Rechercher
Rechercher

Actualités

Sauver le printemps de Beyrouth

Il y a un peu plus d’un an, le Liban vivait encore sous le poids écrasant de la tutelle syrienne et de la présence humiliante des troupes de Damas sur son territoire. Il y a un peu plus d’un an, le pays vivait encore l’exil d’un général de l’armée libanaise, farouche opposant à l’occupation syrienne, et goûtait amèrement à l’injustice effarante de l’emprisonnement de Samir Geagea. Le peuple libanais, toutes composantes confondues, s’était alors soulevé pour mettre un terme à une phase noire de son histoire et avait réellement déclenché le processus d’une nouvelle étape…qui semble ne pas se réaliser ! On peut citer parmi les raisons de ce délai dans l’accomplissement de la « Renaissance libanaise » l’œuvre inachevée du rouleau compresseur dit « révolution du Cèdre » qui n’a pas pu, au cours des manifestations gigantesques et des élections parlementaires, emporter avec lui les deux premières magistratures du pays, connues pour être prosyriennes. La dynamique politique a été prise ainsi en otage entre une majorité parlementaire et ministérielle « souverainiste » (quoique la plupart de ses composantes étaient auparavant alliées de la Syrie) et une présidence de la République qui s’obstine à ne pas se convertir au « souverainisme ». Mais aussi, on peut évoquer le divorce entre les « forces du 14 Mars » et le général Aoun qui avaient, il n’y a pas longtemps, tissé ensemble la toile antisyrienne. Cet éloignement s’est accompagné d’un rapprochement entre ce dernier et le tandem chiite Amal-Hezbollah, et le maintien du président Lahoud dû aux tiraillements – pour et contre la démission – au sein d’une même équipe. Les cartes ayant été brouillées, l’opinion publique s’est retrouvée déchirée et déboussolée par une multitude de positions antagonistes, et elle fut donc paralysée. L’intérêt des acteurs politiques primant, comme d’habitude au Liban, sur celui du public, on a mis de côté toutes les questions de réformes économiques sérieuses en faisant preuve d’attentisme et d’apathie envers ces questions, pourtant prioritaires. Encore pis, alors que la flamme révolutionnaire du 14 Mars portait en son sein non seulement le rejet de l’occupation syrienne, mais aussi les aspirations d’une jeunesse qui refuse le confessionnalisme et rêve d’un État laïc – où le citoyen serait l’unique dénominateur et son État l’unique garant –, on observe un retour en force des clans et des « zaamate » confessionnels (comme du temps de la « moutassarrifiya »), avec un phénomène de suivisme populaire néoféodal sans précédent ! Au moment où nous avons rêvé durant des semaines à un avenir meilleur, une reprise économique, on se retrouve aujourd’hui face à une émigration en flèche, ou encore à des plans économiques inexistants avec en surface une corruption continue (comme en témoigne le problème de l’EDL et de milliers d’autres)… L’absence de nouveaux partis politiques et l’assassinat de deux figures-clés de la révolution du Cèdre – les deux journalistes penseurs Samir Kassir et Gebran Tueni – n’ont fait que rendre le paysage politique encore plus morne. Le Liban semble ne pas pouvoir sortir de cette phase cruciale, et le rêve réalisé par tout un peuple risque de s’atrophier et d’être sacrifié encore une fois sur l’autel des intérêts les plus égoïstes de notre classe politique. Mais faut-il continuer de la sorte ? Et comment sortir de cette impasse ? En présence des politiciens actuels, l’impasse me semble persistante. Ceux qui ont fait la guerre et envoyé des jeunes mourir aux fronts sont ceux-là mêmes – toujours vivants et riches, on ne sait comment – qui ont trahi la souveraineté et l’honneur de leur pays durant l’ère syrienne. Ce sont eux qui se sont proclamés « libérateurs » du pays et héros des révolutions après avoir encaissé des millions durant l’occupation… Ce sont toujours eux qui s’assoient autour d’une table ronde pour discuter de tout et de rien ! Assez de moquerie, messieurs, assez de théâtre ! Bachir EL-KHOURY
Il y a un peu plus d’un an, le Liban vivait encore sous le poids écrasant de la tutelle syrienne et de la présence humiliante des troupes de Damas sur son territoire. Il y a un peu plus d’un an, le pays vivait encore l’exil d’un général de l’armée libanaise, farouche opposant à l’occupation syrienne, et goûtait amèrement à l’injustice effarante de l’emprisonnement de...