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Hbeline : le vieux dépotoir se transformera-t-il en décharge ?

Une fois le danger de Mounsef écarté, c’est le nom de Hbeline qui a une fois de plus été prononcé durant le Conseil des ministres du 28 juin dernier (consacré au plan de traitement des déchets municipaux), pour accueillir l’une des deux décharges consacrées au Mont-Liban et à Beyrouth. Hbeline, ce village de Jbeil qui n’a pas de conseil municipal, subit, depuis de nombreuses années, la présence d’un dépotoir sauvage situé dans l’une de ses vallées. C’est seulement récemment qu’un plan de réhabilitation a été mis en place, reposant sur une usine de tri et de compostage qui devrait traiter une grande partie des déchets, avec enfouissement du reste. Ce plan de quatre millions de dollars est financé par la mission apostolique, l’USAid et la Fédération des municipalités de Jbeil. Mais aujourd’hui, c’est une décharge pour deux mohafazats qui pourrait s’installer à Hbeline (si les rumeurs se confirmaient), sur le site même de l’ancien dépotoir, d’une superficie de 120 000 mètres carrés environ, un terrain surplombé de hautes et vertes montagnes, avec quelques habitations donnant sur la vallée et le centre du village à proximité. Du dépotoir à la décharge, ce sera des milliers de tonnes en plus que le site devra accueillir si son choix se confirme. Interrogés sur cette perspective, Antoine Issa, président du conseil municipal de Amchite (cette ville est toute proche de Hbeline), et Adel Khoury, vice-président de la Fédération des municipalités de Jbeil, assurent ne pas avoir été notifiés d’un éventuel choix de Hbeline pour la décharge et affirment leur refus catégorique de cette éventualité. « Nous ne pouvons accepter que tous les détritus des autres cazas du Mont-Liban et de Beyrouth finissent à Jbeil, affirme M. Khoury. Nous nous opposerons à ce plan par tous les moyens démocratiques et légaux. Avec le projet de réhabilitation de l’ancien dépotoir et la construction de l’usine, nous sommes à même de régler le problème de Jbeil, mais nous ne pouvons supporter tout le reste. » Pour sa part, M. Issa fait remarquer que les camions transportant les déchets seraient obligés de passer, le cas échéant, dans les ruelles étroites de Amchite. « Il nous est impossible d’accepter que quelque 200 camions passent chaque jour dans la ville », dit-il. Au cas où Hbeline ou tout autre endroit à Jbeil serait choisi pour accueillir la future décharge, l’opposition sera populaire et politique en même temps. Le parlementaire Walid el-Khoury affirme que les trois députés de Jbeil ainsi que ceux du Kesrouan sont solidaires pour refuser toute atteinte à cette région et prêts à mener campagne comme ils l’ont fait pour Mounsef. Selon lui, « le choix de Hbeline n’est pas arrêté, et la tendance serait que le Mont-Liban Nord ainsi que le nord de Beyrouth soient appelés à choisir un autre emplacement pour la future décharge ». M. Khoury affirme avoir évoqué le sujet avec le Premier ministre Fouad Siniora, mettant l’accent sur le sous-développement dans lequel vit la région et sur l’impossibilité d’accepter de traiter les déchets des autres cazas. « Nous avons une des plus belles régions encore vierges du pays, et nous comptons la préserver, dit-il. D’ailleurs, rien ne se fera par la force. Il est hors question que nous acceptions l’installation d’une décharge à Jbeil. Ce ne sera pas une bataille facile pour eux. » Plan de réhabilitation en cours La réhabilitation du dépotoir sauvage de Hbeline s’insère d’ailleurs dans cette volonté d’améliorer la région. L’usine de tri et de compostage est terminée et devrait devenir opérationnelle dans quelque deux semaines. La technique utilisée sera celle d’un compostage rapide, avec un tri semi-manuel. Adel Khoury explique que la plus grande partie des déchets seront ainsi traités et vendus, entre recyclage et compostage, et le reste enfoui. Il précise cependant que ce « reste » consiste principalement en des déchets industriels. Il admet que la future décharge contrôlée (pour la proportion de déchets non recyclables) n’a pas encore été préparée. Pour l’instant, un tri manuel artisanal est opéré au niveau de l’ancien dépotoir. Certains ont cependant un avis plus nuancé sur ce projet. Fifi Kallab, présidente de l’association écologique Byblos Ecologia, qui a longtemps milité pour la fermeture du dépotoir de Hbeline ainsi que pour empêcher la construction d’une décharge au même endroit, fait remarquer que « les détritus qui seront enfouis, les déchets industriels, sont les plus dangereux, d’où le fait que les efforts fournis dans le cadre du projet se réduisent à la réduction du volume des déchets, pas à la résolution du problème de pollution ». Les déchets dangereux dont elle parle sont principalement les restes des industries (ils sont bien visibles aujourd’hui dans le dépotoir), ainsi que les déchets d’abattoirs (certains s’y retrouvent actuellement). Pour ce qui est du compost produit, Mme Kallab estime qu’il ne sera pas d’une qualité vendable pour l’agriculture s’il n’est pas issu d’un tri à la source (dans les maisons) puisque, dans le cas contraire, les matières organiques qui composent ce compost seraient auparavant mélangées à des substances potentiellement toxiques (plastique, produits chimiques, etc.) Elle suggère donc que cette nouvelle méthode s’accompagne d’une mesure d’encouragement de tri à partir des maisons. Le terrain du projet (ainsi que celui pressenti pour une éventuelle décharge) est une propriété privée appartenant à la Fédération des municipalités, d’une superficie de 120 000 mètres carrés.
Une fois le danger de Mounsef écarté, c’est le nom de Hbeline qui a une fois de plus été prononcé durant le Conseil des ministres du 28 juin dernier (consacré au plan de traitement des déchets municipaux), pour accueillir l’une des deux décharges consacrées au Mont-Liban et à Beyrouth. Hbeline, ce village de Jbeil qui n’a pas de conseil municipal, subit, depuis de...