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Deux blessés par balles dans une rixe interdruze toujours hospitalisés Atmosphère tendue à Khalwat Kfeir, après l’incident de lundi

Même si Khalwat Kfeir a retrouvé son calme hier, l’atmosphère dans ce petit village exclusivement druze de Hasbaya était toujours tendue. L’armée qui s’était déployée dans la localité après l’incident de lundi y était toujours présente. Deux blessés par balles lors de l’incident, Kamal Bou Brahim et Youssef Bou Saab – appartenant chacun à un clan – étaient toujours hospitalisés, Bou Brahim se trouvant dans un état grave. Ces deux cheikhs druzes assistaient aux funérailles d’un homme originaire de Khalwat Kfeir, Imad Abdelkarim, quand une rixe a éclaté entre des proches du député PSP de Rachaya, Waël Bou Faour (qui est originaire de ce village de Hasbaya), et l’ancien ministre Wi’am Wahhab et ses gardes du corps qui étaient armés. Selon la version de M. Bou Faour, « l’ancien ministre est arrivé d’une façon provocante au village à la tête d’un convoi composé d’une vingtaine d’individus armés, arrêtant des véhicules et bloquant des routes. Non loin de l’endroit où se déroulaient les funérailles, une rixe les a opposés à des personnes originaires de Khalwat Kfeir. Les gardes du corps de M. Wahhab, armés de pistolets et de kalachnikovs, ont tiré en direction des habitants du village, faisant des blessés ». L’un des blessés par balles est le grand-père maternel du député de Rachaya, Youssef Bou Saab, 85 ans, qui a été atteint à la jambe. Une personne de la famille du député, Mounir Bou Faour, a été blessée au visage par des éclats de balles. De son côté, l’ancien ministre, Wi’am Wahhab, a affirmé que des militants du PSP ont voulu bloquer son convoi mais que lui-même a tenu à poursuivre son chemin. « Ces individus ont alors ouvert le feu en notre direction, procédant ainsi à une véritable tentative de meurtre. Leurs tirs ont atteint cheikh Kamal Bou Brahim qui a voulu me protéger. Une rixe a éclaté ensuite entre les militants du PSP et les partisans de l’émir Talal Arslane. » Il convient de préciser que le frère de Kamal Bou Brahim est le responsable du parti arslaniste au village. À Khalwat Kfeir aussi, les versions diffèrent selon l’appartenance des habitants. Et même s’ils ne tiennent pas le même discours, les personnes interrogées mettent l’accent « sur le calme qui règne dans ce village qui n’a jamais connu la discorde, même sous l’occupation israélienne (de 1982 à 1985) » et tous admettent que « l’affaire est politique ». Beaucoup aussi préfèrent se taire, affirmant que « rien ne s’est passé au village » ou encore qu’il « faut s’adresser à l’armée qui encercle la localité ». Certains parlent d’un règlement de comptes entre Fayçal Daoud, ancien député prosyrien de Rachaya, candidat malheureux aux dernières législatives, et Waël Bou Faour, actuel député du caza. C’est que Fayçal Daoud est un parent par alliance au défunt originaire de Khalwat Kfeir et qu’il a adressé des faire-part à ses alliés : Wi’am Wahhab et Élie Ferzli (qui a quitté les lieux à pied quand la rixe a éclaté). Plus d’un, appartenant aux clans joumblattiste et arslaniste, sont catégoriques : les habitants du village – qui assistaient aux funérailles – n’ont pas ouvert le feu. Comme s’il voulait parler au nom de toute la localité, le moukhtar Saleh Amer indique d’emblée qu’il « avait été élu d’office » et souligne que « nous avons toujours vécu en paix », précisant au passage que le village est situé à 900 mètres d’altitude, à 15 kilomètres du Mont Hermon et qu’il abrite 1 800 âmes. Au sujet de l’incident, il affirme que « les habitants de Khalwat Kfeir n’ont pas ouvert le feu. D’ailleurs, ils ne portaient pas des armes, lundi, aux funérailles ». Mais le moukhtar tient à ce que « tous les responsables de la rixe soient traduits en justice, que ce soit les gardes du corps de Wi’am Wahhab qui ont ouvert le feu ou les habitants du village qui ont jeté des pierres en direction du convoi de l’ancien ministre ». Racontant sa version des faits, le moukhtar indique que « les habitants du village ont été surpris de voir M. Wahhab arriver à la tête d’un convoi d’une vingtaine de voitures. Quand le père de Waël Bou Faour, Wehbé, qui était présent aux funérailles, a été informé de l’affaire, il a voulu quitter les lieux avec sa famille et ses proches. À l’entrée de la place où se tenaient les funérailles, des habitants du village ont voulu empêcher Wi’am Wahhab de s’approcher en jetant des pierres. Les gardes du corps de ce dernier ont riposté en ouvrant le feu ». « Wi’am Wahhab s’est rendu lundi au village dans l’intention de semer la discorde », poursuit-il. Le moukhtar affirme que les habitants de son village sont connus « pour leur esprit consensuel ». « La présidence du conseil municipal échoit, tour à tour, aux joumblattistes et aux arslanistes, pour une durée de trois ans », dit-il. « On ne peut pas toujours accuser Damas de nos déboires, maintenant les Syriens sont partis », conclut-il. La version des Bou Brahim C’est une autre version qu’on entend chez la famille Bou Brahim. Fayez, le neveu de Kamal qui a été atteint par balle à l’estomac et transporté hier de l’hôpital de Marjeyoun à celui de Nabatiyeh, en veut à Wehbé Bou Faour et ses proches. Fayez et d’autres personnes de la famille Bou Brahim affirment que « c’est Wehbé Bou Faour qui est l’instigateur de l’incident ». Il indique aussi que son oncle Kamal a été blessé par les balles d’une personne du village « qui n’a toujours pas été identifiée ». Il retourne sur les lieux de l’incident et note qu’il « est impossible qu’une balle tirée par les hommes de Wi’am Wahham ait pu atteindre Kamal Bou Brahim (70 ans). Le tir devait provenir d’une arme brandie par une personne présente déjà aux funérailles ». Le neveu du blessé cite plusieurs personnes de la famille Bou Faour qui ont provoqué l’incident en jetant des pierres, en tirant vers le convoi de M. Wahhab, et même en frappant au visage l’ancien ministre. Il souhaite que la justice soit impartiale. En réponse à une question, l’une des personnes présentes chez les Bou Brahim précise que l’incident de Khalwat Kfeir n’est pas un accrochage entre joumblattistes et arslanistes, « c’est une rixe entre les partisans du PSP et Wi’am Wahhab ». Certains vont même jusqu’à accuser les Bou Faour d’avoir eux-mêmes invité Wi’am Wahhab. Wehbé Bou Faour ne se trouvait pas hier à Khalwat Kfeir. Un proche, Souheil Bou Faour, responsable du PSP dans la localité, martèle qu’aucune personne du village n’était armée lundi lors des funérailles. Présent sur les lieux de l’incident, il indique que les balles qui ont visé les cheikhs Kamal Bou Brahim et Youssef Bou Saab avaient la même provenance : les hommes de Wi’am Wahhab. « Cet homme-là est venu dans l’intention de semer la discorde au village », dit-il. Il reprend la version de Waël Bou Faour et confirme que les personnes originaires du village ont effectivement jeté des cailloux en direction du convoi de Wi’am Wahhab. Il souhaite que la justice prenne rapidement son cours. Sur le plan sécuritaire, les efforts et les contacts se sont poursuivis pour circonscrire l’incident de Khalwat Kfeir Dans ce cadre, le Premier ministre, Fouad Siniora, est entré en contact avec les chefs de services de sécurité et des forces présentes sur le terrain à Hasbaya dans le but de prendre les mesures susceptibles de préserver le calme dans le caza. Le chef du gouvernement est également entré en contact avec le chef du PSP, Walid Joumblatt, l’ancien ministre Talal Arslane, ainsi que l’ancien député Fayçal Daoud. Le ministre de l’Intérieur par intérim, Ahmad Fatfat, a de son côté indiqué que « les forces de l’ordre et l’armée ont accompli leur devoir et que la troupe a arrêté un grand nombre d’individus armés qui ont pris part aux agressions dans la région de Hasbaya ». Patricia KHODER
Même si Khalwat Kfeir a retrouvé son calme hier, l’atmosphère dans ce petit village exclusivement druze de Hasbaya était toujours tendue. L’armée qui s’était déployée dans la localité après l’incident de lundi y était toujours présente. Deux blessés par balles lors de l’incident, Kamal Bou Brahim et Youssef Bou Saab – appartenant chacun à un clan – étaient toujours...