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Actualités - OPINION

Caméra rapprochée « La fille du juge », de William Karel : un documentaire saisissant

- Projection aujourd’hui, à 20h, du documentaire de William Karel dans le cadre des « Écrans du réel », un événement organisé par le Centre culturel français « Je suis la fille du juge Boulouque, du terrorisme, des années 80, des attentats parisiens. Et je suis orpheline de tout cela. Personne ne se souvient de mon père, et la vague d’attentats des années 80 à Paris se confond avec celles qui ont suivi. C’est après tout le destin des vagues de se retirer. C’était aussi le sien. J’avais 13 ans lorsque mon père a tiré, le 13 décembre 1990. Tiré sur lui, cette nuit-là. Et sur nos vies. » Des paroles glaçantes, une page noire de l’histoire, une réalité survenue il y a déjà seize ans. William Karel offre là un documentaire aussi poignant que captivant autour de ce drame, avec en épicentre la fille même du juge, Clémence. Revenons rapidement sur cette histoire tragique : durant les années 80, Paris est victime d’une vague d’attentats faisant des centaines de blessés et plusieurs morts. Un juge est chargé de cette affaire : le juge antiterroriste Boulouque. Malheureusement pour lui, il fera les frais des liens diplomatiques et des magouilles politiques. Il finira par se suicider en décembre 1990, laissant sa petite famille seule et surtout sa fille. Devenue une jeune femme, elle écrit un livre, Mort d’un silence, juste après les attentats du 11 septembre 2001 dont elle fut témoin. La fille du juge est basé sur cet ouvrage qui raconte sa vie de famille avant et après la mort de son père. C’est avec beaucoup d’émotion et de pudeur que Karel dévoile cet épisode sombre. Le cinéaste, plutôt que d’investiguer sur l’affaire Boulouque, revient sur les blessures d’une petite fille qui fut brutalement confrontée aux menaces de mort, aux gardes du corps, à la peur, à l’absence d’un père. En mêlant habilement images d’archives, images actuelles de la jeune Clémence, vidéos et photos de famille, le réalisateur donne un caractère singulier à ce documentaire qui alterne ainsi entre récit intimiste et retours sur des faits historiques. Karel s’efface d’ailleurs totalement derrière la caméra et laisse parler des images poignantes qui ne lâchent pas une seconde le spectateur, lequel est hypnotisé par les moments « volés » de l’intimité de la famille et subjugué face aux images d’archives qui témoignent de toutes les corruptions, conspirations et pressions qu’installe le milieu politique et judiciaire. Deux heures durant, nous suivons avec beaucoup d’attention et d’émotion une histoire saisissante, et restons accrochés à la voix d’Elsa Zylberstein qui, avec retenue, douceur et pudeur, mais non sans émotion, fait vivre le texte de Clémence. La fille de juge, un film pour le moins saisissant qui nous emmène aussi bien dans les méandres d’une histoire privée que dans les méandres d’une histoire publique.

- Projection aujourd’hui, à 20h, du documentaire de William Karel dans le cadre des « Écrans du réel », un événement organisé par le Centre culturel français
« Je suis la fille du juge Boulouque, du terrorisme, des années 80, des attentats parisiens. Et je suis orpheline de tout cela. Personne ne se souvient de mon père, et la vague d’attentats des années 80 à Paris se...