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Témoignage Les rescapés racontent « la mort dans les yeux »

Portant simplement un maillot de bain et blotti dans une couverture, Heff Martin a échappé au pire : une vague qui a fauché des dizaines de personnes sur la plage indonésienne de Pangandaran. Ce touriste suisse de 26 ans tente de retrouver son calme dans la grande mosquée à deux étages de cette station balnéaire du sud-ouest de l’île de Java, en compagnie d’autres miraculés. Sa fiancée indonésienne, Julia, 36 ans, remercie Dieu de les avoir épargnés. Le couple se trouvait lundi en milieu d’après-midi sur le front de mer devant leur hôtel quand le raz-de-marée a avancé sur le rivage. « Il y avait des gens qui criaient à l’extérieur de l’hôtel, alors un des employés est sorti voir ce qui se passait. Il est revenu en hurlant : “il y a une vague, il y a une vague, la mer arrive, la mer arrive” », relate-t-il. Heff et Julia n’ont eu que quelques secondes pour « réfléchir vite et utiliser le bon sens ». « Nous sommes montés en courant au deuxième étage et rapidement les vagues sont venues exploser contre le premier étage. Tous les murs de la façade de l’hôtel ont été détruits », raconte le Suisse. « Nous sommes restés là cinq minutes puis nous sommes montés sur le toit en faisant un trou dans le plafond » avec trois employés de l’établissement, poursuit-il, ajoutant : « J’étais très angoissé en me demandant où aller, où trouver refuge. » Julia n’en revient pas qu’un autre tsunami ait frappé l’Indonésie, après celui du 26 décembre 2004. « L’autre jour nous nous disions : imaginons qu’un tsunami arrive. Que ferions-nous ? On n’arrêtait pas d’en rigoler. Et bien maintenant j’imagine qu’on n’en fera plus jamais un sujet de plaisanterie », dit-elle. Près de la mosquée de Pangandaran, devenue ville fantôme, et vers l’océan, le raz-de-marée a laissé un paysage de désolation. La plage et les rues adjacentes sont recouvertes de débris de béton, de planches de bois et de tuiles provenant des toits des hôtels du rivage. Des bateaux sont échoués sur le bord de mer, parfois enchevêtrés avec leur coque crevée. Le sol est recouvert de mares saumâtres. Ameta Fanara, le gérant de l’hôtel Uni Beach où étaient descendus Heff et Julia, reste profondément choqué par le drame. « Cela a dépassé tout ce que je pouvais imaginer », commente-t-il en évoquant les instants où il a vu la vague s’avancer, rasant les échoppes alimentaires et les bungalows près du rivage. « C’était de l’eau noire sentant le soufre, l’essence, qui était luisante », décrit-il, ajoutant : « C’était une grosse vague qui est arrivée brutalement. » Sur la taille de cette vague, chacun a son avis. Certains parlent de trois mètres, d’autres de cinq mètres, d’autres d’encore davantage. De très nombreux habitants effrayés par la succession de répliques sismiques ont pris la fuite vers l’intérieur des terres, convaincus qu’un autre tsunami allait arriver. En outre, un Saoudien a relaté les secondes tragiques où il a perdu à jamais sa femme et son fils. Hamed Abukhamiss, son épouse et deux de leurs enfants étaient en train de prendre un verre dans un café au bord de la plage à Pangandaran quand ils ont vu arriver le raz-de-marée. « Ma femme m’a dit : “Tu prends notre fille, je prends notre garçon !” Brutalement ils ont été balayés au loin par la force de l’eau », a raconté M. Abukhamiss. Lui-même a empoigné sa fille de 8 ans et ils ont été emportés par la vague et quasiment noyés. « J’étais comme dans le tambour d’une machine à laver, dans un tunnel », a-t-il décrit. « À un moment, alors que je me trouvais sous l’eau, je me suis dit j’en avais fini avec la vie, mais je n’ai pas abandonné. » Il a survécu, ainsi que sa fille. Mais sa femme âgée de 30 ans et leur fils de 3 ans n’ont pas eu cette chance. Après des recherches désespérées dans les décombres jonchant la plage, M. Abukhamiss les a retrouvés morts, agrippés ensemble. « Je ne sais pas comment je suis encore en vie », a-t-il confié, le corps recouvert d’hématomes et de coupures. Un professeur de mathématiques australien, Wayne Proctor, 46 ans, qui se promenait avec sa femme à Pangandaran, a relaté : « Nous avons entendu un grondement comme une cascade, une cascade énorme, se rapprochant de plus en plus et il s’est mis à y avoir beaucoup, beaucoup de vent. » « Nous avons couru dans la rue et nous avons vu de l’eau partout », a-t-il poursuivi. « Si nous avions été dans notre hôtel, je suis sûr que nous serions morts », a-t-il assuré, ajoutant : « Nous n’aurions pas survécu car l’eau est montée dans notre chambre jusqu’à une hauteur d’au moins deux mètres. » L’établissement où il était descendu avec son épouse a été pratiquement détruit, a-t-il précisé.

Portant simplement un maillot de bain et blotti dans une couverture, Heff Martin a échappé au pire : une vague qui a fauché des dizaines de personnes sur la plage indonésienne de Pangandaran. Ce touriste suisse de 26 ans tente de retrouver son calme dans la grande mosquée à deux étages de cette station balnéaire du sud-ouest de l’île de Java, en compagnie d’autres miraculés. Sa...