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Actualités - OPINION

IMPRESSION Pia-Pias

Si seulement nous avions nos « people », nous parlerions moins des sujets qui fâchent. Donnez-nous encore des Nancy Ajram, des Haïfa Wehbé, avec des histoires s’il vous plaît, des qui craquent sous la dent, d’amants, de ruptures, d’adoptions spectaculaires, d’accouchements médiatisés, d’enfants cachés, de chirurgie plastique, de photographes rabroués, de procès en atteinte à l’image et à la vie privée ; des scandales savoureux qui renvoient chacun à son tas de secrets. Jasons. Rien de tel qu’un people pour vous sortir l’aigreur qu’autrement vous déverseriez sur vos proches. Les people sont d’ailleurs nos proches. Dans ma famille, on se souvient encore d’une réflexion émue de tante Latifé : Comme je les aime, ces petits princes d’Angleterre ! Quand je vois leurs photos dans les magazines, j’ai l’impression de voir mes propres petits-enfants ! Oui, l’Angleterre a donné au monde ses petits princes, leur blondeur nordique, leur frange raide, leurs barboteuses du dimanche, leurs chaussures de petites filles. Plus tard, elle a donné au monde leurs galipettes et leurs fantasmes étranges. Elle a aussi livré à notre émoi ses froides princesses au sang chaud, ses deuils planétaires, ses annus horribilis et son infaillible dignité, envers et contre tout. Et que dire de Monaco dont le prince est le petit Larousse. Il sème à tout vent, et comme l’a recommandé le pape, met son préservatif à l’index. Le Japon s’étiole sans un héritier mâle, l’Espagne a une bien belle petite-fille, mais ce n’est pas un garçon, Emmanuel-Philibert, prince de Venise, fait des bêtises, et qui de Ségolène ou de François – qui de maman ou de papa – sera le président de la République française ? Tant d’histoires et rien chez nous. Car nous n’avons de stars que deux ou trois chanteuses dont les affiches se courent après sur les autoroutes, un joueur de basket propre sur lui, et une poignée de martyrs dont les portraits radieux nous affligent. Les politiques traînent leur gueule de carême entre télés et magazines, jouent entre eux des matches – vraiment – nuls , et ne parlent qu’à ceux qui les applaudissent. En revanche, ils n’intéressent plus grand-monde. Vite, un candidat à la célébrité, la vraie, pas celle d’un jour, pas celle d’une miss ou d’un académicien de bazar. Mais celle qu’on entretient à coup de frusques et de frasques, et de feinte indifférence aux couteaux qui pleuvront. Vite quelqu’un pour nous changer la vitrine, nous semer des paillettes dans le décor, et qu’il ait du talent, et qu’il ait de l’humour, et qu’il sache que nous dirons de lui pis que pendre, mais comme nous l’aimerons ! Fifi Abou Dib
Si seulement nous avions nos « people », nous parlerions moins des sujets qui fâchent. Donnez-nous encore des Nancy Ajram, des Haïfa Wehbé, avec des histoires s’il vous plaît, des qui craquent sous la dent, d’amants, de ruptures, d’adoptions spectaculaires, d’accouchements médiatisés, d’enfants cachés, de chirurgie plastique, de photographes rabroués, de procès en atteinte à...