Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Aujourd’hui, c’est la misère

Les gouvernements successifs de la période de l’après-guerre nous ont bercés d’illusions avec leur soi-disant politique de reconstruction et de réforme. Hélas, toutes leurs promesses sont en contradiction flagrante avec la réalité. Aujourd’hui, c’est la misère, aussi bien économique qu’intellectuelle. Notre pays est étouffé par sa dette, le gaspillage s’accroît, l’état catastrophique de notre économie encourage les précieuses ressources humaines du pays à l’émigration, nos entreprises font faillite, le chômage augmente, notre industrie et notre production sont à vau-l’eau, les services ne fonctionnent pas, le réseau électrique est déficient, l’infrastructure lacunaire, les plans sociaux et sécuritaires ne sont pas opérants, le système juridique est mis au service de la politique plutôt qu’au service des plaideurs, le citoyen s’appauvrit de plus en plus parce qu’il est obligé de payer des impôts qui ne cessent d’augmenter... Et nos seigneurs continuent de s’enrichir et de promulguer de nouvelles lois, chacun selon ses intérêts. Triste bilan ! Il y a plus grave encore : cette gangrène maligne et galopante qui attaque notre société et qui a nom la pénurie mentale. L’énumération de ses symptômes serait trop longue. Le tribalisme, le clientélisme et le népotisme que nous traînons et entretenons depuis longtemps sclérosent notre société ; le fanatisme se développe d’une façon inexorable, au détriment de la véritable foi et du patriotisme, la corruption prospère dans nos institutions et nos organisations, l’injustice et l’oppression sont généralisées, l’hypocrisie triomphe et la décadence continue de faire son œuvre. Comble du désastre : personne ne supporte plus personne. Nous vivons aujourd’hui dans une interminable phase de haine, extrêmement humiliante. Que de raisons pourtant, pour les Libanais, pour des frères, devenus presque ennemis, d’être solidaires et de se battre pour la consolidation et le renforcement de leur État, pour leur dignité et le maintien de leur indépendance plutôt que pour l’accession au pouvoir. Parce que la morale l’exige et que l’intérêt du pays l’impose. Parce que cette misère et aussi cette désorganisation évidente de notre gouvernement condamnent notre nation et notre économie. Surtout, elles consolident la puissance et motivent les hommes politiques qui ne cherchent qu’à affaiblir l’État, à amputer notre souveraineté, à nous manipuler cyniquement. Ce qui complique encore plus les choses, c’est que face à l’insécurité, à l’instabilité ambiante, les politiciens se révèlent incapables de remplir leur mission, de décider. Devant un tel palmarès, il est très difficile d’espérer un quelconque changement positif. Je suis indignée par cette misère qui ne cesse de s’accroître. Ne sommes-nous donc pas capables de sortir notre pays du gouffre ? Je crois qu’il importe de faire face dès aujourd’hui à toute cette misère par une nouvelle renaissance, dans tous les domaines de la politique et de la pensée, de modifier ainsi les régimes et les mentalités. Et pour cela, il faut commencer par éduquer. L’éducation nous permettra de développer nos esprits, notre comportement social, le sens citoyen, de combattre toute forme de domination et d’exploitation, de surmonter les obstacles érigés par l’ignorance et le fanatisme, de développer le sentiment que la diversité religieuse, culturelle et idéologique n’est pas une menace mais une opportunité et une richesse. Bref, de prendre conscience de la misère mentale et de la contrôler, pour pouvoir ensuite conduire lucidement le développement économique et s’engager consciencieusement dans l’entreprise de reconstruction d’un véritable État, une vraie nation, une vraie démocratie avec de vrais démocrates, et de réformer tout le système corrompu qui cessera alors de fonctionner suivant la loi du plus fort, du plus « malin ». Paula BOU RAAD
Les gouvernements successifs de la période de l’après-guerre nous ont bercés d’illusions avec leur soi-disant politique de reconstruction et de réforme. Hélas, toutes leurs promesses sont en contradiction flagrante avec la réalité.
Aujourd’hui, c’est la misère, aussi bien économique qu’intellectuelle.
Notre pays est étouffé par sa dette, le gaspillage s’accroît,...