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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - À la galerie Épreuve d’artiste, jusqu’au 24 juin Les humeurs de la corniche du front de mer, selon Martin Giesen

Il a accompagné l’histoire de la galerie Épreuve d’artiste dont il fut cofondateur, dès 1979. De Clemenceau à Saifi Village, en passant par Kaslik et Achrafieh, Martin Giesen a déposé son empreinte dans chacune de ces adresses, à travers une dizaine d’expositions qui ont confirmé une belle amitié avec le pays. Aujourd’hui, il paraissait normal à Amal Traboulsi, qui a décidé de « remettre les clefs » pour entamer un nouveau chapitre professionnel, de boucler la boucle avec son complice, dans une exposition qui sera, pour elle, la dernière. « C’est le début d’une nouvelle direction de travail, précise-t-il, une exposition célébration. » L’histoire raconte que c’est en remplaçant un peintre aquarelliste qui s’est désisté à la veille d’une exposition à la galerie Épreuve d’artiste que Martin Giesen s’est essayé à l’aquarelle. Un coup d’essai qui fut un coup de maître. Le peintre, qui venait d’un univers plus sombre et travaillait à l’huile, découvre la lumière, la clarté, les bleus de la mer, les ocres des façades d’immeubles. Avec lui, l’aquarelle devient plus dense, les toiles plus travaillées, la nostalgie plus solide, plus structurée et vivante. « Mon aquarelle aime la texture. » Elle aime également la nature libanaise, ses horizons, ses montagnes, son bord de mer, Batroun, Sannine. Une vie communautaire qui s’organise et une corniche sur le front de mer qu’il redécouvre à chacun de ses passages au Liban. « La corniche a toujours été un lieu de sociabilité, qui est très influencé par l’humeur de la ville. On y sent un pouls qui bat en fonction des saisons, de la lumière, du rythme de la semaine. Elle est la manifestation de l’humeur de la ville. » Installé aux Émirats arabes unis depuis huit ans, il a été doyen de la faculté des beaux-arts de l’Université américaine de Sharjah dès sa création. Il est actuellement professeur d’histoire de l’art et d’architecture. Il s’est remis à la peinture il y a deux ans, pour préparer cette manifestation. « Lors de ma dernière exposition en juillet 1997, l’ambiance était optimiste, marquée par une certaine renaissance de la ville. Cette année, j’ai senti une hésitation, une solitude et une attente teintée d’angoisse. » Une longue histoire Martin Giesen connaît bien, pour l’avoir observé et dessiné durant plus de 25 ans, le pouls de la ville. On se souvient de lui, image insolite qui lui va bien, poète décalé, hors du temps et de la réalité, un grand chapeau en paille sur la tête, esquissant en solitaire des dessins sur une place des Martyrs détruite. C’était au début des années 80 et les premières années de sa longue histoire d’amour avec le Liban, ses paysages du passé, ses repères défigurés par la guerre et le temps. Des paysages qui lui ont inspiré de très belles aquarelles avec, pour certaines, des lieux qui n’existent plus. Il fut le premier à immortaliser les vieilles chaises cannées de « Ahwit el-Azaaz », les joueurs de trictrac, les vendeurs de « kaak », les passants sur la corniche du front de mer. Et les façades des maisons et vieux immeubles, vestiges d’autres temps et de la guerre. En visitant cette exposition, avec lui pour guide, on retrouve, à travers 21 tableaux, ses sujets de prédilection et la « touche Giesen », reconnaissable même de loin. Avec, toutefois, certaines subtiles modifications, qu’il souligne : « Dans la toile que j’ai intitulée Beirut Blues, poursuit-il en l’indiquant, toile horizontale explosant de bleu, avec des personnages acteurs d’une scène sur la corniche, il règne une passivité, une indifférence des uns vis-à-vis des autres, une tristesse. Chacun regarde dans une direction, las. » Pour cette exposition, Giesen a également voulu peindre, outre la ville et Batroun, les paysages enneigés de Sannine. « J’ai eu besoin de trouver une image de stabilité et de sécurité. La montagne traditionnelle, qui décrit le travail à long terme du paysan, représentait pour moi une belle organisation. » Ce travail nouveau l’a amené à réaliser Metn terrasses dans un style surprenant, presque japonisant, et une répétitivité du thème méticuleuse et parfaitement rythmée. « Je suis surtout heureux quand je peins des pierres. » Et les pierres libanaises, la mer, la corniche le sont à leur tour, lorsque ses pinceaux les caressent du regard. Beyrouth, avec Giesen, oublie un moment son blues... Carla HENOUD

Il a accompagné l’histoire de la galerie Épreuve d’artiste dont il fut cofondateur, dès 1979. De Clemenceau à Saifi Village, en passant par Kaslik et Achrafieh, Martin Giesen a déposé son empreinte dans chacune de ces adresses, à travers une dizaine d’expositions qui ont confirmé une belle amitié avec le pays. Aujourd’hui, il paraissait normal à Amal Traboulsi, qui a décidé...