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Israël pointé du doigt dans l’attentat contre Mahmoud Majzoub Un responsable du Jihad islamique meurt dans l’explosion d’une voiture piégée à Saïda

Mahmoud Majzoub, l’un des chefs du Jihad islamique au Liban, a été tué ainsi que son frère Nidal, hier, dans un attentat à Saïda, aussitôt imputé à Israël qui a démenti toute implication. Cette opération est la première visant un haut responsable palestinien au Liban depuis plusieurs années. Il était 11 heures quand une Mercedes 280 grise a explosé dans un quartier résidentiel à l’entrée nord de Saïda, à Hay el-Boustan el-Kabir, à proximité de l’immeuble al-Barbir. Le véhicule piégé était stationné devant l’entrée du bâtiment dont Mahmoud Majzoub, surnommé Abou Hamza, 40 ans, occupe le cinquième étage. La charge, pesant entre un et deux kilos, selon les services de sécurité, était placée dans le coffre de la voiture et actionnée à distance. Elle a explosé au moment où Majzoub et son frère Nidal, 35 ans, sortaient de l’immeuble. Grièvement blessé à la tête, à la poitrine et à l’estomac, Abou Hamza a été évacué vers l’hôpital Hammoud de Saïda. Il devait succomber à ses blessures quelques heures plus tard « malgré toutes les tentatives pour lui sauver la vie », a indiqué une source médicale de cet établissement, alors que son frère a été tué sur le coup. Les lieux de l’attentat, après l’évacuation des deux frères Majzoub : le souffle de l’explosion a propulsé le toit de la Mercedes vers le bâtiment al-Barbir. Des véhicules ont été endommagés et les vitres de quelques appartements situés aux premiers étages de l’immeuble ont volé en éclats. L’explosion, qui a tué Majzoub et son frère, n’a fait que de légers dégâts matériels. Il faut dire que cet attentat ciblé a été perpétré un vendredi, jour chômé à Saïda. D’ailleurs, à part une épicerie située en face de l’immeuble al-Barbir, tous les magasins de la rue, théâtre de l’attentat, étaient fermés. Un habitant de l’immeuble al-Barbir indique qu’Abou Hamza avait déménagé dans ce bâtiment depuis un an. « Il était discret. On le croisait dans les escaliers ou à l’entrée de l’immeuble. » « Je ne savais même pas qu’il était responsable du Jihad islamique », ajoute-t-il. Il souligne aussi que « personne n’a été alerté par la Mercedes 280 grise stationnée devant l’immeuble parce qu’un véhicule de la même marque, du même modèle et de la même couleur était souvent garé dans cette rue résidentielle. Et son propriétaire se rendait régulièrement chez une famille habitant le bâtiment ». Véhicule vendu par procuration Toujours concernant l’automobile, des sources de sécurité ont affirmé qu’elle a été vendue à plusieurs reprises par le biais de procurations et que son propriétaire initial l’avait cédée et avait signé un document, devant notaire, le désistant de toute responsabilité. Soulignons que cette procédure est de mise quand la voiture n’est pas directement enregistrée auprès des autorités concernées. Les sources de sécurité précisent également que le dernier acheteur par procuration du véhicule est de nationalité jordanienne, ce qui privilégierait la piste israélienne. Quelques heures après l’attentat, le véhicule a été transporté à la caserne de l’armée de Saïda, pour la poursuite de l’enquête. On a noté également sur le terrain, que ce soit sur les lieux de l’explosion ou à la caserne de la ville, la présence des membres des services de sécurité du Hezbollah. Selon des informations concordantes, Mahmoud Majzoub avait mis sur pied un important dispositif de protection et changeait régulièrement de voiture au cours de ses déplacements. Selon les services de sécurité, il avait placé trois caméras de surveillance dans son immeuble, dont l’une à l’entrée du bâtiment. Ces caméras étaient toutes reliées à un écran dans son appartement du cinquième étage. Il semble, selon cette même source, que les supports d’enregistrement de ces caméras sont introuvables, ce qui indiquerait que quelqu’un a « visité » son appartement au moment de l’attentat, voire avant. Selon les services de sécurité, Majzoub était le responsable des opérations « à l’intérieur » des territoires palestiniens, chargé du recrutement au sein du Jihad islamique. Des sources palestiniennes dans le camp de Aïn el-Héloué ont affirmé, pour leur part, que Majzoub servait de lien entre le Jihad islamique et l’armée libanaise. Par ailleurs, selon diverses sources libanaises et palestiniennes, Abou Hamza était un réfugié palestinien naturalisé libanais depuis des dizaines d’années. Il était membre de la Jamaa islamiya avant de rejoindre les rangs du Jihad islamique et avait déjà échappé à deux attentats, l’un en 1999 et l’autre il y a deux ans, à Saïda, précisent des sources du mouvement fondamentaliste palestinien. Les menaces israéliennes Hier, une trentaine d’hommes appartenant au Jihad islamique attendaient devant les urgences de l’hôpital Hammoud. Nerveux, ils interdisaient l’accès de cette aile de l’établissement aux journalistes. Un cadre du mouvement, habillé d’un complet bleu marine et francophone, note que Majzoub était un important responsable du conseil du commandement du Jihad islamique et membre du conseil de la Choura du mouvement. Ce cadre impute la responsabilité de l’attentat à Israël et fait le lien entre l’explosion d’hier et l’attentat-suicide de Tel-Aviv perpétré par un kamikaze du Jihad islamique le 16 avril dernier. Il rappelle également qu’Israël avait annoncé à nouveau il y a deux mois de vouloir mener des opérations ciblées contre les responsables du Jihad islamique. Quelques heures après l’attentat, le Rassemblement des partis libanais de Saïda (dont le Hezbollah) et les groupes palestiniens de la capitale du Liban-Sud ont tenu une réunion à l’invitation du chef de l’Organisation nassérienne, Oussama Saad, qui a condamné « les agents israéliens qui circulent librement à Saïda ». À l’issue de la réunion, les personnalités présentes ont publié un communiqué dans lequel elles ont dénoncé « l’acte criminel qui a eu pour cible le projet national libano-palestinien et la sécurité de Saïda et ses résistants », appelant à l’unité des rangs libano-palestiniens. Le texte a condamné « l’intervention américaine flagrante dans la politique interne libanaise ainsi que la soumission de certaines forces politiques libanaises aux directives américaines, provoquant ainsi un déséquilibre politique et sécuritaire, et permettant à l’ennemi et à ses agents d’agir ». Le Rassemblement appelle enfin le gouvernement à assumer ses responsabilités, à démanteler les réseaux des services de renseignements et à « poursuivre les agents israéliens qui agissent librement depuis un an au Liban ». Une autre réunion a été tenue ultérieurement à la résidence de la députée du Liban-Sud, Bahia Hariri, qui a dénoncé « l’atteinte à la sécurité de Saïda ». Cette rencontre a rassemblé plusieurs responsables et notables de la capitale du Liban-Sud, qui ont décidé d’observer une journée de deuil aujourd’hui samedi. En début de soirée, une rencontre a réuni les groupes palestiniens de Saïda qui ont condamné à leur tour l’attentat et appelé à la résistance contre Israël. Le représentant au Liban du Jihad islamique, Abou Imad Rifaï, a indiqué que « les forces d’occupation israéliennes sont entièrement responsables de cet attentat, perpétré dans une tentative de sabotage du dialogue national interpalestinien en cours ». « Ce n’est pas la première fois que le Jihad islamique est la cible du Mossad », a affirmé Abou Imad Rifaï, rappelant que Majzoub, son épouse et son enfant avaient été blessés il y a deux ans dans un attentat également à Saïda. Coopération Hezbollah-Jihad Dans un communiqué, le Hamas a fait assumer « à l’entité sioniste et à ses agents la responsabilité de l’attentat qui constitue une dangereuse escalade ». Le responsable politique de la Jamaa islamiya, Bassam Hammoud, a aussi pointé du doigt Israël. Le Hezbollah a indiqué pour sa part dans un communiqué que « cet attentat, qui entre dans le cadre de la guerre que livre Israël contre le peuple palestinien, démontre le degré de noyautage sécuritaire israélien sur la scène libanaise avec tout ce que cela entraîne comme dangers. Ce crime ne constitue qu’un exemple de la violation israélienne du territoire libanais ». Soulignons que, dans le camp de Aïn el-Héloué, des partisans du Jihad islamique ont mis l’accent hier sur l’étroite coopération entre leur mouvement et le Hezbollah. « Nous avons donné une vingtaine de martyrs, des Palestiniens, des Libanais et des Irakiens, qui ont effectué des opérations anti-israéliennes, depuis le début des années quatre-vingt-dix, à partir du Liban-Sud », indique Bilal, montrant à l’appui un poster collé au mur, où figurent les noms et les portraits de ces « martyrs ». Lui et d’autres affirment qu’à « partir du Liban, les opérations contre Israël sont menées conjointement avec le Hezbollah, qui prévoit souvent l’entraînement des résistants du Jihad islamique ». Pour en revenir aux réactions, plusieurs personnalités libanaises ont condamné l’attentat, notamment le ministre des Affaires étrangères, Faouzi Salloukh, et la ministre des Affaires sociales, Nayla Moawad. Patricia KHODER
Mahmoud Majzoub, l’un des chefs du Jihad islamique au Liban, a été tué ainsi que son frère Nidal, hier, dans un attentat à Saïda, aussitôt imputé à Israël qui a démenti toute implication. Cette opération est la première visant un haut responsable palestinien au Liban depuis plusieurs années.
Il était 11 heures quand une Mercedes 280 grise a explosé dans un quartier...