Nabih Berry en médiateur

Le chef du Législatif, M. Nabih Berry, parraine la conférence de dialogue national et use de toute son habileté pour parvenir à un consensus sur les points figurant à l’ordre du jour. Bien que l’urgence de la tenue de cette conférence se manifestait depuis l’insistance du secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à obtenir l’application des résolutions 1559 et 1636, M. Berry garde le mérite de la réaction positive et de l’effort gigantesque fourni pour réussir l’entreprise. Le chef du Parlement a eu à convertir les exigences véhiculées dans les résolutions en des processus internes. Il s’agissait d’induire la logique de ces résolutions dans le cours quotidien des événements au Liban en laissant chacun des participants à la conférence choisir la façon d’y adhérer. L’entreprise a consisté à libaniser la tendance internationale au lieu d’internationaliser les divergences interlibanaises. À ce stade, faudra-t-il rappeler que la majorité des Libanais avait pris position contre la reconduction du mandat Lahoud, dénié aux Palestiniens le droit à l’armement et remis en question le maintien par le Hezbollah du sien après la libération, en mai 2000, et cela bien avant le vote de la résolution 1559 ? M. Berry continue à rechercher le moyen de concilier les positions divergentes libanaises, sans pour autant aligner le pays sur celles qui existent dans la région. Le succès d’une telle entreprise s’impose. Il a indiqué à l’intention des instances internationales qu’il existe une décision ferme de dialogue et de consensus car l’alternative serait une pression pour obtenir l’application des résolutions. Le Liban ne devra pas subir le sort des pays en quarantaine au moment où l’ensemble de ses citoyens sont d’accord sur les points contenus dans les résolutions internationales. L’ultime effort souhaité du président Berry serait qu’il évite de se ranger, en tant que leader du parti Amal, du côté d’un camp contre l’autre, mais plutôt qu’il concilie entre ses convictions de chef du Législatif et celles qui prévalent à l’intérieur de sa formation politique. Ainsi, il aura convaincu une grande frange de la communauté chiite de la justesse de ses points de vue et, naturellement, consolidé son rôle de médiateur entre tous les Libanais. Ibrahim K. GEMAYEL