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Actualités - OPINION

Une barbarie qui nourrit la haine et l’extrémisme

Des responsables israéliens faisaient récemment l’analogie entre la guerre qu’ils mènent au Liban et elle qui, en 1999, a opposé les pays de l’OTAN à la Serbie pour trouver un fondement légitime à la destruction des infrastructures civiles libanaises. En réalité, les deux conflits n’ont rien de commun. À l’époque, le pouvoir serbe avait planifié le refoulement hors de son territoire de la population kosovare, déclenchant une véritable tragédie humaine, rejetant tous les avertissements et les mises en demeure de la communauté internationale. Dans le cas du Liban, les faits se présentent bien différemment. D’abord, les causes qui ont été à l’origine de la riposte israélienne sont sans commune mesure avec l’ampleur des représailles. Ensuite, le gouvernement libanais ne s’est aucunement impliqué dans l’entreprise d’enlèvement de soldats israéliens pour avoir à subir aussi longtemps tant de déchaînement de violence. On n’a jamais vu les villes syriennes écrasées sous les bombes américaines parce que des « terroristes » se sont infiltrés de Syrie en territoire irakien pour soutenir les rebelles. Le gouvernement espagnol n’a pas déversé ses bombes sur Bilbao ou San Sebastian lorsque des révolutionnaires basques de l’ETA ont assassiné un magistrat ou un officier supérieur espagnol. La Grande-Bretagne n’a pas déchargé, non plus, sa hargne dévastatrice contre les villes d’Argentine quand, en 1982, la junte militaire de ce pays s’est emparée des îles Malouines qui sont sous souveraineté britannique. Le gouvernement libanais avait des responsabilités à assumer, soit. Mais il est consternant d’ignorer délibérément les multiples entraves, bien connues d’Israël, qui ont empêché jusque-là le pouvoir libanais de trouver un règlement à l’armement du Hezbollah. Israël prétend. Il continue pourtant, bénéficiant de la complaisance américaine, à rester sourd à tous les appels de cessez-le-feu, et son aviation sévit avec une cruauté, une détermination, un barbarisme sans pareils, nourrissant la haine et cultivant les germes de l’extrémisme. Non ! Le Liban ne constitue pas une menace pour l’existence d’Israël. C’est Israël qui a un devoir de justice à rendre. Les dommages matériels et moraux qu’Israël a infligés au Liban sont irréparables, et la nation libanaise, dans toutes ses composantes, n’éprouve plus pour cet agresseur que du mépris, un mépris non moins égal qu’à celui des juifs envers les nazis. Libérons-nous des préjugés et des idéaux qui nous ont conduits à la catastrophe. Dotons-nous d’une nouvelle politique qui rompt avec les vieux concepts. Bâtissons une stratégie de paix dans la dignité. L’idéal serait d’avoir à la tête du pays un chef d’État représentatif, reconnu par la communauté internationale, qui prendrait l’initiative, de concert avec le Premier ministre Fouad Siniora, de rencontrer le chef du gouvernement israélien comme beaucoup de chefs d’État le font et de négocier la paix. Le dialogue direct, s’il ne résout pas la crise, peut nous en rapprocher. Sur les écrans de télévision, on nous a montré, un jour, un officier supérieur israélien ramasser une poignée de sable et dire à un reporter américain : « Voilà ce que recherche le Hezbollah… Il veut s’emparer de notre terre. » Donnons-lui l’assurance que nul au Liban ne convoite une terre qui ne fait pas partie intégrante du territoire libanais, du sol de nos ancêtres. Bachir BÉCHARA Officier à la retraite
Des responsables israéliens faisaient récemment l’analogie entre la guerre qu’ils mènent au Liban et elle qui, en 1999, a opposé les pays de l’OTAN à la Serbie pour trouver un fondement légitime à la destruction des infrastructures civiles libanaises. En réalité, les deux conflits n’ont rien de commun. À l’époque, le pouvoir serbe avait planifié le refoulement hors de son...