Élections ukrainiennes - Iouchtchenko favorable à la réunification de l’équipe orange Le camp prorusse se prépare à un retour en force

Les Ukrainiens ont voté hier pour élire leur Parlement, un scrutin crucial pour l’avenir de la politique prooccidentale du pays lancée par la Révolution orange, alors que le parti prorusse devrait, selon les sondages, effectuer un retour en force. L’opposition prorusse du Parti des régions est arrivée en tête avec 33 % des suffrages aux législatives hier en Ukraine, selon un sondage à la sortie des bureaux de vote. Le Bloc Ioulia Timochenko (opposition), ancienne alliée du camp prooccidental de la Révolution orange, dirigé par président Viktor Iouchtchenko, a réalisé une percée surprise en arrivant en deuxième position avec 23 % des voix, selon ce sondage. La coalition de M. Iouchtchenko ne recueille que 14 % des suffrages, d’après cette enquête. Le sondage dont les résultats ont été diffusés en direct par la télévision a été réalisé par le centre Razoumkov et l’Institut international de sociologie de Kiev, avec une marge d’erreur se situant entre 1,5 % et 3 %. Les bureaux de vote ont fermé à 22h00 locales, mais les électeurs qui s’y trouvaient au moment de la fermeture pouvaient encore voter, selon la commission électorale centrale. Plusieurs autres forces politiques devraient pouvoir entrer au Parlement, selon le même sondage. Il s’agit des socialistes proches du président (5 %) ainsi que des communistes (3 %) et du bloc d’extrême gauche Opposition populaire Natalia Vitrenko (3 %), très hostile au chef de l’État. Près de 37 millions d’Ukrainiens étaient appelés aux urnes pour élire le nouveau Parlement qui doit désigner le futur gouvernement aux termes d’une récente réforme constitutionnelle. Celle-ci réduit considérablement les prérogatives du chef de l’État. L’ouverture du scrutin à 07h00 a été marquée par de petits incidents, notamment des problèmes de bulletins dans certains bureaux. Ils n’ont cependant pas perturbé le vote, selon la commission électorale centrale. Des observateurs russes ont pour leur part dénoncé de nombreuses irrégularités « techniques » comme des files d’attente dans des bureaux de vote ou le manque de bulletins et d’urnes, prévoyant une « avalanche de plaintes » judiciaires. L’issue du vote est cruciale pour Viktor Iouchtchenko qui a besoin d’un soutien parlementaire stable pour maintenir sa politique prooccidentale. M. Iouchtchenko a laissé entendre qu’il appellerait à la reconstruction de l’alliance orange qui l’avait porté au pouvoir avant d’éclater en raison de dissensions internes. Après avoir voté, M. Iouchtchenko a indiqué que des « consultations » devraient commencer aujourd’hui en vue d’une éventuelle réunification de l’équipe orange, brouillée depuis le limogeage du gouvernement en septembre de l’égérie de la Révolution, Ioulia Timochenko. En outre, il s’est félicité des « premières élections honnêtes et démocratiques » dans cette ex-république soviétique. « C’est un jour très important pour l’histoire de l’Ukraine », a déclaré le chef de l’État, arborant une cravate orange, couleur de son parti, Notre Ukraine. Il était venu voter avec sa femme, ses cinq enfants et sa petite-fille, qui portaient des vêtements orange. Le leader de l’opposition prorusse, Viktor Ianoukovitch, battu par M. Iouchtchenko à la présidentielle de 2004, a quant à lui promis de maintenir des relations « mutuellement profitables » avec l’UE. « L’Europe va soutenir l’Ukraine et l’Ukraine va construire des relations mutuellement profitables avec tous les États, y compris les États membres de l’Union européenne », a déclaré M. Ianoukovitch. Ioulia Timochenko a choisi de voter à Dnipropetrovsk (Est), sa ville d’origine. Vêtue de blanc et accompagnée de son époux et de leur fille, Mme Timochenko a assuré que le scrutin se déroulait « absolument normalement ». « L’Ukraine a une superbe chance d’obtenir un bon gouvernement », a ajouté l’ancienne dirigeante, qui aspire à redevenir Premier ministre. Les analystes estiment qu’aucune force politique ne devrait être en mesure de remporter la majorité des 450 sièges et que les vainqueurs devront former une coalition. Si les anciens alliés orange ne parviennent pas à se réconcilier, la nouvelle coalition devrait être dominée par le Parti des Régions, ce qui risque de freiner l’intégration de Kiev dans l’OTAN.