Une participation du Fateh paraît hautement hypothétique Le Hamas présentera demain son gouvernement

Le mouvement radical Hamas a annoncé qu’un gouvernement serait présenté demain au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, mais la perspective d’une participation du Fateh paraît hypothétique tant les positions entre les deux formations sont antagonistes. Après plus de trois semaines d’intenses tractations, les islamistes du Hamas devaient apparemment former leur gouvernement hier soir avant de le proposer à M. Abbas, qui doit donner son accord avant un vote de confiance du Conseil législatif (CLP, Parlement). « Ce soir, le cabinet sera formé (...) et dans tous les cas, nous présenterons à Abou Mazen (Mahmoud Abbas) le gouvernement final samedi prochain », a affirmé à l’AFP Salah Bardawil, porte-parole du groupe Hamas au Parlement, précisant que les « derniers changements » avaient été présentés aux autres groupes. Le Hamas semble avoir toutefois échoué à former un cabinet d’union nationale, réclamé par près de 90 % des Palestiniens, selon un récent sondage. Si des accords ont été trouvés sur les questions d’ordre social ou économique, le mouvement est resté intransigeant sur les dossiers fondamentaux de la reconnaissance d’Israël, des accords signés entre l’État hébreu et l’Autorité palestinienne, ou encore les décisions internationales prises dans le conflit israélo-palestinien. « Hier soir à minuit, ils nous ont présenté leur programme (...) Ils n’ont pas répondu aux questions que nous avons soulevées et ils ont donné des réponses différentes aux autres partis », a affirmé à l’AFP le chef du groupe parlementaire du Fateh, Azzam al-Ahmad. « Si c’est leur dernière offre, le Fateh ne participera pas au gouvernement », a-t-il ajouté. Un peu plus tôt, un responsable du Hamas, Sami Abou Zouhri, avait déclaré : « C’est la dernière mouture du programme » qui sera proposée. Le chef de la délégation du Fateh, Majid Abou Chamallah, qui mène les négociations, a indiqué que son groupe donnerait sa « réponse ce soir (hier) ou demain (aujourd’hui) ». Le parti de M. Abbas a posé comme principale condition à sa participation l’acceptation par le Hamas des accords signés avec Israël et de la déclaration d’indépendance de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de 1988 qui stipule le principe de deux États, palestinien et israélien, côte à côte. « Des groupes ont demandé que le Hamas s’engage clairement à respecter tous les accords signés avec l’occupant (Israël), mais ce n’est pas acceptable car cela signifierait la reconnaissance de la légitimité de l’occupation », a affirmé M. Abou Zouhri. Accusant le Fateh de refuser tout « compromis », le porte-parole parlementaire du Hamas, M. Bardawil, a renchéri : « Nous ne sommes pas prêts à abandonner le programme sur lequel nous avons été élus et nous n’accepterons jamais le programme du Fateh. » Le Hamas a poursuivi tout au long de la journée des rencontres bilatérales avec notamment les Fronts populaire et démocratique de libération de la Palestine (FPLP, FDLP), et Salam Fayyad, candidat indépendant aux élections et ministre sortant des Finances. Le FPLP n’a donné aucune réponse officielle sur sa participation, mais M. Bardawil a indiqué à l’AFP qu’elle était peu probable, tandis que M. Fayyad a rejeté l’offre. M. Bardawil a également indiqué qu’un autre indépendant, Moustapha Barghouthi, qui n’avait pas exclu de rejoindre les islamistes, était revenu sur sa position. D’autre part, le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, est attendu au Yémen demain, a annoncé une source officielle à Sanaa. En outre, de hauts responsables du quartette sur le Proche-Orient étaient réunis hier à Bruxelles pour discuter, notamment, de l’aide à apporter à un gouvernement palestinien dirigé par le Hamas, a annoncé un porte-parole de l’Union européenne. Toutefois, cette rencontre, qui se déroulait dans un endroit gardé secret, ne devrait donner lieu à aucune déclaration, a ajouté le porte-parole. Pour sa part, la Banque mondiale a averti que l’économie palestinienne risque de sombrer dès cette année dans « une grave dépression », avec un recul de 30 % des revenus personnels et un doublement du nombre de chômeurs, à cause de l’absence des aides étrangères et des restrictions imposées par Israël.