missiles ont arrêté de pleuvoir des deux côtés de la frontière, mais je continue à voir ma fille, en rêve, ballottée, extraite des ruines à la place des enfants que j’ai vus dans les photos, à la télé, tous ces enfants morts parce que des hommes vaniteux, orgueilleux, monstrueux se sont décrétés justiciers en puissance. Je me réveille en hurlant et je ressuscite de ma léthargie. Petit à petit ma colère remonte. Du fond de mon âme, je maudis les meurtriers de quelque côté qu’ils soient. Oui, Israël est mon ennemi parce qu’il a détruit mon pays et tué ses enfants. Ben Atkins, Laurent Laubier ou Jean-Jacques Birgé, juifs américain et français, sont mes amis, parce qu’un juif n’est pas nécessairement un ennemi. Le Hezbollah qui a libéré notre terre et sacrifié ses jeunes en 2000 est mon frère, mais le Hezbollah qui a donné tout le pays, sous de faux prétextes, en pâture aux assoiffés de sang ne l’est plus. Michel Kilo est mon frère, Anouar el-Bonni et Faraj Bairaqdar sont mes amis, parce que quand je les vois, j’adopte leur lutte, je bois leurs paroles et je comprends le langage de leurs yeux, mais Bachar el-Assad est mon ennemi, parce qu’après trente-cinq ans, son régime réprime, torture, assassine et essaie encore de reprendre le pouvoir au Liban, pour y faire régner le même obscurantisme. Dans La faim du tigre, René Barjavel développe l’idée que l’homme se trouve devant deux destins possibles : périr dans son berceau, de sa propre main, de son propre génie, de sa propre stupidité, ou s’élancer pour l’éternité du temps vers l’infini de l’espace, et y répandre la vie délivrée de la nécessité de l’assassinat. Le choix a été fait pour nous, malgré nous, serons-nous capables d’inverser la tendance ? Ma fille pleure dans son lit, elle n’a que un an ; a-t-elle intercepté mes cauchemars ou est-ce sa cinquième dent qui pousse ? Quoi qu’il en soit, sachez messieurs que je me battrai pour qu’avec ses petites dents, dans la vie elle puisse croquer fort. Lara SABA Paris Notre combat à nous Tandis que les responsables de la terreur qui s’est abattue sur le Liban se disputent la coupe du vainqueur à coups de prétextes insignifiants, le peuple libanais se réveille progressivement de sa torpeur. Après plus d’un mois, tapi dans les abris, déchiré et ne connaissant pas le sommeil, il sort enfin à la lumière du jour, pour évaluer les dégâts suscités par la férocité des bombardements. Un plan de redressement urgent est nécessaire, un plan global, ralliant le support de tous les experts en matière de catastrophe. Un support non seulement financier, mais certainement psychologique, social, écologique, médical, etc. Un plan stratégique doit être mis en place, regroupant des psychologues et des sociologues qui devraient apporter leur aide à toute la population. Les écologistes devraient pouvoir être autorisés à gérer d’urgence la crise ainsi que l’évaluation des conséquences à plus ou moins long terme. Les corps médicaux et sanitaires auront un rôle capital dans la gestion des soins à prodiguer, dans l’évaluation des conséquences néfastes des produits répandus sur le territoire, ainsi que des études sérieuses sur les risques potentiels encourus ou non par les générations futures. Le redressement se fera ; le Liban se relèvera petit à petit des décombres, mais il a besoin pour cela de nous tous, qui avons l’expertise que toutes les guerres subies nous ont inculquée. Muriel MATTA Catastrophe écologique et humaine en vue À cause de la guerre, on va encore dégrader notre environnement. Des milliers de mètres cubes de gravats jetés à la mer, dans les vallées, dans les rivières (au choix). Des tonnes de fuel, de benzine et de mazout pour nourrir les camions, les grues, les pelleteuses. Des montagnes, des collines dévastées par les carrières de gravier. Tout ça pour que le Liban soit beau et qu’on sauvegarde la façade. Mais allez donc la gratter, vous verrez que ce ne seront que des châteaux de papier, qui attendent les prochaines bombes. Allez demander aux enfants, aux oiseaux et aux renards ce qu’ils en pensent. Ils en ont marre qu’on les prennent pour des imbéciles. Une catastrophe est imminente. Oui, les gens ont le droit de vivre en paix, là où ils le souhaitent. Mais je dis non à la reconstruction sauvage du Liban. Je préfère qu’il reste un champ de ruines pour montrer la bêtise des hommes, qui ne sont pas capables de le préserver des princes de la guerre. Construisons lentement pour une fois. Merci de continuer à communiquer. Serge SÉROFF
Contradictions israéliennes

La défaite d’Israël dans cette folie meurtrière est multiple. C’est une défaite sur le plan militaire puisque, non seulement il n’a pas pu libérer les deux soldats (le prétexte affiché), mais il n’a pas pu désarmer les combattants du Hezbollah comme promis (c’était le but). Et de plus, ses armées ont été humiliées sur le terrain. En plus de...