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Le mont culminant à environ 2 900 mètres se dresse au cœur de l’île surpeuplée de Java Le Merapi, une montagne de feu qui effraie et ravit à la fois

Sur les flancs du volcan indonésien Merapi se croisent des villageois chassés de leurs rizières et des touristes attirés par la lave. La montagne de feu effraie ou ravit selon les avis. La station d’altitude de Kaliurang, à six kilomètres du cratère, est la dernière étape avant le périmètre interdit du sommet. De nombreux habitants, surtout jeunes ou âgés, ont déjà fui les lieux. Christian Awuy, 60 ans, le propriétaire de l’hôtel Vogels construit en 1926 par les colons hollandais, se frotte les mains. Il reçoit des réservations d’Allemagne, de Grande-Bretagne ou des États-Unis. «Quand le volcan est actif, il y a des touristes étrangers. Alors que les touristes indonésiens, eux, sont effrayés», explique-t-il à l’AFP. Il vient de se séparer d’un groupe de quatre Français venus admirer de nuit la lave qui s’écoule du Merapi. M. Awuy emploie deux guides et se targue de connaître les «chemins sûrs», y compris dans la zone jugée dangereuse par les autorités. Il refuse cependant d’aller à moins de trois kilomètres du périlleux dôme de magma qui crache des nuages opaques. Certains volcanologues en herbe aimeraient s’approcher davantage. «Il y a des chasseurs de lave. Ils possèdent des systèmes GPS, des chaussures à semelles spéciales, des vêtements ignifugés», détaille l’hôtelier qui a gravi deux fois avec Haroun Tazieff le Merapi. Le mont culminant à environ 2900 mètres se dresse au cœur de l’île surpeuplée de Java, à 35 kilomètres de la ville universitaire de Yogyakarta. Le strato-volcan explosif menace de lâcher des nuées ardentes, ou coulées pyroclastiques, des masses nuageuses composées de gaz brûlants et de fragments de lave solidifiée qui peuvent atteindre 500 degrés. «Il n’y a jamais eu d’éruption du Merapi sans nuée ardente», insiste Ratdomo Purbo, de l’Agence d’atténuation des risques volcaniques et géologiques indonésienne. L’effondrement possible du dôme de lave pâteuse, qui s’est élevé de 75 mètres en deux semaines, représente un danger majeur. «Du 4 au 9 mai, il y a une augmentation rapide du dôme, avec un flux de 150 000 mètres cubes (de lave) par jour», indique à l’AFP M. Purbo. Le drame du tsunami a montré combien l’Indonésie était mal préparée en termes de sécurité civile. Ce constat reste d’actualité pour le Merapi, qui avait fait 66 morts un jour de 1994. «Nous avons besoin de masques, car nous n’en possédons que quatre, ainsi que de lunettes de protection», souligne Suseno, de la cellule de coordination anticatastrophes de la province de Yogyakarta. Si le niveau d’alerte était relevé d’un cran, il faudrait évacuer en urgence jusqu’à 22 452 résidents. Quelque deux cents véhicules se tiennent prêts et dix-huit sites ont été aménagés, selon Suseno. Au bourg de Pakem, le collège public est ainsi transformé en un lieu d’hébergement humanitaire. On a empilé chaises et pupitres et recouvert le sol carrelé de nattes où se reposent les femmes. Les bambins courent pieds nus au milieu des kits d’hygiène de la Croix-Rouge. Temtrem, une mère de famille, occupe avec ses sept enfants et dix-huit autres personnes une salle de classe. À Kaliurang elle a laissé son mari ainsi que d’autres hommes qui s’accommodent du risque. «Ceux qui possèdent des vaches ou qui récoltent les avocats et les bananes doivent rester. Nous, cela fait cinq jours qu’on attend», glisse-t-elle. D’autres se lassent d’espérer un retour au calme du Merapi. Agustinus Suratijo et son épouse refusent de quitter leur échoppe de Kaliurang, où ils vendent des brochettes de lapin. «Hier, les responsables locaux nous ont dit de descendre vers des baraquements en nous promettant de l’aide. Nous sommes descendus, mais le soir nous sommes remontés. Je suis plus heureux ici», dit-il.
Sur les flancs du volcan indonésien Merapi se croisent des villageois chassés de leurs rizières et des touristes attirés par la lave. La montagne de feu effraie ou ravit selon les avis.
La station d’altitude de Kaliurang, à six kilomètres du cratère, est la dernière étape avant le périmètre interdit du sommet. De nombreux habitants, surtout jeunes ou âgés, ont déjà fui les...