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CONCERT - À l’amphithéâtre du Collège de l’Annonciation (Achrafieh) Rien que du Mozart, avec Tatiana Primak-Khoury…

Elle est toujours aussi belle qu’une héroïne de roman de Tourgueniev et sa touche au clavier est à la fois velours et puissance d’acier. Elle se bonifie, comme le bon vin avec le temps, Tatiana Primak-Khoury, dont le talent, les prestations remarquables et la beauté sur scène ne sont plus à présenter aux pianophiles libanais. Par un temps curieusement orageux, comme aux jours les plus noirs de décembre, un public restreint s’est retrouvé à l’amphithéâtre du Collège orthodoxe de l’Annonciation (Achrafieh) pour applaudir une pianiste d’origine russe vivant au Liban et dont le talent au clavier est au-dessus de tout éloge. Au menu proposé, rien que du Mozart… À peine les portes du Festival al-Bustan fermées, après vingt-cinq soirées « mostly » (pour reprendre la formule de la présidente du festival) consacrées à la musique de Mozart, voilà encore une soirée de plus, bonus inespéré en ce temps maussade, réservée au génie de Salzbourg. Il ne s’agit pas de reprises piquées dans tous les concerts, mais un choix attestant de l’humeur «grave» d’un Wolfgang souvent plus porté au charme, à la spontanéité, au ludique… Vêtue d’un léger ensemble noir, les cheveux dénoués sur les épaules, gracile et gracieuse, Tatiana Primak-Khoury s’est attaquée en toute paix à la Fantaisie (D-moll K397) de Mozart. Par touches aériennes et impalpables, la mélodie a flotté dans l’air comme le parfum d’une essence rare… Triste et rêveuse mélodie, jaillie des idées un peu sombres de celui qui pourtant aimait tant rire… Suit, sur un ton plus enjoué et vif, un Rondo (a-moll KV511). Pour conclure la première partie du programme, une Sonate (a moll KV310) en trois mouvements (allegro maestoso, andante cantabile et presto). Alliant une certaine solennité, la plus douce des tendresses et l’agilité la plus surprenante, cette œuvre expressive et déployant une riche palette de nuances est un véritable enchantement. Petit entracte et reprise avec une nouvelle Fantaisie en do mineur KV475, tout aussi brillante et séduisante que la première. Une œuvre qui s’attache aussi à annoncer les premiers sillons de l’inspiration beethovénienne dans sa rigoureuse articulation… Pour prendre le relais, tout en gardant le même ton, voilà, pour terminer le concert, la Sonate aussi en do mineur KV457 de Mozart. Longue narration se déployant fastueusement en grandes arches sonores où l’inimitable voix du génie de Salzbourg atteint, avec brio et une discrète bravoure, des cimes de beauté où le calme et les frémissements ont des cheminements secrets, quand même agités. Une pluie d’applaudissements pour un public totalement médusé par un programme envoûtant et surtout un jeu hypnotique. En bis, avec la grâce d’un sourire radieux, Tatiana Primak-Khoury a cédé à une œuvre moins élitiste et plus populaire (si l’on ose l’expression avec Mozart!): Alla Turca (Marche turque). Vivacité, légèreté et surtout bonne humeur pour des notes dorées qui éclatent en un féerique feu d’artifice… Pour cet inestimable moment de grâce, on a oublié le mauvais temps et ses mauvais tours en avril où, après tout, comme dit le dicton, il ne faut pas se découvrir d’un fil… Edgar DAVIDIAN

Elle est toujours aussi belle qu’une héroïne de roman de Tourgueniev et sa touche au clavier est à la fois velours et puissance d’acier. Elle se bonifie, comme le bon vin avec le temps, Tatiana Primak-Khoury, dont le talent, les prestations remarquables et la beauté sur scène ne sont plus à présenter aux pianophiles libanais. Par un temps curieusement orageux, comme aux...