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Médias - Pour Édouard de Rothschild, le journal est « très proche du dépôt de bilan » Inquiétude et désarroi à « Libération » sur l’avenir du quotidien

L’inquiétude et le désarroi régnaient hier à Libération après le départ annoncé de Serge July et les déclarations alarmistes prêtées à Édouard de Rothschild, l’actionnaire principal, selon lesquelles le titre est « très proche du dépôt de bilan ». Édouard de Rothschild, qui a demandé le départ du patron de Libération et du directeur général Louis Dreyfus, aurait déclaré hier au Parisien : « Libération est très proche du dépôt de bilan. » Dans l’entourage d’Édouard de Rothschild, on démentait qu’il ait tenu ces propos à la presse. « Pour le moment, il ne souhaite pas s’exprimer » auprès des médias, a-t-on ajouté, précisant que le conseil d’administration de Libération se réunira lundi prochain. Le conseil devrait valider le départ de Serge July et de Louis Dreyfus et examiner les comptes du quotidien. Au comité de rédaction, que pilote le directeur de la rédaction Antoine de Gaudemar, c’est la consternation et « les échanges sont vifs ». Avec un absent de marque, Serge July, dont le départ prochain est désormais acquis. Louis Dreyfus, également sur le départ, ne fait qu’une brève apparition, raconte à l’AFP François Wenz-Dumas, journaliste et délégué SNJ. Les propos alarmistes d’Édouard de Rothschild, qui détient 38,87 % du capital de Libération, ont fait le tour de la rédaction, encore sous le choc du départ imminent du patron de Libé. Pour Dominique Simmonot, journaliste, « c’est un peu comme un enfant riche qui a décidé de casser son jouet ». « Il y a une inquiétude sur la pérennité du titre et sur la forme que pourrait prendre Libération à l’avenir », confie Olivier Costemalle, journaliste du service médias. Malgré tout, rue Béranger, au siège du journal, la vie continue, sans remous excessifs. Alors que la Société civile des personnels de Libération, la SCPL, qui détient 18,45 % du titre, a rencontré mardi Édouard de Rothschild, les salariés sont dans l’expectative. « Il y a une réaction d’angoisse et d’inquiétude car nous n’avons que des bribes sur la réunion qui s’est tenue » entre les deux parties, résume Olivier Costemalle. La SCPL, qui devait rencontrer à nouveau hier Édouard de Rothschild, s’est engagée auprès des autres administrateurs à garder le secret sur ces discussions. Interrogée par les journalistes en conférence de rédaction, Catherine Maussion de la SCPL s’est bornée à déclarer que « la recapitalisation du titre » fait justement l’objet de discussions avec l’actionnaire, a-t-on appris auprès de plusieurs participants. Serge July avait précisé mardi à l’AFP que « Édouard de Rothschild avait demandé à Louis Dreyfus et (lui)-même de quitter le journal ». « Si ce départ peut favoriser le refinancement du journal, je n’y ferai pas obstacle », avait-il souligné. Commentant la menace du dépôt de bilan, agitée par Édouard de Rothschild, François Wenz-Dumas, élu au comité d’entreprise, ne cache pas sa colère. « Il (Rothschild) nous asphyxie. Il est en train de noyer le bébé. Il nous coupe la trésorerie, en inquiétant les banquiers, les annonceurs, les fournisseurs. » « C’est une attitude moralement choquante », ajoute-t-il. D’autant que « les salariés ne savent plus qui croire », relève le délégué syndical, qui s’inscrit en faux contre les propos de l’actionnaire. « Mardi, en comité de rédaction, Serge July nous a expliqué que l’on n’était pas en dépôt de bilan », rappelle-t-il. Libération, qui a bénéficié de 20 millions d’euros avec l’arrivée d’Édouard de Rothschild, « a accumulé 6 millions d’euros de pertes courantes en 2005, auxquels il faut ajouter le coût du plan social (55 départs et 4 démissions), soit environ 7 millions d’euros », résume-t-il. « Les pertes depuis le début 2006 s’élèvent à 4,5 millions d’euros », ajoute-t-il. Selon plusieurs sources, le besoin de refinancement du journal est évalué entre 10 et 15 millions d’euros.

L’inquiétude et le désarroi régnaient hier à Libération après le départ annoncé de Serge July et les déclarations alarmistes prêtées à Édouard de Rothschild, l’actionnaire principal, selon lesquelles le titre est « très proche du dépôt de bilan ».

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