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Un coup d’éclat qui a précipité le déclin de la vieille Europe coloniale Il y a 50 ans, Nasser annonçait la nationalisation du canal de Suez

Il y a 50 ans, l’Égypte sous la houlette de Gamal Abdel Nasser prenait le contrôle du canal de Suez, déclenchant une guerre qui a précipité le déclin de la vieille Europe coloniale. Faisant fi des puissances britannique et française, qui contrôlaient le canal, le raïs égyptien annonce la nationalisation du canal le 26 juillet 1956, marquant l’histoire de son pays et de la région. Le chef de l’État avait déjà défié les Occidentaux en renversant la monarchie, soutenue par Londres, quatre ans auparavant. « La pauvreté n’est pas une honte, mais c’est l’exploitation des peuples qui l’est (...). Nous reprendrons tous nos droits, car ces fonds sont les nôtres, et ce canal est la propriété de l’Égypte », déclarait Abdel Nasser dans un discours historique à Alexandrie (Nord). Il fustigeait la Compagnie universelle du canal maritime de Suez, chargée de gérer les installations, qui passaient au même moment sous contrôle d’un groupe d’Égyptiens fidèles au président. Dans un coup d’œil à l’histoire, le code secret lancé par le président pour déclencher l’opération était « De Lesseps », du nom du diplomate français Ferdinand de Lesseps, le père du canal inauguré en 1869. Le canal, pour la construction duquel plus de 120 000 ouvriers égyptiens avaient perdu la vie, repassait ainsi entre les mains de l’Égypte, sans effusion de sang. « Le canal de Suez n’est pas comme d’autres passages internationaux. En réalité, c’est un passage maritime interne », explique à l’AFP Adel Ezzat, l’un des membres du commando de nationalisation et président de l’Autorité du canal de 1985 à 1995. Le président égyptien avait justifié son geste par le refus américain de financer la construction du barrage d’Assouan. L’Égypte de l’époque se rapprochait dangereusement du bloc soviétique. Dans le monde polarisé de la guerre froide, sa décision audacieuse de saisir l’un des principaux points de passage du pétrole entre les pays arabes et l’Europe avait soulevé le tollé de l’Occident, où il avait même été comparé à Hitler. « Nous ne pouvons avoir ce salaud assis sur nos moyens de communications », avait réagi l’ex-Premier ministre britannique Winston Churchill. La France aussi voulait punir Gamal Abdel Nasser qui avait soutenu les rebelles en Algérie, alors qu’Israël voulait garantir le passage de ses navires par le canal. Les négociations ayant échoué, l’État hébreu envahit la bande de Gaza et la péninsule du Sinaï le 29 octobre 1956. Deux jours plus tard, les avions de combat français et britanniques lancent des raids contre l’Égypte. La riposte du raïs est meurtrière : il fait couler les 40 bateaux présents alors dans le canal, qui reste fermé jusqu’à début 1957. Les troupes françaises et britanniques contrôlent le canal, mais Washington est mécontent. « Cette action a été la conséquence d’une erreur (...). Nous n’acceptons pas l’usage de la force (...). Les États-Unis n’ont été consultés en aucune façon », lance le président américain Dwight Einsenhower. Le cessez-le-feu est déclaré et les forces d’occupation se retirent en mars 1957. Malgré la défaite militaire, Gamal Abdel Nasser signe une victoire politique. Le crise entraîne la démission du Premier ministre britannique Anthony Eden et signe le déclin des puissances de la vieille Europe face à Washington et Moscou. Aujourd’hui, personne ne dispute la souveraineté égyptienne du canal, qui emploie 25 000 Égyptiens et représente la troisième source de devises du pays après le tourisme et les transferts opérés par des émigrés. Mais l’anniversaire de sa nationalisation sera marqué dans la discrétion. Des timbres seront imprimés et quelques cérémonies limitées organisées, sans fanfare ni feux d’artifice, au moment où la région traverse l’une de ses crises les plus graves avec Israël.
Il y a 50 ans, l’Égypte sous la houlette de Gamal Abdel Nasser prenait le contrôle du canal de Suez, déclenchant une guerre qui a précipité le déclin de la vieille Europe coloniale.
Faisant fi des puissances britannique et française, qui contrôlaient le canal, le raïs égyptien annonce la nationalisation du canal le 26 juillet 1956, marquant l’histoire de son pays et de la région....