Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Environnement - La hotline de « al-Bi’a wal Tanmia » a enregistré des pics dépassant toutes les normes Beyrouth, capitale préférée des décibels

Vous trouvez Beyrouth trop bruyante ? Une étude effectuée par l’équipe de la hotline environnementale de la revue al-Bi’a wal Tanmia, dans son numéro de février, vient vous confirmer cette dure réalité, montrant que, à l’exception de rares endroits comme la Forêt des Pins et le campus de l’AUB, les quartiers de la capitale sont des nids à décibels à toute heure de la journée et de la nuit. L’étude montre, notamment, que le niveau le plus élevé de pollution sonore a été enregistré durant les deux dernières semaines de 2005, au cours desquelles le trafic restait dense de jour comme de nuit, élevant le taux de bruit à 90 décibels, sachant que le seuil de tolérance en la matière a été fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à… 65 décibels. Sans surprise, 80 % des personnes interrogées lors d’un sondage d’opinions effectué par la revue ont considéré que le trafic était la principale source de bruit en milieu citadin. Parmi les autres sources importantes de bruit évoquées, on trouve les générateurs d’électricité et les feux d’artifice. Si tous les centres commerciaux et administratifs s’avèrent bruyants à toute heure de la journée, c’est la région de Dora qui détient la palme, toujours selon les mesures effectuées par l’équipe. Les chercheurs ont par ailleurs remarqué que le manque de planification des réseaux routiers et le non-respect du code de la route ont fait de certaines zones supposément résidentielles, comme Ghobeiri par exemple, des endroits plus bruyants encore que les centres commerciaux. La situation leur est apparue particulièrement mauvaise aux alentours des hôpitaux et des jardins publics, là où le calme est plus exigé qu’ailleurs. En bref, dans la carte publiée par la revue et qui spécifie les niveaux de bruit enregistrés dans les différentes régions, il apparaît que ces niveaux sont des centaines de fois supérieurs aux normes définies par le ministère de l’Environnement. Comme à son habitude, la hotline a reçu quantité d’appels de citoyens se plaignant d’agressions diverses contre leur environnement. Le problème des dépotoirs sauvages, lui, continue de préoccuper la population, en l’absence de tout plan national de traitement de ces déchets. L’un de ces dépotoirs a été érigé il y a quelques années dans le village de Hamate, au Liban-Nord, à trois cents mètres à peine des belles plages de Héri (Chekka). Des écologistes de la région se plaignent dans un message à la hotline de l’activité grandissante et non contrôlée sur le site, où toutes sortes de déchets, notamment des restes d’animaux, seraient enfouis sans traitement. De plus, il apparaît que des quantités de sable provenant d’une carrière située juste au-dessus du dépotoir, et fonctionnant uniquement en vertu d’un délai administratif accordé par le Conseil des ministres, serviraient à recouvrir les ordures d’une couche superficielle. Interrogé par l’équipe de la hotline, le président du conseil municipal de Hamate, Mozher Karam, avoue que le dépotoir est une source de financement pour la municipalité, et que le nombre de villages qui y jettent leurs ordures a considérablement augmenté. Il assure toutefois qu’un gardien inspecte les camions qui pénètrent dans l’enceinte du dépotoir, et qu’une équipe de seize personnes y travaillent, triant les déchets pour y retirer toutes les matières recyclables. Il affirme également que la municipalité aspire à obtenir un financement pour la construction d’une usine de compostage dans le village. Quelles que soient les intentions affichées des uns et des autres, il reste que des affaires comme celle-là viennent montrer clairement l’incapacité de l’État à organiser ce secteur vital. Champs électromagnétiques: quel danger ? Autre région, autre problème. Les habitants de Betchay, un village de Baabda, recommencent à se plaindre de l’usine Kassardjian, qui fabrique des accessoires pour cuisines et salles de bains, craignant les effets de ses émissions sur leur santé. La municipalité de Betchay étant inexistante, c’est la responsable de l’environnement dans la municipalité voisine de Kfarchima, Wafa’ Murr, qui a répondu aux questions de l’équipe de la hotline, assurant que le ministère de l’Environnement avait imposé, il y a trois ans déjà, à l’usine d’installer des filtres, mais que ces filtres requièrent une maintenance continue. Pour sa part, la propriétaire de l’usine, Patricia Kassardjian, a assuré à la hotline que cet entretien est régulier au sein de l’usine. Ce qui n’empêche pas l’équipe de se demander si une seule visite du ministère de l’Environnement, jamais renouvelée, suffit en pareil cas. Pour leur part, les stations de relais des réseaux de téléphonie mobile s’avèrent être une source d’angoisse pour les habitants des régions où elles se trouvent. Des plaintes sont parvenues de diverses régions, notamment de Sarba (Nabatiyeh), où un citoyen a constaté une augmentation des cas de cancer et d’avortements spontanés au sein de son entourage, se demandant si la prolifération de stations de relais de téléphonie mobile n’en est pas responsable. Interrogé sur le sujet, Farid Chaabane, expert en électricité et énergie et professeur à l’AUB, souligne que les études effectuées sur le sujet ne tranchent pas la question, et que les conséquences dépendent probablement de la distance des personnes par rapport à ces installations et du temps d’exposition à ces champs électromagnétiques. Nizar Dandache, professeur de physique à l’Université libanaise et président de la Ligue des professeurs d’université pour la protection de l’environnement, estime que les habitants se trouvant à moins de 200 mètres de l’installation ne seraient pas exposés d’une manière dangereuse parce que ces ondes se projettent plus loin. Il souligne toutefois que l’exposition continue au champ électromagnétique aurait de multiples conséquences néfastes sur la santé. Il appelle enfin le CNRS et l’UL à effectuer des études sur le sujet au Liban, affirmant que ses recherches personnelles ont donné des résultats alarmants. Fantômes de carrières Wata el-Joz, ce village du Kesrouan qui a longtemps souffert de l’activité débridée et non contrôlée des carrières, finalement fermées en raison de la pression populaire depuis les années 90, se tient actuellement sur la défensive. En effet, des délais administratifs autorisant l’ouverture de trois sites dans l’enceinte du village ont été délivrés récemment par le Conseil des ministres, dans la foulée des délais accordés à des centaines de carrières dans le pays. C’est plus probablement grâce à la pression populaire, une fois de plus, que l’une de ces carrières n’a fonctionné que vingt jours, et que les deux autres ont fait l’objet d’une décision de fermeture avant même qu’elles n’entament leurs travaux. Mais, se demande l’équipe de la hotline, à laquelle les habitants ont exprimé leur angoisse, « à quand l’affaire des carrières va-t-elle rester soumise au bon vouloir de tel ou tel ministre, et aux intérêts des investisseurs, le plus souvent appartenant à la classe politique ? » Parmi les affaires que suit la hotline depuis quelque temps, il y a celle de l’abattage illégal et non contrôlé d’arbres dans le village de Tarchich (Metn), que l’équipe a pu constater sur le terrain. Consulté à ce propos, le ministère de l’Environnement a promis d’effectuer une tournée prochaine sur le site. Un autre sujet récurrent est celui des eaux usées, notamment à Dbayé, d’où des plaintes sont parvenues récemment. Interrogée à leur propos, la municipalité a avoué que le problème était d’ampleur nationale et qu’il la dépassait. Elle a rappelé qu’un projet d’édification d’une station d’épuration des eaux usées au niveau de Dbayé, conçu par le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) depuis des années, n’a pas encore vu le jour, bien que la localité soit déjà pourvue d’un réseau d’égouts. Suzanne BAAKLINI
Vous trouvez Beyrouth trop bruyante ? Une étude effectuée par l’équipe de la hotline environnementale de la revue al-Bi’a wal Tanmia, dans son numéro de février, vient vous confirmer cette dure réalité, montrant que, à l’exception de rares endroits comme la Forêt des Pins et le campus de l’AUB, les quartiers de la capitale sont des nids à décibels à toute heure de la journée...