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Actualités - REPORTAGE

II-Déminage : le traité d’Ottawa, pomme de discorde entre le Liban et les Nations unies

Deux problèmes de taille freinent le processus du déminage qui fonctionne au ralenti aujourd’hui au Liban, et qui est même quasiment gelé, à part quelques opérations ponctuelles jugées urgentes. D’une part, le manque de fonds, et, d’autre part, la décision politique du gouvernement de ne pas déminer la ligne bleue, afin de maintenir une zone de tension avec Israël, pour protéger la Résistance ou par peur d’une invasion israélienne (*). Mais il semble que ces deux problèmes soient fortement liés. En effet, le Liban n’a toujours pas signé le traité d’Ottawa, convention internationale signée et déposée auprès du secrétaire général des Nations unies en 1997 sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction. Et pourtant, le traité d’Ottawa, qui comprend 154 pays signataires, est aujourd’hui devenu un outil de droit international. Cette convention engage notamment les pays signataires à ne plus produire de mines antipersonnel, à détruire les mines en leur possession dans un délai de 4 ans, et à déclarer l’existence de tout territoire miné à l’intérieur de leurs frontières, au cours des 10 années suivantes. Mais le Liban, lui, se refuse toujours à signer le traité d’Ottawa, malgré les conseils réitérés par les Nations unies en ce sens. « De nombreux pays lient leurs dons à la signature du traité d’Ottawa, explique ainsi Allan Poston, haut conseiller technique du PNUD auprès du Bureau national de déminage, d’autant qu’ils sont obligés par le traité d’assister dans le déminage les autres pays signataires. Le Liban n’ayant pas signé le traité, il n’est donc pas prioritaire sur la liste des pays signataires. Alors que l’Iraq, l’Afghanistan ou le Soudan, ayant signé le traité, ont aujourd’hui plus de chances de recevoir une assistance ou des fonds en matière de déminage. » Certes, le Liban déclare officiellement qu’il travaille dans l’esprit du traité d’Ottawa, et qu’il se trouve dans l’impossibilité de signer la convention, à l’heure actuelle, car il est en situation de conflit avec Israël, État qui n’a pas non plus signé le traité, à l’instar des États-Unis, de la Russie et de la Chine. « Mais cette position ne suffit pas, même si le Liban a fait de remarquables progrès en matière de déminage. Ce que les Nations unies voudraient, c’est que le Liban signe le traité d’Ottawa », estime Allan Poston, ajoutant que les États signataires soutiennent le Liban, mais ne lui accorderont pas de fonds substantiels pour le déminage tant qu’il n’aura pas ratifié le traité. Davantage de transparence, un programme de déminage bien défini et, surtout, une décision politique de déminer le territoire libanais dans sa totalité, notamment la ligne bleue : les Nations unies placent la barre de leurs exigences bien haute, sans compter, certes, la signature par le Liban du traité d’Ottawa. Ne pas se plier aux exigences de l’ONU impliquerait donc pour le Liban de gérer la situation avec les moyens du bord, autrement dit de garder son territoire miné pour une vingtaine d’années encore, vu le rythme avec lequel les opérations de déminage sont actuellement menées. (*) Voir « L’Orient-Le Jour » du mercredi 10 mai 2006
Deux problèmes de taille freinent le processus du déminage qui fonctionne au ralenti aujourd’hui au Liban, et qui est même quasiment gelé, à part quelques opérations ponctuelles jugées urgentes. D’une part, le manque de fonds, et, d’autre part, la décision politique du gouvernement de ne pas déminer la ligne bleue, afin de maintenir une zone de tension avec Israël, pour protéger...