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Actualités - CHRONOLOGIE

Festival al-Bustan L’Orchestre symphonique national libanais en grande forme et trois brillants solistes

Deux soirées consécutives où les grandes vagues sonores orchestrales ont résonné à l’auditorium Émile Boustany grâce à l’Orchestre symphonique national libanais, en grande forme, placé sous la vigilante houlette de Marco Parisotto. En solistes, le violoniste Kirill Troussov, sa sœur la pianiste Alexandra Troussova et le flûtiste Massimo Mercelli, tous également brillants. Avec un programme faisant la part belle bien entendu à Mozart (mostly Mozart comme l’affirme le slogan du festival) qui a été célébré pour de si nombreuses soirées depuis bientôt deux mois à Beit-Méry. Le samedi soir, le concert, outre la courte ouverture de La Clémence de Titus de Mozart et la somptueuse Symphonie n°2 de Brahms, était marqué surtout par la prestation du talentueux et jeune violoniste Kirill Troussov qui a mis la scène en feu par une interprétation au-dessus de tout éloge. Son archet a donné vie et chair au vibrant Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op35 de Tchaïkovsky, le plus cosmopolite des musiciens russes. Opus parfaitement équilibré, il est bâti en trois mouvements. Il établit un dialogue éblouissant entre le soliste et l’ensemble. Le premier mouvement (allegro moderato) se signale par sa cadence, extrêmement difficile ; le second (andante) est une Canzonetta au charme mélancolique ; le troisième (allegro vivacissimo) est une improvisation constante qui ne manque ni de souffle ni de chaleur. Les thèmes populaires dont la partition est tissée lui confèrent un caractère profondément slave. Atouts merveilleusement mis en valeur par un violoniste au jeu sobre, éminemment séducteur et d’une absolue netteté. Vêtu d’une chemise en soie noire, d’un pantalon noir et de chaussures noires en lustrine, les cheveux châtain clair coupés courts, Kirill Troussov a été longuement applaudi par un public tétanisé et ivre de plaisir. En bis, un incantatoire et vertigineux Caprice (n24) de Paganini. La magie était totale. Si le dernier concert a été donné, il n’en est pas pour autant le dernier événement du Festival al-Bustan qui se prépare ce soir avec Jean Piat interprétant à lui seul la pièce sur Mozart de Schaffer. Les innombrables ressources du clavier avec Alexandra Troussova Derniers accords donc dimanche soir avec deux hôtes de choix : Alexandra Troussova et Massimo Mercelli. Premières mesures du clavier répondant avec éclat au souffle de l’orchestre avec Alexandra Troussova derrière les touches de l’ivoire. Jupe longue noire en mousseline, bustier argenté avec épaules nues pour des cheveux d’un blond vénitien descendant en cascades jusqu’à mi-dos, Alexandra Troussova, visage de star, allie en toute simplicité la beauté et le talent. Sous ses doigts le Concerto n9, connu par Jeune homme (allusion à la virtuose Mademoiselle Jeunehomme qui fut d’ailleurs la première à interpréter cette œuvre) s’est transformé en un joyau d’une beauté à la fois diaphane et translucide. Narration en trois mouvements (allegro, andantino, rondo) avec les subtilités et les nuances mozartiennes enserrées dans une maille fine comme une lumière irisée où charme, légèreté et spontanéité du génie de Salzbourg éclatent comme des bulles à la luisance opalescente… La touche d’une insaisissable douceur d’Alexandra Troussova apporte un plus à cette œuvre habitée d’une grâce particulière. Applaudissements nourris de l’auditoire et en bis, gage d’une indéfectible complicité professionnelle et fraternelle, Troussova interprète le Caprice (n24) de Paganini joué la veille au violon par Kirill Troussov et transcrit ici pour le piano par Liszt. Admirable moment où les voix du violon et du clavier ont brusquement de très insolites correspondances, mais où l’essence de l’art reste immuable : toucher le cœur et l’esprit et ne jamais perdre le sens de l’émotion… Après l’entracte, place aux murmures et aux confidences du vent portés toujours par l’inspiration du divin Mozart. Le Concerto pour flûte KV 313, avec un orchestre réduit approximativement à trente musiciens seulement, avait pour maître de cérémonie Massimo Mercelli. Trois mouvements (allegro maestoso, adagio non troppo, tempo di menuetto) pour exprimer toute la douceur éolienne de celui qui savait dire combien la flûte est enchantée et enchanteresse… Œuvre fluide et soyeuse comme un souffle insaisissable et qui a la légèreté d’une fine poudre d’ailes de papillon qui se dépose discrètement partout sans trop savoir ni pourquoi ni comment… En bis, pour que le vent reste maître des lieux, en solo absolu, ce chant de Sirène de Claude Debussy. Sonorités mystérieuses nimbées d’une aura mythique… Médusé, le public avait brusquement l’ouïe d’Ulysse sous le charme et les sortilèges de l’appel des redoutables naïades de l’île de Cythère… Nouvelle pluie d’applaudissements. Pour conclure, une œuvre torrentielle, majestueuse, d’une précision de métronome : la Huitième symphonie en fa majeur de Beethoven. Ce n’est guère un hasard si l’on évoque ici le métronome car il s’agit bien d’un hommage et d’une variation sur le temps que le maître de Bonn opère dans cette narration aux quatre mouvements adroitement imbriqués. Un « allegro vivace e con brio » qui expose le thème, un « allegretto scherzando » construit sur un tic-tac régulier (écrit justement par Beethoven en l’honneur de l’inventeur du métronome). Un « tempo di menuet to » avec la grâce et la finesse des plus inspirées des pages de Mozart, et pour terminer le « finale », un « allegro vivace » habilement construit sur un thème populaire hongrois avec rythmes, couleurs et exubérance. Tonnerre d’applaudissements. Révérence et salut de Maestro Parisotto et des musiciens. S’efface Mozart en musique après une fastueuse chaîne de manifestations où, sur tous les tons et tous les timbres, le génie de Salzbourg était fêté. Mais reste ce soir, pour un dernier lever de rideau, le verbe de Jean Piat. Mozart for ever, Mozart toujours omniprésent… Edgar DAVIDIAN

Deux soirées consécutives où les grandes vagues sonores orchestrales ont résonné à l’auditorium Émile Boustany grâce à l’Orchestre symphonique national libanais, en grande forme, placé sous la vigilante houlette de Marco Parisotto. En solistes, le violoniste Kirill Troussov, sa sœur la pianiste Alexandra Troussova et le flûtiste Massimo Mercelli, tous également...