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Actualités - CHRONOLOGIE

RENCONTRE - L’auteur signera son livre, ce soir, à 18h, à la librairie al-Bourj « Beyrouth, la ville, la mort » de Jacques Beauchard, observations sur « l’actualité future »…

Il a suivi, « heure par heure, au téléphone », la manifestation du 14 mars 2005. Comme s’il y était. « J’étais en France, mais mes amis libanais m’informaient, en détail, du déroulement de cette journée », signale le professeur Jacques Beauchard, sociologue (professeur à Paris XII), observateur assidu et passionné de la scène sociopolitique libanaise. Cette Puissance des foules (pour reprendre le titre de l’un de ses précédents ouvrages) qui s’est manifestée ce jour-là lui a inspiré Beyrouth, la ville, la mort. Un essai – qui vient tout juste de paraître aux éditions de l’Aube – qui s’articule autour du thème de la « résilience » de cette ville phénix. À Beyrouth, où il signe son livre, ce soir à la librairie al-Bourj (immeuble an-Nahar, centre-ville, à partir de 18h), l’auteur prévient d’emblée qu’il ne s’agit pas d’un ouvrage historique (même s’il aborde brièvement quelques chapitres de l’histoire antique de Béryte), mais d’« un ouvrage plongé dans l’actualité future, qui explique comment la ville se débrouille aujourd’hui pour faire face à son sort ». Résilience « L’objet de ce livre est de montrer qu’il y a là une société qui résiste à tout, qui a traversé les épreuves de la guerre civile et qui, paradoxalement, tient aujourd’hui le coup face à toutes les provocations, souligne Jacques Beauchard. Comment expliquer cela ? Je crois que c’est la question de la résilience. Il s’agit de résistance, mais d’autre chose encore. Je crois que la ville de Beyrouth a acquis, après la guerre, une urbanité de sa mosaïque culturelle et communautaire qui lui permet de résister aux réelles incitations belliqueuses », indique l’auteur qui signale, néanmoins, « le risque d’actualisation de ces menaces dans la brutalité » et « s’étonne que ça tienne », dit-il. C’est cette ville, en perpétuel recommencement, oscillant constamment entre la vie et la mort, « entre la douceur de vivre et les difficultés, l’affrontement », que s’attache à décrire et à expliquer le sociologue français. Une ville « centre du monde, qui porte en elle quelque chose de prémonitoire. Car, comme le dit Amin Maalouf, le Liban est ce rosier fragile planté au pied de la vigne : un annonciateur de maladie », soutient le professeur Beauchard. « Beyrouth a souffert, la première, de bien de malheurs. Ce qu’elle a vécu, d’autres villes, Sarajevo, par exemple, l’ont vécu par la suite. Cette guerre de l’autre, à la fois guerre civile et guerre internationale qui prend éventuellement la figure du terrorisme, tout cela, c’est Beyrouth qui l’a expérimenté en premier. » Une culture commune et urbaine L’auteur qui, depuis novembre 1990, vient régulièrement, deux à trois fois par an, à Beyrouth donner des conférences à l’USJ et à l’ALBA, porte sur son sujet un regard très intéressant d’étranger et d’intime. Un regard global et analytique. Observateur de l’extérieur et de l’intérieur, il scrute, dissèque, étudie, réfléchit et note les moindres événements, les plus infimes évolutions du paysage de Beyrouth. Des changements territoriaux qui induisent des changements de comportements, de conduites, d’habitudes, et qui préfigurent d’un nouveau Beyrouth. « Au cours de ces quinze dernières années, j’ai vu la ville cassée et j’ai assisté à sa renaissance. J’ai pu voir le grand corps de Beyrouth étendu, retrouver vie et architecture. Et à travers les changements de la ville, la reconstruction du Balad, le port, l’aéroport, l’autoroute, j’ai été témoin de l’urbanisation du Liban », dit-il. Une urbanisation qu’illustre particulièrement l’autoroute du littoral, auquel l’auteur consacre tout un chapitre. « C’est le lieu où la société beyrouthine est en expansion et mutante. Sur l’autoroute, il y a une égalité, parce qu’on est tous dans le flux, dans le passage. On est atomisé, dans le mouvement. Et on se détache à ce moment-là des conduites communautaires. » Lesquelles sont remplacées par une espèce d’« identité du mouvement ». Cela crée une façon différente de vivre la ville, tout au long de cette autoroute, du Nord au Sud… « Il y a une sorte d’identification de la ville avec son autoroute, relève l’auteur. Qui rappelle qu’« on parle, d’ailleurs, de l’autoroute de Dora, de Jounieh, de Zouk. Elle est déclinée suivant les anciens centres-villes qui s’étaient formés durant la guerre ». Pour Jacques Beauchard, c’est une évidence, une certitude : « Beyrouth sera demain entièrement disposée le long de cette façade. » Une Beyrouth du futur qui s’étendrait « de Saïda à Jounieh, qui serait polycentrique. Et qui participerait d’une culture de plus en plus commune et urbaine », conclut le professeur Beauchard qui destine son livre à ses étudiants libanais, comme à « tous ceux qui veulent écouter ce que peut leur raconter la ville de Beyrouth aujourd’hui ». Zéna ZALZAL
Il a suivi, « heure par heure, au téléphone », la manifestation du 14 mars 2005. Comme s’il y était. « J’étais en France, mais mes amis libanais m’informaient, en détail, du déroulement de cette journée », signale le professeur Jacques Beauchard, sociologue (professeur à Paris XII), observateur assidu et passionné de la scène sociopolitique libanaise.
Cette Puissance des...