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Actualités - CHRONOLOGIE

Le cauchemar de l’acheminement de l’aide humanitaire au Liban

L’interdiction de circuler dans le sud du Liban, décrétée par Israël lundi soir, complique encore l’acheminement de l’aide internationale, qui déjà relevait du cauchemar logistique dans un pays noyé depuis un mois sous les bombardements, et dont le réseau routier a été détruit. Depuis la destruction par l’aviation israélienne du pont de Qassimiyé enjambant le Litani, les ONG s’efforçaient d’atteindre les régions isolées du Sud, en jouant à cache-cache avec les tirs d’artillerie et les raids aériens israéliens. Mais depuis qu’Israël a averti la population que son aviation bombarderait « tout véhicule circulant au sud du fleuve Litani », les agences de l’ONU ont annoncé mardi qu’elles suspendaient, pour raisons de sécurité, leur distribution d’aides au Liban-Sud. Aujourd’hui, l’ensemble des organisations non gouvernementales ainsi que les agences de l’ONU s’alarment du sort des populations du Liban-Sud, piégées par les combats dans la zone frontalière avec Israël, mais aussi des énormes difficultés à circuler dans l’ensemble du pays en raison des destructions des routes et des ponts, et de la menace permanente des bombardements. En visite depuis mardi à Tyr, le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Jakob Kellenberger, a plaidé pour que l’aide humanitaire parvienne d’urgence aux habitants de cette région, estimant à 100 000 le nombre de civils en situation précaire dans la région. Il s’est même rendu hier en Israël à travers le poste-frontière libanais de Naqoura à bord de deux voitures frappées du sigle du CICR. L’organisation britannique Oxfam a qualifié hier « d’épouvantable » la situation humanitaire au Liban, expliquant qu’il est extrêmement difficile de faire parvenir l’aide là où il y en a le plus besoin, c’est-à-dire dans le Sud. Selon Ian Bray, porte-parole de l’agence, « il y a des attaques sur le moindre mouvement. On nous informe que les chauffeurs de camions refusent de travailler parce qu’ils ont peur d’être les cibles des missiles israéliens ». En outre, a-t-il ajouté, « le bombardement des routes et des infrastructures entrave tous les efforts, même quand nous réglons le problème de la sécurité ». D’autres organisations soulignaient les difficultés logistiques rencontrées localement pour distribuer l’aide. « À Tyr, quatre “cuisines” distribuent des plats chauds et de l’eau à environ 1 000 personnes chaque jour », selon Aurélie Dussossoy, de l’organisation française Première urgence. Mais, a-t-elle raconté, « les fournisseurs locaux commencent à rencontrer des problèmes, car les routes ont été bombardées. Nos équipes vont essayer d’acheminer l’aide depuis Beyrouth, avec des petites voitures, en contournant les routes détruites ». Depuis lundi, le Programme alimentaire mondial (PAM) demande vainement aux Israéliens un sauf-conduit pour reconstruire un ouvrage sur le Litani et étudier la possibilité d’un nouvel itinéraire menant au Sud. « Nous n’avons pas réussi à trouver un nouveau passage et nous avons été aujourd’hui dans l’impossibilité d’envoyer nos véhicules en reconnaissance en raison de la situation sur le plan de la sécurité », a déclaré Robin Lodge, porte-parole du PAM. « Mais nous espérons le faire demain si nous pouvons obtenir les assurances adéquates. » Selon lui, le PAM souhaite obtenir une autorisation pour deux vols humanitaires en provenance de la Jordanie et pour acheminer quelque 170 tonnes d’aides venant de Syrie. Un convoi similaire arrivé mardi n’a pas pu continuer sa route à la suite de la destruction par les Israéliens de ponts autoroutiers. Alimenter le Sud, à tout prix L’ONG Mercy Corps a de son côté annoncé que le pilonnage intense aux abords de la ville de Nabatiyé, au Sud-Liban, l’avait obligée à annuler l’envoi de secours à partir de Beyrouth. Mais elle espère rapprocher ses stocks plus au sud de manière à les répartir dans toute la région dès que la situation le permettra. « La sécurité est si volatile que dès que c’est sûr et que nous obtenons les feux verts nécessaires, le secteur en question est aussitôt attaqué », explique Cassandra Nelson, porte-parole de Mercy Corps. D’après l’ONG Médecins sans frontières, les villages censés avoir été désertés renferment encore de nombreux habitants trop pauvres ou terrorisés pour quitter leurs foyers. « Lorsque nos équipes se rendent dans les villages, ce qui devient de plus en plus difficile en soi, il reste toujours des civils même si ces localités paraissent désertées », affirme Bart Rijs, porte-parole de MSF. MSF, obligée de ne pas intervenir ces derniers jours, envisage de reprendre ses activités prochainement malgré l’interdiction israélienne sur les déplacements, a-t-il ajouté. « Nous ne l’avons pas encore tenté, mais nous voudrions sortir à nouveau demain de Tyr », dit-il. Une note d’espoir, cependant, au sein de cette alarmante situation : le HCR à Beyrouth, dont les stocks se sont réduits « de façon alarmante », a annoncé hier qu’un convoi de six camions était finalement arrivé la veille dans la capitale libanaise depuis la Syrie, le premier à avoir pu emprunter la route côtière bombardée jeudi dernier. De son côté, la Russie a envoyé hier un premier avion d’aide humanitaire pour le Liban, chargé de tentes, matelas et couvertures, a indiqué le ministère russe des Situations d’urgence. L’avion, un Iliouchine Il-76, a décollé vers 10h heure locale (6h GMT) de Moscou pour Larnaca où le matériel – un millier de matelas, 2 000 couvertures et 4 000 coussins – sera remis aux représentants du Programme alimentaire mondial des Nations unies. L’aide sera ensuite acheminée par bateau vers le Liban. La Russie a prévu d’effectuer trois autres vols, deux le 11 et un le 15 août. Ils livreront 20 tonnes de conserves de viande et de lait, dix tonnes de riz, cinq tonnes de sucre, 22 tonnes de médicaments et équipements médicaux ainsi que des groupes électrogènes.
L’interdiction de circuler dans le sud du Liban, décrétée par Israël lundi soir, complique encore l’acheminement de l’aide internationale, qui déjà relevait du cauchemar logistique dans un pays noyé depuis un mois sous les bombardements, et dont le réseau routier a été détruit. Depuis la destruction par l’aviation israélienne du pont de Qassimiyé enjambant le Litani, les ONG...