Rechercher
Rechercher

Actualités

THÉÂTRE Version française de la pièce « Qu’elle aille au diable Meryl Streep » au Madina La guerre des sexes pour briser le silence

La même équipe et le même théâtre al-Madina pour la reprise, en version française, du 7 au 9 juin, de la pièce Qu’elle aille au diable Meryl Streep, d’après un roman de Rachid el-Daïf, adapté aux planches en français par Ahmad Kacimi et traduit en arabe par Élie Karam, qui est en même temps l’acteur principal avec Rana Alamuddine. Une pièce mise en scène par Nidal el-Achkar et placée conjointement sous l’égide de l’Association du théâtre al- Madina pour l’art et la culture, la Mission culturelle de l’ambassade de France au Liban et la Fondation Beaumarchais à Paris. Même décor minimaliste, même gestuelle mécanisée pour deux acteurs qui se livrent une guerre des sexes sans merci pour briser l’odieuse loi du silence. Ce silence imposé à l’intimité des êtres et à l’encontre de leur épanouissement individuel. Plus gutturale et crue dans sa version arabe, cette histoire de couple oriental se déchirant sur fond de guerre libanaise, comiquement stridente au départ, se termine dans un oppressant mélange poético-mélodramatique inutilement accentué. Entre-temps, toutes les vérités, tous les tabous, interdits, fantasmes, travers, illogismes, perversions (candides ou soigneusement camouflées), hypocrisies d’une société qui a du mal à se libérer sont balancés, vertement et ouvertement, sur la tête d’un public amusé et surpris par un tel hystérique (et théâtral !) déballage. Les détails les plus intimes des alcôves de la parité femme-homme sont évoqués sans voile ni pudeur, avec juste parfois un pseudosouffle de poésie. Combative radioscopie sexuelle pour une jeunesse en prise avec ses traditions sclérosées, et ses valeurs à revisiter et à aérer… Des êtres mal à l’aise dans leur masculinité, leur féminité, ployant sous le poids des images qu’on leur impose, voilà le spectacle. Délibérément froides et emphatiques sont la mise en scène et la direction des deux acteurs, presque robotisés, qui remplissent, beaucoup plus de leurs mots que de leurs gestes, l’aire scénique quasiment nue, hormis une banquette, une table et deux chaises, sur fond d’écran géant. Un écran où sont projettées les images de la mer et les façades délabrées ou en grumeaux de Beyrouth prise entre les tenailles du soleil couchant et du velours de la nuit. Diction française volontairement «libanisée» des acteurs avec même des bribes de phrases en arabe. Bien sûr, « la charmouta » fait plus couleur locale, et « baladi » est moins distinguo que p… Mine de rien, de petits détails qui font un ensemble relativement cohérent où le verbe, tonitruant, coléreux, bouillonnant d’une sève sexuelle exacerbée par la frustration et les nombreux surmoi d’une société pesante et non évoluée, demeure cependant la vedette sous les feux de la rampe. Edgar DAVIDIAN PS : « Qu’elle aille au diable Meryl Streep » sera donnée dans sa version française le 17 juin au Théâtre du Rond-Point à Paris.
La même équipe et le même théâtre al-Madina pour la reprise, en version française, du 7 au 9 juin, de la pièce Qu’elle aille au diable Meryl Streep, d’après un roman de Rachid el-Daïf, adapté aux planches en français par Ahmad Kacimi et traduit en arabe par Élie Karam, qui est en même temps l’acteur principal avec Rana Alamuddine. Une pièce mise en scène par Nidal...